Déboires imposables
J’étais vaillamment parti pour faire ma déclaration d’impôts en ligne, comme chaque année, un jour, exactement, mais fortuitement, après la date limite pour la déclaration papier. Pour se connecter sur le serveur, plein de numéros et de nombres à fournir. J’ai. Enfin, presque.
Je range habituellement soigneusement mes papelards dans des classeurs, avec des intercalaires, pour pouvoir éventuellement les retrouver relativement facilement. Et pour ce faire, je dois faire des petits trous. Avec une perforatrice. Ou perforeuse ? Si j’ai réussi à mettre la main sur mon dernier avis d’imposition, il se trouve qu’insidieusement, mon revenu de référence se trouvait percé de part en part par un de ces petits trous. Il manquait deux chiffres. Enfin un et demi. Un bout de l’un des chiffres permettait d’en déduire qu’il s’agissait d’un « 2 » ou d’un « 3 » : seule sa jambe avait été rondement découpée par les mâchoires acérées de la machine.
J’ai cherché dans tous les recoins du document si ce montant n’était pas, par hasard, reporté dans une autre case. Évidemment, il change chaque année, donc inutile de regarder la feuille de l’année dernière, avec son petit trou, elle aussi, mais qui tombe ailleurs. J’ai demandé à Google s’il y avait moyen de calculer ce nombre à partir des autres, qui m’étaient inutiles, mais non troués, eux. Et non, fut le verdict. J’ai tenté d’appeler l’administration fiscale, qui pourrait peut-être me redonner cette information nécessaire. J’ai abandonné au bout de la vingtième sonnerie dans le vide. Restait à faire les vingts essais qui me permettraient de trouver par l’expérimentation les deux digits disparus dans les entrailles de la poubelle, il y a belle lurette, sur un petit confetti tout rond. Ce que je fis, pendant que mon ordinateur travaillaient tout seul. Heureusement que je ne bloquais pas la chose au bout de trois essais infructueux !
Évidemment, les deux premières cases du formulaire se vidaient à chaque essai, il fallait que je retape tout (je connais désormais mon numéro fiscal par cœur !). En plus, tout benêt que je suis, j’ai fait une première série de vingt avec une erreur sur un autre chiffre — je voyais déjà la méthode échouer et devoir trouver une autre solution ! J’ai donc eu droit à une deuxième série gratuite. Mais cette fois-ci, en faisant bien attention, j’ai trouvé. Le bon numéro. Cela fut finalement moins long qu’une tentative de coup de téléphone en fin de compte.
Comme quoi l’ordre engendre parfois le désordre. Foutue loi de Murphy...
Guillaume Blanc
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