Les tribulations d’un (ex) astronome

Loi sur l’autonomie des universités

vendredi 16 novembre 2007 par Guillaume Blanc

Je vais encore mettre les pieds dans le plat !

Si mon université est encore épargnée par les manifestations étudiantes et les blocages (que je crois, tout du moins, ça fait deux jours que je reste cloîtré chez moi pour éviter la folie extérieure ; je m’en vais aller voir sur place ce jour d’hui...), contre la loi d’autonomie, je ne comprends pas que d’autres ne le soient pas. Je ne comprends pas ce refus, encore une fois, de la part des étudiants, d’aller de l’avant.

Des tracts sont distribués à l’entrée... Les étudiants ont peur que les filières les moins rentables économiquement disparaissent ; que les frais d’inscriptions augmentent générant ainsi une sélection sociale à l’entrée de l’université ; que les universités deviennent pilotée comme (et par ?) des entreprises en quadrature avec leurs intérêts ; ils ont peur de ne plus pourvoir y rentrer comme dans un moulin, que des sélections soient instituées à l’entrée...

Or cette loi est faite pour assouplir les règles, dans le but d’augmenter l’excellence des universités françaises, et donc leur attractivité. Il est possible que certaines mettent alors en place un système de sélection à l’entrée, un peu comme dans les grandes écoles. Mais n’est-ce pas la solution pour éviter que des dizaines d’étudiants comme j’en croise en première année de Licence chaque année ne soit pas à leur place, dans un cursus tellement mal adapté à leur compétences que ça en crève les yeux du premier venu ? Plutôt que de s’en rendre compte au bout de deux ou trois redoublements en première année, s’ils s’en rendaient avant, ne serait-ce pas plus rentable, à la fois pour eux (ils se poseraient alors les bonnes questions quant à leur orientation plus tôt), et pour nous, qui passons une énergie incroyable à essayer de leur faire ingurgiter des choses dont ils n’ont visiblement que faire...

Je ne comprends pas que le fait que les universités puissent se tourner vers des financements privés soient contraire aux intérêts des étudiants ? Les entreprises ont au contraire tout intérêt à s’intéresser aux universités, puisqu’elles pourront ainsi y puisser leurs futurs cadres. N’est-ce pas dans l’intérêt des étudiants qu’on leur facilite la tâche pour trouver du boulot en sortant de la fac ?

Il est clair que certaines filières, parmi les moins « rentables » pourront être fermées. Et alors ? Quel intérêt d´étudier un truc qui n’intéresse personne pendant des années pour se retrouver avec de beaux diplômes, mais sur le carreau ? J’entendais sur France Info ce matin que la France forme le quart des psychologues en Europe ! Qui restent sur le carreau à la fin de leur cursus. À quoi ça sert ?

Quant aux frais d’inscriptions, ils restent fixés par le gouvernement, il n’y aucune raison qu’ils augmentent. D’ailleurs c’est comme ça dans les écoles d’ingénieur.

Valérie Pécresse, interviewée sur France Info, s’étonnait de ces réactions, puisque ce projet de loi a été rédigé en concertation avec les syndicats étudiants... Pour une fois que l’état s’intéresse au devenir des étudiants, ceux-ci, en réponse, freinent des deux pieds. C’est pour le moins incompréhensible ! Sauf s’il ne s’agit là que d’une réaction épidermique à une réforme ; peu importe son contenu, les têtes dirigeantes veulent réformer, il faut se rebeller. Par définition. On se sait jamais, ça pourrait peut-être éventuellement être pire. Si toutefois c’est possible.

Les chercheurs sont également contre cette loi, mais pour d’autres raisons. Ils craignent le fagocitage des universités par les entreprises, comme la loi pourrait le permettre, ne fasse disparaître leur liberté de chercher. Ils ont peur que la rentabilité devienne le maître mot de leurs axes de recherche ; que les projets les moins « rentables » de recherche fondamentale ne passent à la trappe, faute de moyens... Leurs craintes s’inscrivent dans un cadre plus large que la réforme des universités, contre le plan général du gouvernement qui vise à un dirigisme d’état de la recherche, chose, effectivement, inacceptable. Ceci étant, je ne suis pas sûr d’avoir encore bien saisi en quoi la réforme des universités serait une étape de ce vaste complot gouvernemental... ?

Tout ceci n’est que mon point de vue, qui peut évoluer. Je n’ai pas lu en détail ce projet de loi, je ne suis pas expert en la matière, loin s’en faut, je ne suis pas extralucide et n’ai aucune vision de l’avenir, mais je trouve ridicule, dans ce pays, de s’opposer systématiquement à tout projet de réforme. Pas facile d’aller de l’avant dans ces conditions !

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