Cime et Châtiment
Je suis tombé dans la demeure familiale sur une petite trilogie de petits livres de Pierre Charmoz publiés aux éditions Guérin en 2001. Dubitatif, je tente la lecture de l’un d’entre eux, « Cime et Châtiment. » Déjà, la quatrième de couverture est enchanteresse :
« — Viens !
Sa voix était rauque. Ses hanches roulaient comme le câble du télé. Elle me poussa dans une pièce peu meublée et recouverte d’une épaisse moquette extorquée à quelques innocents moutons. Carole retira sa robe, dans la lumière frisante d’une fin d’après-midi. Au-dessous, elle était nue, bronzée. Elle vint vers moi, le ventre lisse, ses petits seins aux pointes provoquantes plantées haut.
— Vite ! Gémit-elle, caressant ses globes élastiques et fermes, faisant tressaillir le câble de son corps, tendu à l’extrême.
Pour éviter une rupture tragique, je me jetai sur elle et commençai à la manger à pleine bouche.
— Chéri !
— Oui ?
— Enlève ton sac à dos !
— Oh ! Pardon ! »
Pierre Charmoz est un nom de plume, mais le lascar qui se cache derrière connaît bien la montagne et ses charmes cachés. Entre érotisme champêtre et héroïsme alpin, la trame est celle d’une histoire policière. Mais le fil, finalement, peu importe. Seuls comptent les bons mots, les phrases délectables et les descriptions des folles nuits en refuge...
« Je m’allongeai discrètement entre deux dormeurs. Je disposais d’une place assez large et m’apprêtais à m’endormir, tourné sur le côté droit lorsque je respirai un parfum indéniablement féminin. Masquant de la main la lumière de ma frontale, je vis une très belle femme dont le sommeil avait dérangé la couverture : elle n’avait conservé, à cause de la chaleur de la pièce, que ses sous-vêtements. La faible lumière courait sur son corps comme une caresse. Je n’avais plus du tout envie de dormir ! J’éteignis la frontale. »
Une balade mémorable au refuge du Couvercle : « Nous arrivâmes au pied des Egralets, vaste système d’échelles qui permet de franchir une barre rocheuse, depuis le recul du glacier. Je me mis en serre-file, ayant envie de profiter au maximum du paysage, d’autant que le poids du sac à dos avait fait glisser le mini-slip de mes compagnes au-dessous du seuil toléré par les hypocrites. Elles s’en foutaient royalement. Tout en agrippant les barreaux métalliques, j’admirais les savants déhanchements de Catherine et le roulis prodigieux de Carole. Nous arrivâmes, trop rapidement à mon gré, sur la croupe interminable qui mène au refuge. »
Je peux vous dire que ma montée à ce même refuge du Couvercle cet été ne s’est pas tout à fait passée dans les mêmes conditions... Même chose pour la nuit, où notre narrateur se retrouve coincé dans l’ancien refuge entre ses deux ravissantes compagnes : « Catherine vint me couvrir, ses mains m’enlacèrent étroitement et je sentis ses seins appuyer avec douceur contre ma poitrine. Les doigts de Carole écartèrent délicatement le sexe de sa compagne et y glissèrent ma verge. » Quant à ma descente du refuge, si elle avait ressemblé à la sienne, l’atmosphère eut été tout aussi humide, mais peut-être moins ruisselante... Et j’aurais indéniablement raté le dernier train du Montenvers !
Ce petit livre donne vraiment envie d’essayer les nuits en refuge, de véritables trésors de sensualité semblent prêts à exploser au détour d’un bas-flanc, sous une couverture rapeuse... La réalité, on s’en doute, est tout autre... Les charmes de la montagne sont ailleurs... Encore que...
Guillaume Blanc
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