En ces temps de grisaille hivernale, je m’étonne que les villes ici-bas soient si grises, comme si elles voulaient absolument refléter l’impression tristoune qui transpire déjà de chaque volute nuageuse. Je me demande pourquoi le béton qui tapisse nos villes est si gris. Je me demande pourquoi les gens renchérissent en s’habillant systématiquement en noir et blanc. Blanc ou noir. Noir. Le plus souvent.
Dans les pays nordiques, les habitants font la nique à la grisaille en peignant leurs demeures de toutes les couleurs. Ici, que nenni. Se fondre dans le gris. Surtout. Faire corps avec le ciel. Gris. Afin que le bas plafond puisse s’engluer au mieux dans les bâtiments à étages qui nous abritent.
La foule des citatins est noire. Unie. Pourquoi ? Pour se fondre dans la masse ? Passer inaperçue ? En Éthiopie, où il n’y a pas vraiment de problème de grisaille céleste, surtout à l’époque où j’y étais, les gens s’habillent de couleurs vives. Pourquoi s’encombrer de noir ou de blanc, quand on peut accéder à toute une palette à l’infinie richesse ? Binarité ou multiplicité ? C’est beau, ces habits de couleurs.
Paris. Métro. Une foule grise, noire souvent, se précipite dans la rame. Foule monochrome. Sur les trottoirs trottinent des gens aux habits noirs. Comme la Mort ? Tu m’étonnes que le parisien est triste. Tristesse légendaire. Pourquoi ne met-il pas quelques couleurs dans sa vie, le parisien ? Vie de parisien. Comme s’il voulait se fondre dans le béton. L’asphalte. Caméléon du béton. Incompréhensible.
Parfois, pourtant, un ou une illuminé(e) transgresse la loi tacite — contagieuse —, et s’enroule dans quelque arc-en-ciel... C’est beau un arc-en-ciel qui se détache sur la grisaille ambiante. L’arc-en-ciel, c’est comme pour redonner ses couleurs au ciel, après la pluie...
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