J’ai croisé un jeune, étudiant, je présume, qui marchait à côté de moi sur le parvis de Jussieu, et pour cause, on allait dans la même tour. Casquette vissée sur le crâne, légèrement de côté, angle de négligence recherché, et casque à musique sur les oreilles. Sa démarche était curieuse, elle avait quelque chose de dansant. De fait il se déhanchait à chaque pas. Ses jambes, au lieu de penduler dans l’axe effectuaient un arc de cercle, entraînant ainsi une oscillation latérale périodique. Je l’ai observé d’abord en vision périphérique, puis il m’a dépassé, j’ai compris la cause du phénomène. Il avait le jeans dans le bas des jambes. Un fute trop grand, dont l’entre-jambe lui pendouillait au niveau des genoux, qui lui tombait en accordéon sur les baskets. Évidemment, sa démarche s’en trouvait quelque peu gênée ! Enfin, gêné, il n’avait pas l’air de l’être le moins du monde. Il courait presque de ce petit pas de danse, sur les pavés de Jussieu. Quand il fallu monter les escaliers, il a tiré un bon coup sur la ceinture, histoire de faire remonter l’entre-jambe, et lui permettre ainsi le mouvement ascensionnel requis.
Évidemment, il n’est pas le seul à porter ce genre de vêtements, qui, comme tout un chacun, revendique son appartenance à sa tribu. Après tout, je m’habille bien plutôt sport, revendiquant ainsi mon appartenance à la mienne, de tribu. Encore que c’est aussi la facilité et le confort que je recherche. J’avoue me poser des questions sur la mode vestimentaire, car, souvent, seules comptent les apparences, le confort semble en est exclu. Comment peut-on être confortable dans un costard avec chemise à goulot d’étranglement, et cravate auto-asphyxiante ? Comment une femme peut-elle être confortablement installée dans ses escarpins talon-aiguilles, qui doivent lui coller des entorses à chaque pas ? Sans parler de marcher sur des pavés, des grilles comme il y en a tant autour des métros, des escaliers roulants... Comment ces jeunes se sentent à l’aise dans leur pantalon qui leur descend en bas des jambes, les obligeant à se contorsionner pour mettre un pied devant l’autre ? Bref, la mode est une maîtresse exigeante. À quoi bon être bien dans ses pompes, quand ce qui compte, c’est comment l’autre nous voit ? Paraître, c’est souffrir.
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