Les tribulations d’un (ex) astronome

Travaux dirigés

mardi 26 janvier 2010 par Guillaume Blanc

Dans mon travail d’enseignant à l’université, je fais des travaux dirigés (les fameux « TD »), séances de correction d’exercices d’application du cours en « petits » groupes, et ce tant pour les premières années que pour les masters (quatrième année).

Pendant mes quatre premières années d’enseignement, je ne savais pas par quel bout les prendre, ces TD : personne ne m’a jamais appris à mener un « TD ». Alors c’était finalement plutôt un panachage de « je vous regarde chercher le problème un quart d’heure, puis on — je — corrige » et de « on — je — corrige directement au tableau ». Je pensais que leur donner directement la « bonne méthode » pour résoudre un problème de physique était plus profitable que de faire passer les étudiants au tableau exposer leur façon à eux (donc moins « propre ») de résoudre (ou pas) un problème. Tout ça, essentiellement parce que repensant à mes propres années d’étudiants, j’aimais bien avoir une correction claire, nette et précise des exercices.

Mais ce faisant, j’oubliais quand même un détail, c’est que d’une part je n’ai jamais été à l’université comme étudiant ; et d’autre part, que ce soit en classe préparatoire ou en école d’ingénieur, je préparais mes exercices à l’avance. Or les étudiants à l’université, à quelques trop rares exceptions près, ne préparent pas leur exercices à l’avance, et viennent en TD en touristes pour recopier « bêtement » la solution (qu’ils n’ont donc pas essayé de chercher par eux-mêmes) déroulée sans bavure (ou presque !) par le prof au tableau.

Cette année, j’ai commencé un enseignement en duo avec un collègue qui a un peu (beaucoup) plus de bouteille que moi en la matière. J’ai ainsi beaucoup appris à ses côtés, notamment la méthode qu’il pratique lui-même en TD. Des exercices aux énoncés suffisamment clairs et découpés pour que les étudiants puissent les chercher par eux-mêmes sans rester bloquer sur une questions trop absconse (ce qui est trop souvent le cas dans les divers enseignements que j’ai pu pratiquer). Ce sont donc à eux de chercher les exercices chez eux, et d’arriver à la séance de TD en l’ayant préparée, puis de passer au tableau pour exposer, à tour de rôle, leur solution à leurs camarades. Il s’agit ainsi de TD « actifs » et non passifs comme quand c’est l’enseignant qui joue seul la pantomime au tableau.

Cette année, j’ai donc décidé d’appliquer cette méthode à tous mes TD, que ce soit en L1 (première année de licence), L2 (deuxième année de licence) ou M1 (première année de master). Pendant tout le premier semestre où se déroule la totalité de mon service d’enseignement, je ne suis donc quasiment pas allé au tableau, ce sont les étudiants eux-mêmes qui s’y sont collés. Je les désignais pour y aller, afin que ce ne soit pas toujours les mêmes. Tout le monde était logé à la même enseigne. Au départ, je craignais surtout de ne pas avancer suffisamment rapidement pour tenir le programme. Il n’en fut rien, tout s’est bien déroulé, les étudiants ayant plus de mal étaient compensés par les étudiants ayant plus de facilités.

Les résultats des partiels dans les trois matières où j’enseignais, à peu près à mi-semestre, m’ont conforté dans ma méthode : sur la totalité des étudiants venant régulièrement voire systématiquement en TD, environ la moitié avaient la moyenne, à priori celle qui avait préparé sérieusement les TD.

L’effet pervers — il en faut bien un, le contraire serait trop beau ! — est peut-être une évaporation des groupes de TD plus importante que quand c’était moi qui faisait le guignol au tableau (car la disparition de près de la moitié des étudiants après le premier TD a toujours été là). Dans certains groupes cette évaporation atteignit des niveaux critiques lors de certaines séances (plus qu’un ou deux étudiants sur une dizaine d’inscrits), surtout dans la deuxième moitié du semestre où un certain relâchement semble s’être globalement installé, à tous les niveaux. Évidemment, à l’université, quand il faut bosser, il y a déjà moins de monde...

À voir les résultats des examens finaux et la liste des « reçus » cela me conforte dans mon idée : toujours environ cinquante pourcents, en moyenne, de réussite par rapport à la fréquentation des TD, ce qui est au-dessus du taux de réussite global (plutôt de l’ordre de vingt à trente pourcents selon les années et les matières). Je trouve que c’est une belle démonstration que venir en TD, ça paye. Mais comme rien n’est gratuit en ce bas-monde, il faut évidemment s’en donner la peine. Comme son nom l’indique, le travail n’est que « dirigé », et non « pré-mâché ». Les étudiants qui l’ont compris s’en tirent en général assez bien.


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