Les tribulations d’un (ex) astronome

Saveurs automnales

dimanche 19 octobre 2008 par Guillaume Blanc

Le mélèze est un arbre formidable. L’automne est une saison formidable. Prenez une petite balade en montagne en octobre, dans les Alpes du Sud, et c’est tout un festival de couleurs qui s’offrent à vous.

C’est ainsi que nous sommes allés fureter dans les montagnes haut-alpines entre Embrunais et Queyras en ce week-end des 11 et 12 octobre. En l’espace d’une semaine, le miracle de la nature avait eu lieu. La semaine précédente, du côté d’Ailefroide, n’avait guère montré de signes automnaux dans le mélézin. Le vert persistait, la chlorophylle gardait encore le dessus.

Elle a donc fini par baisser les bras, la chlorophylle, laissant place aux somptueuses colorations jaunes du carotène [1], ce au-delà de 1600 mètres d’altitude. Plus bas les mélèzes arboraient encore bel et bien leur manteau vert pomme. Ou vert mélèze.

Un Mont Orel avec ses Croix de Saint André dominant la vallée, surplombant Embrun, un sommet à l’herbe rase, 2500 mètres, aux schistes empilés tels des piles d’assiettes. Désertique. Mais quand on perd un peu d’altitude, pour passer des cailloux à la forêt, ce ne sont plus des cailloux qui dépassent mais des mélèzes. Jaunes. Tous jaunes.

Le paysage rocailleux se peint ainsi d’une palette magnifique, pour un peu que le ciel diffuse une profonde coloration bleue, et le spectacle est complet.

Le lendemain, au-dessus de Ceillac, dans le Queyras, petite balade en famille entre col de Bramousse et col du Fromage. Moins de mélèzes et plus de pins à crochets, c’est l’adret. Tandis que le mélézin s’épanouit à l’ubac. Il aime décidément la fraîcheur, le mélèze ! Plus haut, aux alentours de 2000 mètres, le vert foncé des pins à feuilles persistantes laisse petit à petit la place aux jaunes mélèzes. Le mélange est du plus bel effet.

Le promeneur, plutôt rare en cette saison, ne peut que marcher les yeux écarquillés. Quant au photographe il ne sait où donner du déclencheur devant ce festival de couleurs !

Que la montagne est belle, en automne !

[1Les feuilles des arbres sont vertes, en général. Ceci parce qu’elles contiennent de la chlorophylle, une molécule qui absorbe la lumière rouge et bleue du Soleil, ne laissant se réfléchir que la lumière verte. La chlorophylle est une molécule très importante dans la vie d’une plante, elle lui permet de croître en absorbant l’énergie de la lumière pour fabriquer les éléments essentiels dont elle a besoin, c’est la photosynthèse. La chlorophylle est une molécule instable qui est détruite continûment : la plante doit donc la régénérer sans arrêt ce qui nécessite de la lumière solaire et de la chaleur.

Les feuilles contiennent également un autre type de molécules, les caroténoïdes qui ont pour fonction de protéger la chlorophylle de l’oxydation. Ces caroténoïdes absorbent la lumière dans le bleu et un peu dans le vert, ils laissent donc passer la lumière rouge et verte, ce qui donne du jaune. Ils sont en quantité bien moindre dans les feuilles que la chlorophylle, ainsi, aussi longtemps que la chlorophylle est présente elle domine la pigmentation. C’est ce qui se passe en été. Mais dès que les jours raccourcissent et que les températures s’abaissent, la chlorophylle n’est plus synthétisée. Elle disparaît rapidement des feuilles dont le vert « chlorophylle » va laisser place à la couleur jaune des caroténoïdes qui perdurent un peu plus longtemps que la chlorophylle. Le temps qu’il fait en automne influence largement la couleur des arbres : un temps chaud et humide repousse la disparition de la chlorophylle et donc des couleurs automnales ; inversement, un temps froid et sec favorise sa disparition. Ainsi les belles couleurs d’automne apparaissent surtout quand la saison est ensoleillée, fraîche et peu pluvieuse...


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