Les tribulations d’un (ex) astronome

Qui prend la météo reste au bistrot

mardi 25 mars 2008 par Guillaume Blanc

L’adage fut une nouvelle fois on ne peut plus vérifié pour le week-end pascal. Au GUMS, nous avions un car-couchette affrété pour aller skier trois jours autour du Vignemale dans les Pyrénées. Après quelques difficultés à remplir le-dit car, tandis que nous avions décidé de partir même en léger déficit, des bulletins météo alarmistes commencèrent à circuler entre responsables de groupes. De fait, le lundi 17 mars, soit cinq jours avant le week-end, Météo-France disait, pour les Hautes-Pyrénées :

« Dimanche 23 et lundi 24 : Pâques aux tisons Le temps froid est perturbé se maintient au cours de ce week end pascal, le relief est bouché, les giboulées sont fréquentes parfois fortes et orageuses donnant de la neige jusque dans les vallées. Les rafales sous averses sont fortes. Pour dimanche 23 et lundi 24 mars, l’indice de confiance est de 4 sur 5.  »

Nous avons alors regardé pour détourner le car vers une destination plus printanière, qui serait donc nécessairement plus alpine. Les Alpes du Sud, en principe, bénéficient d’un climat relativement plus clément. Plus sec, en tout cas. Mais le bulletin météo de ce même lundi 17 mars pour les Hautes-Alpes n’invitait guère plus à aller passer trois jours dehors :

« Du VENDREDI 21 au LUNDI 24 Temps agité et instable pour ces quatre jours. Averses et épisodes perturbés se succèdent avec de la neige en montagne. Températures fraîches pour la saison avec gelées nocturnes et des maximales de 7/12 degrés les après-midi en vallées. Vent modéré à assez fort évoluant entre ouest et nord-ouest. Pour toute la période du vendredi 21 au lundi 24 mars, l’indice de confiance est de 4 sur 5. »

Résultat, apres concertation téléphonique mardi soir, les prévisions n’ayant guère évolué dans le bon sens en vingt-quatre heures, nous décidons d’annuler le car pour cause de prévision météo alarmiste, mais aussi de trop peu de temps pour se retourner, les refuges du sud de la Suisse, seul coin des Alpes qui pourrait ne pas passer trois jours dans la tempête, sont déjà bien pleins pour le week-end de Pâques. À part camper... Et donc tant pis pour nous.

N’ayant cependant pas la moindre envie de passer le week-end pascal dans la capitale, ce fut direction les Hautes-Alpes, week-end en famille, les skis dans la besace, à tout hasard... Sait-on jamais, entre deux « épisodes perturbés »...

Vendredi, il a neigé toute la journée. En soirée, une vingtaine de centimètres s’accumulaient devant la maison.

La cathédrale d’Embrun sous la neige, vendredi après-midi !

Bulletin météo du vendredi soir :

« Journée du SAMEDI 22 : NUAGES ET GIBOULEES DE NEIGE Le week-end de Pâques débute par un temps changeant et surtout très frais pour la saison : sur les massifs de l’Ouest et du Nord du département, le ciel reste chargé en nuages porteurs de giboulées de neige. Sur l’Est et le sud, les nuages alternent avec des éclaircies. »

Bref, ça n’incitait pas plus que ça à sortir le samedi. Mais puisqu’on était là... Samedi matin, ce fut une petite Ratelle, classique parmi les classiques, dans le massif du Parpaillon. Normal, après une chute de neige, on se cantonne dans des choses belles et peu raides. La trace est faite. Normal. Éclaircies entrecoupées de chutes de neige, puis au sortir de la forêt, grand beau. Éclaircie durable. On est rentré crâmé. Au sommet, je rencontre deux potes... Le monde est petit, la chose, parcourue...

Les mélèzes, figés sous leurs manteaux de neige, nous regardent passer, silencieusement...

J’ai eu l’agréable surprise de constater que les travaux pour la construction du nouveau téleski de Crévoux n’avaient pas débuté comme je le craignais. La montagne était encore vierge de toute saignée, la cabane de la Ratelle trônait toujours sur de blanches immensités immaculées.

J’ai même appris au sommet qu’ils n’étaient pas prêts de se faire, puisque Vars, le financier, a, semble-t-il, quelques menus problèmes d’argent. L’aberrant projet est en stand-by. La montagne va rester belle encore quelques temps...

Une neige en forme de poudreuse profonde. Trop, peut-être, en regard de la faible pente disponible. On s’est quand même gavé, on a mangé de la neige, on a bu des goulées de Soleil jusqu’à plus soif. Alors...

Que la montagne est belle, toute de blanc vêtue...

Dimanche, rebelote. Nous allons en Ubaye, du côté de Maljasset, retrouver un autre rescapé du car-couchette annulé. Un peu plus de route de bon matin, moins de neige. Pour le coup, le bulletin météo de vendredi soir ne s’était pas trompé :

« Soirée et nuit du VENDREDI 21 au SAMEDI 22 : Les chutes de neige en cours se poursuivent jusqu’en première partie de nuit avec une limite entre pluie et neige vers 600/700 m. Sur l’ensemble de l’épisode, les quantités de neige fraîche devraient être proche de 10/20 cm sur les zones situées à l’est de la Durance et 30/40 cm sur l’ouest et le nord du département, localement 50 cm sur la haute Romanche et le Valgaudemar. »

Autour de l’Aiguille Pierre André, monolithe de quartzite.

Beaucoup moins de neige fraîche en Ubaye que dans l’Embrunais ! Mais nous partons quand même skis aux pieds de Maljasset. En versant nord, ça reste tout à fait acceptable. Et outre un ciel bleu à faire pâlir les parisiens coincés sous la grisaille, nous nous offrons une superbe descente toute de poudre revêtue. Slalom dans le mélézin, cerise sur le gâteau !

J’abandonne l’idée de regarder la météo. Lundi, j’opte pour une balade dans l’Embrunais, au nord, histoire de profiter de la neige fraîche de vendredi. Ça sera le Méale, au bout de la crête de la Ratelle, même vallée, même versant. Outre un autre petit groupe de trois randonneurs, nous y serons seuls, et nous ferons notre trace. Pour atterrir à côté du sommet convoité, l’orientation sous couvert végétal n’étant pas optimale, mais c’est tant mieux. Seuls. Le ciel, d’abord bleu, finira par se couvrir de quelques grisailles. Il fait froid. Un frois hivernal. -10 °C au thermomètre ce matin-là. La neige est toute légère. Ce fut un plaisir d’y tracer notre chemin de montée, plaisir qui n’en sera que décuplé à la descente. Plaisir que nous prolongeons un peu, le temps de remonter sur le sommet d’à côté. Mille deux cents mètres de descente dans une poudreuse de rêve au cœur d’une superbe forêt de mélèzes...

Ça vole !

Comme quoi, la météorologie est loin d’être une science exacte, et parfois, il vaut mieux savoir s’en passer ! La lecture du bulletin de prévision, c’est comme la Bible, on peut l’interpréter comme bon nous semble...

Finalement, peut-être que le baromètre le plus fiable serait celui du refuge de Valante :

Mais peut-être que le temps fut vraiment pourri sur Cauteret, ce week-end...


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