Les tribulations d’un (ex) astronome

Le dictateur et le hamac

dimanche 22 mai 2005 par Guillaume Blanc

C’est le titre d’un des derniers bouquins de Pennac. L’avant-dernier, je pense. Un Pennac, je l’achète les yeux fermés. Mais en poche. J’ai toute la collec’ en poche, un grand-gros livre ferait tâche dans ma bibliothèque. De toute façon, et de manière générale je préfère lire des poches. Plus facile à trimbaler (comme leur sobriquet l’indique), et surtout moins grand-lourd (le soir, au lit, ça évite d’avoir une crampe à l’avant-bras trop vite). Bref. J’attendais donc la sortie en poche de ce roman depuis un bail : un an et demi, au bas mot. Et voilà.

J’avoue qu’il m’a donné un peu plus de fil à retordre que la saga Malaussène. Disons que j’ai mis un peu plus de temps pour en venir à bout. Et puis arrivé au milieu j’étais un peu perdu. L’auteur mélange récit tout court et récit autobiographique, ce qui m’a un peu décontenancé au premier abord. Je n’y voyais que fouillis. Mais je progressais dans ma lecture, car malgré tout j’adore toujours son style, qui me fait proprement aller de l’avant et ainsi tourner la page. En fait ce n’est que sur la fin que tout s’est éclairé, que le puzzle s’est mis en place. Un chef-d’œuvre de cohérence ? De fait, le relire une deuxième fois ne serait pas désagréable, pour vraiment se rendre compte. De toute façon, Pennac est le seul auteur dont j’ai lu les œuvres plus d’une fois. Donc, cela ne me surprendrait pas que je me replonge dans cette histoire de dictateur dans le futur.

Mais de quoi ça parle au juste ? Ben, d’un dictateur, justement. Mais un dictateur qui n’aimait pas vraiment son boulot, et qui engage un sosie pour le faire à sa place. Du coup sa devient aussi (et surtout) l’histoire du sosie. Le tout inspiré par le séjour effectué par l’auteur au Brésil. Là même où il a découvert les vertus du hamac. C’est un très bel hommage à Charlot, aussi. N’a-t-il pas campé un dictateur, lui aussi ? Bref, un livre à lire. Si ce n’est déjà fait.

Et je ne résiste pas au plaisir de vous citer quelques belles phrases qui ont retenues mon attention lors de ma lecture...

[...] il en va de la cuisine comme des plus belles œuvres de l’art : on ne sait rien d’un plat tant qu’on ignore l’intention qui l’a fait naître.

C’est probablement vrai de ma propre cuisine : il veut en connaître et éventuellement en apprécié l’intention, parce que le résultat gustatif proprement dit peut parfois laisser à désirer. Enfin, ça reste mangeable (je n’ai pas encore réussi à m’empoisonner), mais ça dépend aussi des palais...

Les mots ne sont que les mots, à peu près rien sans leur dessein que l’on confie au ton et qui transcende leur sens à jamais prisonnier des dictionnaires.

La communion dans l’erreur est un des inconvénients de l’amitié.

Se réveiller : on rêve, et voilà qu’on pense.

[...] oh ! le ridicule... Un rongeur autrement vorace que le remords !

On écrit pour en finir avec soi-même mais dans le désir d’être lu, pas moyen d’échapper à cette contradiction. [...] Quant à prétendre écrire sans vouloir qu’on vous lise (tenir un journal intime, par exemple), c’est pousser jusqu’au ridicule le rêve d’être à la fois l’auteur et le lecteur.

Et ma foi, y’a du vrai dans ces réflexions que se fait Pennac arpentant le bitume parisien. C’est probablement même la raison véritable d’existence des blogs. Du mien ?

[...] écrire à quelqu’un qu’on aime vous délivre du souci d’écrire...

Je m’en vais méditer ça...


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