Les tribulations d’un (ex) astronome

Muséum

dimanche 24 octobre 2010 par Guillaume Blanc

Le week-end dernier, nous sommes allés, avec mes parents, faire un tour au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Visite des serres nouvellement rénovées, puis petit tour à la boutique. Boutique qui, au passage est beaucoup moins bien achalandée en livres spécialisés que fut un temps. Encore un sacrifice sur l’autel de la rentabilité. Je n’ai donc pas trouvé ce que je cherchais, mais je suis reparti avec ce que je ne cherchais pas, à savoir ce polar sobrement intitulé « Muséum » écrit par Véronique Roy. La quatrième de couverture était prometteuse. Véronique Roy est archiviste au muséum, et devait donc écrire son roman en connaissance de cause.

Et j’ai adoré. Un polar scientifique avec une série de meurtres absolument horribles sur fond de querelle entre créationnistes et évolutionnistes. Au départ, un paléontologue américain, Peter Osmond, est appelé d’urgence à Paris, où ses collègues ont mis la main sur une météorite tombée en Bretagne, qui semblerait dater d’avant la naissance du système solaire, et qui de surcroit transporterait les germe de la vie (allusion à la théorie de la panspermie développée, entre autre, par l’astrophysicien Fred Hoyle : la vie sur Terre proviendrait de l’ensemencement dû aux météorites). Le professeur américain est calqué sur Stephen Jay Gould auteur de la théorie des équilibres ponctués, théorie qui développe celle de l’évolution, en précisant que celle-ci ne se fait pas de manière continue, mais par petits sauts, entrecoupés de périodes d’équilibres. Stephen Jay Gould fut un grand combattant des créationnistes, tout comme Peter Osmond dans le roman. L’astrophysicien Marcello Magnani a également été dépêché par le Vatican pour étudier la fameuse météorite ! Personnages dissemblables s’il en est, mais qui vont devoir s’épauler pour tenter de résoudre la crise sordide que traverse le muséum. Aidé en cela par Léopoldine Devaire, archiviste de son état, qui passe ses journées dans les montagnes de livres poussiéreux qui s’entassent depuis des lustres. D’ailleurs, il semble ne pas y avoir que des livres qui prennent la poussière dans des endroits des plus incongrus. L’auteur décrit avec délectation (et en connaissance de cause) le joyeux capharnaüm qui règne dans les entrailles du muséum. Ainsi cette malle envoyée de Chine par Pierre Teilhard de Chardin lors de son dernier voyage, oubliée depuis dans quelque recoin pendant quelques décennies. Malle qui pourrait contenir des documents de premier plan, y compris certains ossements d’un certain sinanthrope...

Finalement, la météorite qui avait réunit tout ce petit monde passe rapidement aux oubliettes, d’autant qu’elle est dérobée assez rapidement malgré les précautions. Ce qui permet aux protagonistes d’avoir l’esprit libre pour se concentrer sur l’énigme morbide qui secoue le muséum en profondeur. Elle n’est que le catalyseur qui va déclencher la réaction en chaîne.

J’ai donc bien aimé ce mélange entre sciences et thriller (ou polar), d’autant que l’auteur s’est très très bien documentée sur les sujets qu’elle aborde. Mais les digressions restent suffisamment courtes et sobres pour ne pas ralentir le rythme de l’action et du suspense, comme c’est pourtant bien souvent le cas dans ce genre « scientifico-romancé. » Même si le coupable fut au final le personnage sur lequel j’avais inconsciemment misé pour tenir ce rôle — énigme pas si compliquée, en somme —, la lecture n’en reste pas moins palpitante, jusqu’à la dernière page, tant le style est agréable.


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