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Le mystère des tessons de bouteille

vendredi 15 août 2008 par Guillaume Blanc

La Mer de Glace, c’est dégueulasse. Mais pas parce que les poissons baisent dedans — y’a pas de poissons dans la Mer de Glace, tout au plus quelques chamois et alpinistes malchanceux —, non, la Mer de Glace c’est dégueulasse parce que des humains sont à proximité. Piste de ski l’hiver, vallée « Blanche », des hordes de skieurs bariolés descendent depuis l’Aiguille du Midi semant des choses hétéroclites sur leur passage. On trouve aussi des vieux câbles sur la Mer de Glace. Et plein d’autres choses, entre vieux mégots et trognons de pommes qui mettront des plombes à se « biodégrader » dans un pareil environnement.

Et puis, et puis la Mer de Glace est uniformément recouverte de tessons de bouteilles. Petits bouts de verre tranchants, verts bouteille, marrons ou transparents, restes de bacchanales géantes, décharge des refuges en amont dispersés par l’impétuosité du flot de glace, ont-ils été déposés là récemment ou bien la distribution est également uniforme en profondeur et la fonte estivale n’en découvre que la surface ? Immonde semis, accident ou malveillance, ils sont là. Pourquoi, comment et depuis combien de temps, je ne sais... [1]

En tout cas, la Mer de Glace, c’est dégueulasse.

La Mer de Glace vue depuis l’Aiguille de la Persévérance dans les Aiguilles Rouges ; au fond, les Grandes Jorasses à gauche, les arêtes de Rochefort et la Dent du Géant.

[1] Luc Moreau, glaciologue, m’a répondu que « les tessons de bouteilles datent d’une période où l’environnement était secondaire : les poubelles des refuges dans les couloirs, les buvettes sur le glacier au pied de la chute du géant, etc... »