Le RER, c’est l’aventure !
Réseau Express Régional. Parce qu’il fallait bien lui donner un nom. Peut-être le fut-il, fut un temps ? RER B. RATP. C’est un peut comme le chemin de fer transcontinental américain du XIXe siècle, on sait (parfois) quand on part, rarement quand on arrive. Car nombreux sont les aléas sur un pareil trajet. Palaiseau-Paris, faut dire qu’il y a bien une trentaine de kilomètres. Trente milles mètres : ainsi dénoté c’est déjà nettement plus impressionnant.
Hier matin, j’ai mis une heure trente pour arriver au bureau, contre cinquante minutes en temps normal. Ou plutôt d’après la grille horaire sur internet, car le temps normal, c’est-à-dire « quotidien » c’est plutôt une heure ou un peu plus. Déjà les horaires n’existent que par pure fantaisie, puisqu’en règle générale, les trains arrivent en gare un peu aléatoirement, en fonction des retards divers et variés accumulés.
Parfois, miraculeusement, j’ai la chance de voir arriver un train juste quand j’arrive sur le quai. Souvent, il faut que j’attende une dizaine de minutes. Parfois, je dois attendre une demi-heure avant d’en voir un. Chaque miracle a sa contrepartie.
Ce matin, miraculeusement donc, j’ai pu grimper dans la rame en deux foulées supplémentaires sur mon élan d’arrivée sur le quai. Sympathique simultanéité. Je m’installe dans un wagon relativement plein. Trop, peut-être. Je peux quand même m’asseoir. Je sors mon bouquin et m’installe dans ma lecture. Une sensation de lenteur s’est rapidement emparée de moi. Un courant d’air glacial persistant provenant de la porte ouverte du train stationné plus que de rigueur sur le quai d’une station s’infiltra pour confirmer que finalement, nous n’avions jusque là pas vraiment avancés. Pas pressé, le RER, ce matin ! Il est finalement reparti, au pas, pour s’immobiliser à peine plus loin, en pleine voie. Le train qui se trouve devant est en panne... Le conducteur nous demande de bien vouloir patienter. Nous patientons : que faire d’autre ? Même si je suis à quelques kilomètres de chez moi, impossible d’y retourner à pieds, nous sommes en pleine voie : on ne peut ouvrir les portes et descendre comme ça. Nous patientons.
Le manège dura une petite heure. Heureusement, j’avais de la lecture dans ma besace. Et puis le convoi s’est à nouveau ébranlé. Cette fois était la bonne. Paris devenait plausible. Accessible.
Je descends à St Michel, monte vers le quai du RER C qui doit m’amener à Bibliothèque en deux coups. Là, des haut-parleurs crépitent annonçant des perturbations dans le trafic. Décidément, RATP, SNCF, même combat ! Bon, pour faire deux stations, je devrais y arriver malgré tout. Un train arrive, je monte. Il démarre. S’arrête à Austerlitz, normal. Et ne repart pas. Les minutes s’étiolent. Aller, plus qu’une station et j’y suis... Annonce : « trafic interrompu en raison d’une rupture de caténaire ». Bon.
Voilà quasiment deux heures que je suis parti de chez moi. L’envie de pisser, d’abord lancinante, commence à se faire pressante. Toujours pas de toilettes dans les RER, ni dans les gares. Heureusement, Austerlitz c’est aussi une gare grandes lignes, il y a forcément des toilettes. Que je fini par trouver après avoir suivi le fléchage labyrinthique. Payantes, forcément. C’est ça ou pisser dehors contre un platane. Aller, je paye. Cinquante centimes d’euros pour un urinoir dans lequel marinait un vieux chewing-gum.
Il fait beau. Glacial, mais beau. Je termine mon odyssée à pieds, bonnet vissé sur le crâne. J’en profiterai pour flâner dans la fraîcheur ambiante et immortaliser la neige parisienne. C’est si rare. La neige à Paris. Parce que les problèmes de RER, ça...
Guillaume Blanc
Articles de cet auteur
Mots-clés
Site réalisé avec SPIP + AHUNTSIC
Visiteurs connectés : 9