Les tribulations d’un (ex) astronome

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Catherine Destivelle

lundi 25 avril 2005 par Guillaume Blanc

D’abord une grimpeuse célèbre, puis une grande alpiniste, tout aussi célèbre, et surtout reconnue par ses pairs. Elle surfe sur les média. Je suis presque sûr que n’importe quel français, même n’entendant rien à la montagne, a déjà entendu parlé d’elle. Elle est plutôt jolie, en plus. Ça aide. Indéniablement. C’est d’ailleurs elle qui le dit dans son bouquin. Ça aide à faire son entrée sur la scène publique, et de là à trouver des sponsors, puis à faire de la montagne comme bon lui semble. Un métier, en somme.

Elle m’a toujours fasciné. Je ne sais pas quand j’ai entendu parlé d’elle la première fois. Ça devait être au début des années 90 quand elle a fait ses ascensions incroyables. Mais je ne connaissais d’elle que son nom et son visage étalé à la surface des magazines de montagne. Rien de bien précis, en fait. Et puis il y a deux semaines, j’ai lu son autobiographie, « Ascensions. » Désormais, je réalise mieux l’alpiniste qu’elle est. D’autant que le livre est très bien écrit, il se lit avec plaisir. En fait, je l’ai lu quasiment d’une traite. Elle y décrit ses ascensions avec une telle fraîcheur que tout paraît d’une facilité déconcertante !

Tandis que cette lecture était encore bien présente dans mon esprit je tombe sur une manifestation du CAI de Venise, organisée ce week-end, « Un orizzonte di montagne ». Mais surtout, surtout, ce qui a accroché mon attention c’est la soirée de samedi avec Catherine Destivelle. L’opportunité de la voir en chair et en os ! Oui, mais quand j’ai su ça, c’était il y a une dizaine de jours, et je me disais alors que je ne pourrais pas y aller, car je serais sûrement quelque part en montagne ce soir-là. La météo en a décidé autrement : elle prévoyait deux jours de temps pourri sur les trois que compte ce week-end prolongé. Je n’ai trouvé personne pour partir, même deux jours, dans la tourmente présumée. J’ai quand même réussi a convaincre Daniela d’aller voir Catherine Destivelle (qu’elle ne connaissait pas) samedi soir. Ce ne fut pas très difficile, d’autres copains y allaient eux aussi.

Après une après-midi d’escalade à Rocca Pendice, nous avons juste eu le temps de passer nous changer avant de rejoindre les autres, pour aller à Marghera, une petite commune en plein centre de l’horrible complexe industriel de Mestre (le côté noir de Venise). La manifestation se tenait autour et dans une église, celle du Jésus Travailleur (en italien dans le texte !). C’est dans cette église que Catherine Destivelle nous racontera ses exploits. Nous sommes venus de Padoue à trois voitures. Nous prenons place dans l’église, tout devant. Presque. Ça commence en retard. Normal, nous sommes en Italie. Je n’ai encore jamais vu une soirée, une conférence, voire un séminaire à l’observatoire débuter avant le classique quart-d’heure !

Elle est là. Un peu inquiète, sûrement devant ce public de fidèles, dans cette église remplie à ras-bord (probablement la première fois depuis longtemps que le lieu rameute autant les foules !). C’est la première fois que je la vois en vrai. Je l’imaginais plus baraqué et plus grande. Mais, non, elle est plutôt petite, menue, toute mince. Toujours ces yeux bleus, toujours aussi belle (ma référence étant ces photos d’elle prises il y environ une dizaine d’années), à croire que le temps n’a pas de prise sur elle (je viens de jeter un œil sur son site web : http://www.destivelle.com, elle a quand même 45 balais ! Alors qu’après moult réflexions nous étions tombés d’accord sur son âge : moins de quarante ans, peut-être trente-huit, par là...), et ces fossettes quand elle sourit...

Présentation par un ponte du CAI organisateur. Et la conférence commence. Elle parle en français, un interprète traduit en italien. Elle raconte sa vie d’alpiniste. En images. Son bouquin, donc, plus ou moins. Les images sont éloquentes : si les mots du livre laissaient planer un sentiment de facilité dans ses ascensions, les images mettent une fin définitive et sans équivoque à tout rêve de conquête ! En voyant les images, le sentiment qui plane serait un peu l’inconscience. Mais le discours de la dame, et surtout son livre insistent bel et bien sur le fait que tout est parfaitement calculé et sous contrôle. De fait, elle a su renoncé plusieurs fois en Himalaya, et puis elle se prépare toujours minutieusement pour une ascension. Malgré tout, c’est quand même un mental d’acier qu’il lui a fallu pour gravir les grandes parois alpines (Dru, Grandes Jorasses, Eiger, Cervin...) en solo et en hiver. Une machine, elle le dit elle-même...

Je suis resté subjugué par ce petit bout de femme. À la fin, après qu’elle eût répondu à quelques questions de l’audience, ce fut la sempiternelle séance d’autographe. Ils se sont rués sur elle comme si elle était un véritable phénomène de foire. Elle semble s’en accommoder, plus ou moins avec le sourire. J’aurais bien aimé aller discuter avec elle. Mais je n’avais pas vraiment de questions pertinentes pour engager la conversation, je n’en ai trouvé qu’après, plus tard, trop tard, comme toujours. Peut-être même que deux mots en français au milieu de tous ces italiens auraient suffit. Mais non. Quoiqu’il en soit, elle était plutôt bien entourée, ce qui m’a dissuadé de tenter une approche. Tant pis. Je suis resté en retrait. Après, ils l’ont fait grimper de deux mètres sur le mur artificiel posé sur la façade de l’église pour l’occasion. Tout ça pour la prendre en photo. Un phénomène de foire. Je suppose que ce genre de pitrerie lui permet de manger, ce qui fait qu’elle ne s’en formalise pas. Et puis ça fait vingt ans qu’elle est une figure médiatique : elle a dû avoir le temps de s’habituer. Ou pas. Peut-on vraiment s’habituer à la célébrité ?

En tout cas j’étais content de l’avoir vu et surtout entendu raconter ses ascensions en image. Ensuite nous sommes allés manger un morceau et boire un verre tous ensemble dans un pub. Autre ambiance. Avant de retourner à Padoue...


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