Les tribulations d’un (ex) astronome

La montagne nue

samedi 17 juillet 2010 par Guillaume Blanc

La montagne nue, c’est le Nanga Parbat, l’un des quatorze huit milles de la planète, l’un des cinq qui se trouvent au Pakistan. C’est le premier sommet de 8000 m atteint par l’alpiniste autrichien Reinhold Messner en 1970. Dans ce livre Messner revient sur cette tragique expédition à laquelle il participa avec son frère et compagnon de cordée Günther. Expédition nationaliste pour tenter l’ascension du très difficile et convoité versant du Rupal. La participation des frères Messner à cette expédition est une opportunité pour eux d’aller se frotter à la très haute montagne, eux qui étaient surtout des rochassiers. Parmi les meilleurs de leur époque, certes. L’histoire de cette expédition ressemble à s’y méprendre à d’autres conquêtes d’autres huit milles : l’Annapurna par les français, le K2 par les italiens... qui ont traîné dans leur sillage polémiques et controverses.

Tragique car au terme d’une ascension difficile réussie par le versant du Rupal, c’est une retraite obligées par le versant opposé, celui du Diamir, plus facile — ils étaient montés sans corde, suite à un quiproquo —, Günther trouva la mort sous une chute de séracs alors qu’ils en avaient terminé avec les difficultés. Seul témoin de l’histoire, on chercha des noises à Reinhold, arguant qu’il avait sacrifié son frère sur l’autel de ses ambitions d’alpiniste, prétextant que sa traversée improvisée du Nanga Parbat avait en fait été planifiée. Après trois décennies de critiques et de procès, avec la douleur d’avoir perdu son frère, Reinhold a écrit son récit de cette ascension, en 2003. La polémique continue, plus de trente ans après, avec ses compagnons d’alors qui contestent sa version. En 2005, le corps de Günther est retrouvé, attestant la version de son frère.

C’est pour cela que Messner a par la suite abandonné les expéditions lourdes sur les sommets himalayens : partir en solo ou avec une petite équipe bien choisie présentait moins de risque de discorde. Il s’en est de surcroît très bien sorti ainsi !

C’est le deuxième livre que je lis de lui, après le septième degré. C’est un superbe récit, qui reprend l’histoire des ascensions de cette montagne, fil primordial pour comprendre la problématique de l’expédition à laquelle il participa. Son premier sommet de 8000 mètres : probablement celui qui lui a posé le plus de problèmes. Ce qui peut paraître curieux, c’est que malgré tout ça, il est reparti. Pour ne plus s’arrêter, si ce n’est après le dernier « 8000 » de la planète.

Mais après avoir lu le le septième degré et celui-ci, je commence à comprendre un peu le bonhomme : en fait, rien, dans ses ascensions quelles qu’elles furent, n’était laissé au hasard. Ainsi, quand il est parti au Nanga Parbat avec son frère, ils avaient minutieusement étudié la montagne. Les photos, les récits, les itinéraires déjà fait, ils emmagasinent tous les détails. Même si l’itinéraire de montée sera par le versant le plus dur, le Rupal, leur descente obligée par le versant Diamir qu’ils n’avaient jamais vue ne se fait pas au hasard : Reinhold a la face dans la tête.

Indépendamment de la polémique, c’est un superbe bouquin de montagne, dont je recommande la lecture pour les amateurs de ce type de récit !


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