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Écologisme
Suis-je écolo ? C’est assurément une bonne question ! Je ne sais pas si j’en ai la réponse, d’ailleurs. Mais brodons un peu sur le thème...
Écolo-quoi, d’ailleurs ? Écologique ? Écologiste ? À la base l’écologie est une discipline scientifique qui étudie les interactions entre les êtres vivants et le milieu qui les abrite (fonctionnement des écosystèmes). Nom qui est actuellement également utilisé pour désigner les mouvements politiques et sociétaux qui se rapportent de l’écologisme. Courant de pensée qui vise à limiter l’impact de l’Homme sur son environnement. Ainsi l’écologue est un scientifique spécialiste d’écologie, tandis qu’un écologiste est un adepte de l’écologisme.
Évacuons directement la dichotomie, je ne suis certainement pas écologue, mon activité scientifique se résumant pour le moment à d’autres études. La question est donc de savoir si je suis écologiste. Et comme l’écologisme a également sa branche politique, je précise que je ne suis affilié à aucun parti politique quel qu’il soit. Je suis plutôt du genre à picorer les bonnes idées où je peux les trouver. Enfin, je ne vais pas faire l’historique de ce courant de pensée, et décliner ses différentes tendances, pour essayer de me glisser dans une case ou dans une autre.
Mais voyons si néanmoins je peux me raccrocher à quelque chose. Je crois effectivement que la planète traverse une crise majeure (écologique), l’Homme en ayant abondamment abusé et continue de le faire. Le réchauffement climatique est bel et bien là pour le prouver. Je crois donc qu’il faut mettre en place des politiques globales pour préserver ce qui nous reste, pour nous et les générations futures. Cependant je crois peu à la vertu citoyenne, qui n’a, à mon avis, que peu d’impact (en tant que telle) sur le global (ce n’est pas en s’interdisant de prendre l’avion une fois de temps en temps que l’on va résoudre le problème du trop-plein de l’atmosphère en gaz carbonique). En revanche la somme des petites vertus peut avoir un impact sur les décisions politiques. Mais nous n’en sommes pas encore là, le citoyen moyen des pays riches n’est pas encore prêt à avoir un niveau de vie vertueux et par là même à limiter son impact — et encore moins celui des pays pauvres. Moi le premier, finalement. Après tout, j’utilise beaucoup de combustible fossile pour mes loisirs (aller en montagne) et de temps en temps pour voyager. Je ne prends pas beaucoup l’avion, mais je n’hésite pas à le faire pour aller me balader à l’autre bout du monde. En revanche ayant eu une sorte d’overdose d’avions et d’aéroports dans ma jeunesse scientifique, je ne raffole plus vraiment de ça et tente de limiter la chose à son minimum. De surcroît je réprouve la propension des scientifiques à vouloir toujours se déplacer en masse dans des coins paradisiaques pour se regarder le nombril dans de luxueux colloques au mépris de la planète.
Donc côtés transports, j’ai de belles idées (aller moins loin et à bicyclette...), mais qui ne sont pas converties en actes. Par ailleurs, suite à mes voyages en Éthiopie et au Népal (le Groenland fut une horrible gabegie dont j’ai honte et que je ne renouvellerai pas), je me suis demandé si j’avais le droit de consommer ainsi du kérosène pour mon unique plaisir. Mais sachant que l’une des principales ressources de ces pays pauvres (Éthiopie, Népal...) est le tourisme étranger, est-il légitime de les en priver ? Le jour où j’irais grimper aux États-Unis, la justification sera un peu plus délicate. Ceci étant, il est bien évident que l’écrasante majorité du trafic aérien n’est pas à destination des pays pauvres, loin s’en faut.
Pour le reste, au quotidien, j’éteins la lumière quand je quitte une pièce, j’essaye de ne pas ouvrir la fenêtre quand le chauffage est en route, j’arrête l’eau quand je me lave les dents, je ne prends jamais de bains, j’ai un autocollant « Stop Pub » sur ma boîte aux lettres, pas vraiment respecté, d’ailleurs, je trie, tant bien que mal, mes déchets, j’élève même une colonie de lombrics dans ma cuisine, qui ont l’avantage de traiter mes déchets végétaux, ce qui réduit substantiellement la taille, la fluidité (et l’odeur) de mes poubelles tout venant. Je peste quand je vois les jardins de notre résidence à la pelouse taillée à l’anglaise, le gardien-jardinier prenant probablement un malin plaisir à la raboter — à la tondeuse — tous les quelques jours au détriment des pâquerettes, allègrement décapitées ainsi par la machine, et autres espèces végétales et animales ; je trouve dommage que les arbres soient d’ornement et non fruitiers, et enfin, je militerais bien pour qu’un coin de cette belle pelouse fasse office de jardin potager collectif.
J’essaye de manger local le plus possible, le « bio » n’étant pas une fin en soi pour moi. Je préfère manger des produits locaux cultivés aux pesticides, plutôt que des produits bio qui ont traversé la planète. De surcroit je suis assez réservé sur l’agriculture biologique, celle-ci n’étant à mon avis qu’une mode bobo plutôt qu’une véritable solution pour la planète. Mais j’aurais probablement l’occasion d’y revenir sur ce blog. Je ne mange pas ou peu de viande plutôt par goût. Et puisqu’on j’en suis au paragraphe sur la bouffe, je pense que ceux qui crachent sur les pesticides (certes point trop n’en faut, mais des progrès sont fait sans arrêt de ce côté-là), pour leur côté « chimique » et « nocif » pour la santé, devraient jeter un œil sur ce qui se passe dans leurs barbecues : en terme de produits cancérigènes avérés (benzopyrène), c’est pas triste du tout, et bien pire que les pesticides !
À part ça, j’utilise de l’énergie nucléaire pour m’éclairer, laver mon linge et ma vaisselle ou faire un trou dans le mur. J’aurais l’occasion d’y revenir dans un article que je prépare depuis des plombes, mais bon, je ne suis pas viscéralement anti-nucléaire, ce qui probablement me raye de la classe des écolo (puisque le mouvement est né en France avec la construction de la première centrale nucléaire). Je pense que l’avenir énergétique doit s’envisager avec des arguments rationnels et scientifiques plutôt qu’avec ses tripes ; je pense que le nucléaire n’est pas l’avenir énergétique unique de la France ou de la planète (ressources non renouvelables et limitées, générations IV de réacteurs pas plus au point que les énergies renouvelables, entre autre). Mais là encore, j’envisage de revenir sur les « peurs » modernes liées au développement des technologies basées sur la science dans un autre article.
De fait, j’ai moins peur des OGM dans mon assiette que dans la nature, les nanotechnologies ne m’effraient pas plus que ça, et je trouve aberrantes les peurs liées aux ondes électromagnétiques.
J’aime la nature, je n’aime pas qu’on lui fasse du mal, mais je ne suis pas extrémiste pour autant : l’homme doit vivre sur cette planète et bien vivre. En revanche je suis convaincu que le modèle économique dominant actuel nous mène droit dans le mur à différents étages. Disons que j’estime que l’homme peut vivre — et bien vivre [1] — en équilibre avec son environnement, ce qui est actuellement loin d’être le cas. Nous avons encore du progrès à faire pour en arriver là. Espérons qu’il ne soit pas trop tard quand nous serons à même d’y parvenir.
Je suis donc pour le progrès technologique porté par les découvertes scientifiques. Ce progrès a déjà permis de faire nombre d’avancées en faveur de l’environnement, donc tous les espoirs sont permis.
Je milite très peu en faveur de l’environnement, nombre d’associations et organisations font cela très bien, mais leur côté bien souvent radical ou propagandiste me maintient à distance respectable [2]. Je pense qu’il en faut, cela permet des progrès dans la sécurité liée à l’exploitation de l’énergie nucléaire par exemple, mais trop, c’est trop, surtout quand les arguments sont fallacieux. L’étude scientifique des OGM est ainsi bloquée en France par des opposants qui réagissent avec leurs tripes, ce qui est probablement dommage, tout comme l’étude scientifique du sous-sol contenant le gaz de schiste.
J’aime la nature mais j’ai un petit faible pour les montagnes, comme le lecteur perspicace de ce modeste blog aura pu éventuellement s’en rendre compte, j’ai donc décidé malgré tout de rejoindre les rangs de l’association de protection de la montagne « Mountain Wilderness » dont je suis administrateur. Ce que j’apprécie c’est qu’elle n’a pas d’idées extrémistes sur l’écologisme en montagne, l’objectif n’étant pas de militer pour faire de ces territoires si particuliers des sanctuaires protégés de l’homme, mais plutôt de promouvoir un modèle économique respectueux non seulement de l’environnement mais aussi des hommes qui y vivent. Le corollaire étant que les générations futures ont le droit d’avoir des montagnes à peu près comme nous les connaissons, et non pas modelées à coups de pelleteuses et hérissées de pylônes. Le problème est vaste, il s’agit de lutter à petite échelle contre le capitalisme ambiant. Mais à force d’efforts, quelques résultats sont là.
[1] Et si les sociétés des pays riches dits « occidentaux » vivent avec un niveau en général largement acceptable, c’est loin d’être le cas pour une grande majorité des pays ; quand on crève de faim, on a d’autres préoccupations que le taux de CO2 dans l’atmosphère. Le « bien vivre » n’est pas gagné pour tout un chacun, même si on peut là ergoter sur le bonheur respectif des uns et des autres, les uns étant malheureux parce qu’ils n’ont pas le dernier iphone, les autres étant ravis d’avoir un grain de riz à se mettre sous la dent.
[2] Par exemple, j’adhère à une petite association, « Avenir Haute Durance, » créée en réponse à un projet de ligne aérienne de haute tension dans l’Embrunais, mon pays d’origine. Je pense que cette ligne est nécessaire, mais que le côté aérien ne l’est pas, qu’il serait possible de l’enterrer (moyennant un coût supplémentaire, mais croyez-moi les paysages de l’Embrunais le méritent). En revanche quand cette association utilise dans son argumentaire les problèmes de santé liées aux ondes électromagnétiques basse fréquences générées par ces lignes, là, je dis non. Aucune étude scientifiquement ne montre un quelconque problème lié à ces ondes dans lesquelles nous baignons par ailleurs naturellement. Dont l’intensité, de surcroît, diminue rapidement comme le carré de la distance aux fils. J’essayerais d’y revenir par ici ultérieurement, mais d’ici là, je vous invite à jeter un œil ici et là. Je ne peux pas cautionner ce genre d’argument foireux. Donc que faire ? Adhérer, ne pas adhérer ? Tout cela pour argumenter le fait que bien souvent les organisations écolo mélangent un peu tout, il faut donc y faire son marché, séparer le bon grain de l’ivraie, ce qui est parfois bien dommage.
Guillaume Blanc
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