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Pourquoi le Brésil ?
Après avoir lu l’interview entre Jean-Louis Murat et Christine Angot dans Télérama, la curiosité aidant, je me suis précipité à la librairie internationale de Padoue pour la dévaliser de son rayon « Angot » au format poche. Résultat, je l’ai déposséder de seulement deux bouquins qui devaient trôner là depuis la nuit des temps. N’ayant pas eu à choisir parmi la dizaine de romans de cette écrivain(e), je me retrouvais avec « La peur du lendemain suivi de Normalement » et « Pourquoi le Brésil ? » entre les mains. J’ai commencé par lire le plus petit, « Normalement... » recueil de deux courtes nouvelles. Je me lance. Style curieux, haché, difficile à lire et à suivre, pensées jetées là pèle-mêle. Dubitatif, j’ai lu la deuxième nouvelle, dans la même veine. J’aurais peine à vous parler du sujet, tant le tout me sembla plus chaotique qu’autre chose. Phrases aboutées dans ce qui me semblait le plus grand désordre. Un fond de scepticisme sur la prose de madame Angot s’empara de moi. Je feuilletai malgré tout l’autre bouquin, qui semblait être un roman, pour m’assurer qu’il s’agissait d’autre chose. Effectivement, il s’avéra lisible...
J’ai donc attaqué la lecture de « Pourquoi le Brésil ? », petit roman de 250 pages. Ce fut un peu laborieux. Peut-être parce que je n’ai pas trop pris le temps de bouquiner ces derniers temps. Bref, toujours est-il que j’en suis venu à bout. Finalement.
Récit autobiographique, Christine Angot y raconte son déménagement à Paris, sa rencontre avec le jounraliste Pierre Louis Rozynès, leur relation qui s’en est suivit. Le style est simple, sobre, dépouillé. Les mots sont jetés ça et là, avec toute leur dureté. Car j’ai eu l’impression en les lisant que leur auteur était torturé par la vie. Même sa relation amoureuse n’est faite que de hauts et de bas, de batailles et de réconciliations. Le genre de relation dont personne ne rêve. Mais, cahin-caha, les deux tourtereaux font leur petit bonhomme de chemin. Il semble même qu’il perdure au-delà du récit, leur chemin commun. Voilà. Une tranche de vie. Un peu comme un blog, en somme. Un effet de mode. Sauf que là, c’est une tranche de vie de Christine Angot, alors ça fait un livre. Ma foi, pourquoi pas. Il y a bien des gens pour lire ça. Moi, en l’occurrence.
En lisant ces mots, je me suis dit que, quand même, certaines personnes adorent se compliquer la vie à outrance. Car pourquoi rester avec ce type qui, au creux des crises, l’insulte, voire la blesse ? La peur de vivre seul(e) est parfois plus grande que toutes les autres... Et pourtant, malgré les batailles rangées qu’ils se livrent, ils semblent réellement être amoureux l’un de l’autre. Comme quoi les mystères de l’amour sont parfois impénétrables... Mais de là à étaler tout ça au vu et au su de tous, par l’intermédiaire de ce livre... Sûrement cette mode moderne qui veut que l’on expose ses problèmes conjugaux au grand jour. Et ça marche, puisque je me suis fais lecteur-voyeur, et le temps de quelques pages je me suis immiscé dans l’intimité de ce couple. Qui plus est, ces pages ont aiguisé ma curiosité, j’ai envie d’aller voir les autres morceaux de l’œuvre de Christine Angot. Pour voir. Pour voir si c’est toujours dans la même veine. Ou pas.
En tout cas, je ne sais toujours pas pourquoi le Brésil ? Une explication serait celle de Pierre Angot sur la quatrième de couverture : « Pourquoi le Brésil ? Peut-être parce que c’est un pays dont toute la richesse est dans l’avenir, comme toi à qui le globe était destiné. »
En ne peut qu’espérer que cet avenir soit plus rose et plus riche que cette année de vie qu’elle raconte ici. Quoique... Il y a probablement des gens qui voient de la richesse dans les tempêtes conjugales. Chacun ses goûts, je n’y vois pour ma part que de l’écume qui se dissout dans l’air ambiant.
Guillaume Blanc
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