Les tribulations d’un (ex) astronome

La petite chartreuse

dimanche 27 mai 2007 par Guillaume Blanc

Un livre sur les livres. La petite Chartreuse de Pierre Péju. Histoire a priori banale d’une petite fille apeurée et affolée qui se jette sous les roues d’une camionnette. Mais les personnages n’ont rien de banal, la mère d’Eva, la petite fille, célibataire, trop jeune, trop irresponsable pour faire face à son travail de mère. Étienne Vollard, conducteur de la camionette et libraire de son état, est lui-même une véritable bibliothèque ambulante : il ingurgite les livres, comme on se goinfrerait de pommes séchées. Sauf que lui est insatiable. Et il retient chaque mot de ses lectures. Sa rencontre tragique avec Eva le laisse traumatisé... Il va venir au chevet de la petite fille plongée dans le coma pour lui raconter des histoires. Ou plutôt lui réciter des histoires...

Un livre tout a fait délicieux, un hymne sompteux dédié aux livres et aux amoureux des livres. Livres en tant que tel, mais aussi livres comme supports d’histoires innombrables et variées.

Ce roman a obtenu le prix du Livre Inter en 2003. J’aime beaucoup ce prix, car il est donné par des lecteurs comme vous et moi. Il est surtout donné par des gens qui adorent lire...

Le premier Livre Inter que j’ai lu, c’était La petite marchande de prose de Daniel Pennac. Il a obtenu le prix en 1990, et j’ai dû le lire en 1993, quelquechose comme ça. Ce fut le coup de foudre, non pas pour les Livres Inter, mais pour Pennac et les aventures de sa tribu Malaussène... J’adore. Ce sont les seuls bouquins que je relis régulièrement. Car je relis rarement un livre : il y en a tellement de nouveaux à découvrir ! Pour la peine, je les oublie... Je n’ai malheureusement pas la mémoire d’Étienne Vollard. Au printemps 2002, j’étais en train de terminer ma thèse, mais je passais mes nuits à relire la série : Au bonheur des ogres, La fée carabine, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène, Des Chrétiens et des Maures et Aux fruits de la passion... Car quand on commence, c’est pour terminer : impossible de s’arrêter en cours de route !

Je viens de jeter un œil sur la liste des livres qui ont obtenu ce prix. Je n’en ai pas lu beaucoup, en définitive. Parmi eux, La maladie de Sachs de Martin Winckler (1998). Des pages sublimes de la vie d’un médecin de campagne. Quand je l’avais lu, ça m’avait fait un sentiment bizarre : l’impression d’être un voyeur caché dans le cabinet du médecin et de voir tous ses patients défilés... Malaise venant du réalisme de l’écriture. On s’y croierait. Ce livre a inspiré un excellent film de Michel Deville avec Albert Dupontel dans le rôle de Bruno Sachs. La Petite Chartreuse a aussi été récemment adaptée au cinéma. Mais je ne sais pas ce que ça vaut, je ne l’ai pas encore vu.

La « suite » de La maladie de Sachs, Les trois médecins, est sortie l’automne dernier... J’ai hâte qu’elle paraisse en poche : oui, je préfère lire les livres au format de poche, d’une part c’est moins cher, et d’autre part ça tient moins de place, c’est plus pratique à trimbaler. Martin Winckler a également écrit deux polars, qui se passent dans le monde pas toujours très net de la médecine : Touche pas a mes deux seins, et Mort in vitro... On retrouve plus ou moins les mêmes personnages dans ces romans, même Bruno Sachs y fait quelques apparitions... J’aime beaucoup ! Qui plus c’est très bien documenté. Normal.

Il y a aussi L’enfer de René Belleto (1986). Mais je ne me souviens plus très bien de l’histoire. Si ce n’est que c’est assez noir. Très noir, même. Mais excellent, néanmoins. Dans la foulée, j’avais lu quasiment tout de lui : Sur la terre comme au ciel qui a inspiré le film Péril en la demeure de Michel Deville, ou encore La machine qui est lui aussi devenu un film de Francois Dupeyron avec Gérard Depardieu et Didier Bourdon. Je crois me souvenir que j’avais largement préféré L’enfer. À relire ?

Pour terminer (enfin !) par où j’avais commencé, je ne résiste pas à la tentation de citer quelques passages glané ça et là dans La petite Chartreuse :

« On approchait de la détestable période des fêtes de Noël. Lumières, dorures, clochettes, musique vomitive et le grand sourire autoritaire des marchandises. Acheter n’importe quoi, sous prétexte de faire des cadeaux. Cadeaux obligés. »

« J’ai cherché partout le bonheur, mais je ne l’ai trouvé nulle part, sinon dans un petit coin, avec un petit livre. »


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