Le bouquin, en format poche, me faisait des clins d’œil depuis quelque temps, à chacune de mes virées en librairie. Son petit côté « tout le monde m’a déjà lu » me faisait hésiter. Et puis je me suis laissé tenté, forcément, puisque j’en parle ici. Dès les premières lignes, j’ai adoré.
Une concierge dans un immeuble de riches, à Paris, une concierge qui cache bien son jeu. Une jeune demoiselle de riche, qui se sent mal dans ses baskets au sein de ce monde cynique, superficiel et prétentieux.
Richesse des sous décrite par la richesse des mots ; l’une se transmet, l’autre s’acquiert, mot après mot. Livre truculent sur le combat entre la deuxième contre la première. Muriel Barbery nous dresse un portrait au vitriol de la bonne bourgeoisie franchouillarde. Et j’ai adoré. Peut-être parce que je n’en suis pas. Encore que, en fait, compte tenu de mes revenus, je fais bel et bien parti de la moitié des français les plus riches... Nouveau riche. Même si mon pouvoir d’achat ne cesse de chuter par rapport au SMIC depuis des décennies [1]. Enfin, tout de même parmi les moins riches parmi les riches. C’est que j’ai ma fierté, tout de même !
Bref, peu importe dans quelle tranche vous êtes, lisez donc ce petit roman truculent qui n’est finalement rien d’autre qu’un vibrant hommage à la langue française.
« [...] si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer. C’est seulement plus confortable. »
« La langue, cette richesse de l’homme, et ses usages, cette élaboration de la communauté sociale, sont des œuvres sacrées. »
« Toujours avoir en tête la maison de retraite pour se dépasser chaque jour, le rendre impérissable. »