Bouffe expédition
L’échéance pour expédier notre fret a fini par nous rattraper. Moi qui pensait préparer tranquillement mes 30 kilogrammes de bouffe le temps d’un week-end, je me suis fourvoyé. Car le fret devait partir avant nous, pour avoir une chance de nous rejoindre sur place.
C’est ainsi que je me suis retrouvé à faire une liste de nourriture pour 34 jours, à calculer des masses totales, des quantités de kilocalories, etc etc... N’étant pas expert en la matière je me suis largement inspiré de la liste des plus experts que moi. L’idée est de tabler sur un kilo par jour. Avec en moyenne 400 kcal d’énergie pour 100 grammes (et oui, on est loin du fameux E=mc2), on obtient les 4000 kcal par jour nécessaires pour tirer un traîneau qui contient peu ou prou l’énergie nécessaire pour tirer le-dit traîneau (dans la neige et le froid)...
Comme toute cette nourriture (forcément globalement sèche et archi-sèche) s’ajoute au matériel nécessaire pour évoluer en terrain hostile (vêtements chauds, tente, duvet, corde, baudrier, crampons, piolet...) et puis aux outils qui seront parfois l’essence du plaisir de la chose (quand même), skis, chaussures de ski, bâtons et accessoirement appareil photo, cela finit par représenter un poids certain (ou une masse non négligeable, même si l’abus de langage est ici justifiée, car c’est bien le poids de tout cela contre lequel il faudra lutter dans les nombreux mètres de dénivelés qui nous attendent). D’où la nécessité d’envoyer au préalable une partie de la chose par fret. C’est quand même moins cher que de payer des kilos de bagages supplémentaires lors de l’envol en avion.
C’est ainsi que je me suis retrouvé un soir au volant d’un caddie gigantesque à errer comme une âme en peine dans le labyrinthe d’une grande surface non moins gigantesque pour essayer de trouver trente (30 !) kilogrammes de bouffe. De nourriture. Sèche pour l’essentiel.
Et d’arpenter les rayons, de traquer les calories sur les paquets d’emballage — alors que la plupart des gens doivent s’amuser à orienter leurs choix en minimisant le nombre de calories, moi, c’était l’inverse. J’échafaudais tranquillement une véritable bombe calorique. En variant un peu les plaisirs, tout de même, pour éviter autant que possible d’être dégoûté au bout de quinze jours par les céréales Tipiak...
Déshydraté. Nous prévoyons du combustible pour faire bouillir de la neige. Enfin, transformer de la neige en eau (et ce n’est pas l’étape la moins gourmande en énergie !) et l’amener à ébullition, pour être plus exact. Pas suffisamment de carburant pour faire cuire en sus. Ce sera donc purée, graine de couscous et céréales Tipiak diverses et variées. Précuites. Et puis soupe en poudre. Et pour le matin, des céréales petit-déjeuner avec du thé, et une tranche de pain d’épice ou de cake. Entre les deux, on marche, on ne pique-nique pas, on mange une poignée de fruits secs de temps en temps, une barre chocolatée de temps à autre.
Bref. Donc de remplir le-dit caddie, en notant le poids (la masse) des choses dérayonnées.
Ensuite, plus tard, un autre jour, déballer le tout, enlever les kilomètres d’emballages qui finirent par faire un tas de déchets tout à fait significatif. Et reconditionner les choses dans des sacs ouvrables et refermables, sacs congélations à « zip ». Idéalement, il aurait fallu préparer un sac par jour, mais là ça devenait trop chronophage, je m’en suis tenu à faire des petits sacs par produit. Et puis je verrai bien une fois sur place.
Une fois ce déballage et remballage effectué, il s’agit de peser le tout. Pour s’apercevoir — classique — que ça dépasse allègrement le poids autorisé. Que virer ? La crème de marron ou bien quelques sachets de fruits secs ? Voire un ou deux sachets de morceaux de sucre ? Arrrrgh, le choix est cornélien ! Et si je venais à manquer sur place. Ne pas manger à ma faim en faisant des efforts, la perspective ne m’enchante pas plus que ça. M’enfin (comme qui dirait), on verra bien. Et puis à quelques jours près, ça devrait le faire, même si ce n’est pas hyper scientifique comme calcul, voire même plutôt pifométrique...
De toute façon, ça y est, le fret est parti la semaine dernière !
Guillaume Blanc
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