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Les aventures de Désiré Lamour
Quelle bonne surprise ! Une BD qui parle de montagne, d’alpinisme qui plus est ! Et éditée par un petit éditeur de par chez moi, là-bas, les éditions du Fournel. Ça n’a pas fait un pli, j’ai commandé illico la chose. Deux jours plus tard, je la recevais dans ma boîte aux lettres. C’est beau la société de consommation.
« Les aventures de Désiré Lamour » par Yvan Estienne et Ronan Begoc. Un joli dessin de la Barre des Écrins trône sur la couverture. Et je m’en suis allé suivre les aventures de ce Désiré Lamour, guide de haute montagne, de son état, dans ses tribulations altières sur les cimes et arêtes des Alpes, avec ses clients divers et variés.
Le dessin est assez grossier, mais la chose se veut parodique, alors, ça va de paire, comme souvent. Et puis il n’est pas si mal que ça, le dessin, en définitive. Non, ce n’est pas ça le vrai problème. Le vrai problème, c’est le scénario. Une parodie, certes, mais une parodie méchante, comme si l’auteur avait un compte à régler à la fois avec les guides, leurs clients, les gardiens de refuge, leurs clients, et la montagne elle-même ! La montagne et les gens qui en vivent sont tournés en dérision, c’est mal foutu, c’est méchant, c’est à mille lieues de la réalité. Les jeux de mots sont débiles, les sigles détournés à peine moins (PNE = « Parc Naturellement Extraordinaire », PGHM = « Petit Groupe Houdan Montagne »)... Il faut redescendre son « gaz méthane » dans la vallée, mais le petit copain de la cliente blonde et pulpeuse « poupée Barbie » vient dire coucou en hélico... C’est gras. Très gras. Une seule réplique d’anthologie :
« Le Guide au sommet de la Barre des Écrins : — Vous pouvez venir !
Le Guide — C’est ici qu’est né le vide, rien de chaque côté, c’est l’absence, n’est-ce pas fabuleux ?
Le Client — Assurez-moi plutôt que de dire n’importe quoi, j’ai 8 mètres de mou !
Le Guide — Ce n’est rien, c’est le mou pédagogique. »
Voilà, vous avez donc un aperçu des trois « meilleures cases » de cette bande dessinée ! Les japonais se débrouillent infiniment mieux que nous autres franchouillards en matière de BD/Manga d’alpinisme...
Bref, ce truc dessiné est naze de chez naze, et en plus ça m’a coûté 19 euros (avec le port). Ça ne vaut même pas le temps que je vais passer à le mettre en vente sur eBay !
Je n’ai pas pour habitude de parler ici des livres ou films que je n’ai pas aimé ; je trouve bien plus agréable et constructif de disserter sur mes « coups de cœur » que sur les choses que je préfère reléguer aux fonds de basse-fosse. Sauf que la bande dessinée d’alpinisme est un genre suffisamment rare pour que je m’y attarde, en tant qu’alpiniste amateur et amateur de bandes dessinées. Et si je m’acharne sur ce navet dessiné, c’est bien parce que je trouve que la montagne mérite mieux. Infiniment mieux.
Guillaume Blanc
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