Les tribulations d’un (ex) astronome

Instructeur CAI ?

Mercredi 15 Juin 2005
mercredi 15 juin 2005 par Guillaume Blanc

Cet hiver j’ai fait un cours de ski alpinisme avec le CAI (prononcer kaï, Club Alpino Italiano) de Padoue. C’était un cours dit avancé, c’est-à-dire pour skieurs confirmés, avec sorties sur glacier, bivouac en igloo, etc. Faire ce cours était pour moi un excellent moyen de rencontrer des gens pour aller en montagne. Et puis accessoirement pour apprendre quelques trucs : je me sens désormais moins manchot avec mon ARVA (Appareil de Recherche des Victimes d’Avalanche, un bidule qui vaut la peau des fesses, et dont on espère qu’il ne servira jamais), ma pelle et ma sonde. Moins manchot aussi avec mon piolet et mes crampons, même si je n’ai pas eu besoin du CAI pour m’en servir. Surtout je me sentais super bien dans ce groupe, les sorties étaient devenues un vrai plaisir. Devenues, car au début, j’ai eu un peu de mal à m’adapter : rester en groupe, un groupe d’une trentaine de personnes, un groupe qui avance lentement, tout ceci était nouveau pour moi. Je n’avais pas l’habitude. D’ailleurs, sur la fin des randos, je partais devant, histoire de transpirer un petit peu. Ça ne ratait jamais, y’avait toujours un instructeur pour me poser la question : « Guillaume, dov’è il tuo gruppo ? » (Guillaume, où est ton groupe ?), ben, j’sais pas, il était là, juste derrière, y’a à peine cinq minutes... Bref. L’un dans l’autre j’ai fini par apprécier ces sorties, qui se terminaient toujours au troquet du coin devant un verre, tous ces gens, ces amis, instructeurs ou élèves, et j’étais content d’aller skier avec eux.

Au fil des sorties je me suis finalement régalé, les groupes changeaient à chaque fois, et puis mes petites escapades finales vers la cime n’eurent d’autres conséquences que la remarque inévitable, sus-citée, d’un des instructeurs. Au début je me demandais pourquoi les instructeurs étaient justement instructeurs. C’est vrai, pourquoi toujours attendre des élèves qui n’avancent pas très vite, ont des problèmes de peaux, perdent leurs skis, et tout et tout, plutôt que d’aller simplement randonner pour soi avec ses amis ? J’ai fini par comprendre : parce que d’une part c’est gratifiant d’enseigner, et d’autre part, être en groupe, comme ça, faire la connaissance de nouvelles personnes chaque année, à l’occasion du nouveau cours, ça, ça n’a pas de prix !

Quand le cours fut terminé, après la sortie en Silvretta, je me suis retrouvé tout triste et tout démuni. Le jeudi soir suivant, eût lieu la traditionnelle fête de fin de cours, dans un club réservé pour l’occasion. Ce fût rigolo de voir tous ces montagnards dans un contexte tout autre que celui de la montagne. Moi j’étais moyennement à l’aise, même si le fait que je connaisse la plupart des gens rendait la soirée tout de suite plus sympathique. Puis ils nous remis notre petit carnet d’évaluation. Au cours de chaque sortie, chacun des élèves a fait l’objet d’une évaluation de la part de l’instructeur qui accompagnait son groupe. Pour récupérer ce petit carnet, avec une note générale finale, j’ai dû dire deux mots dans le micro. Je me suis senti tout aussi angoissé qu’Obélix qui doit s’avancer sur la scène du théâtre romain et clamer spontanément ce qui lui passe par la tête. De fait, mes deux mots dans le micro furent tout aussi stupides que les siens ! Ce n’est que plus tard, bien plus tard, que j’ai pensé à une petite phrase que j’aurais pu dire alors à l’assistance. Trop tard, de fait. Manque de répartie. C’est pas nouveau. Toujours est-il que les commentaires de mes instructeurs m’ont fait plutôt plaisir. Au final, Franco, le directeur de l’école écrit :

« Excellente participation au cours où tu as démontré toute ton expérience. Grande facilité en montée qui risque de laisser perplexe tes compagnons [Pourtant je suis toujours loin derrière quand je sors avec les potes de mon père !!]. Désormais, tu dois absolument améliorer la technique de descente qui aujourd’hui, pour sûr, ressemble à celle d’un grillon et qui peut te donner des surprises inattendues. Mouvement des trois articulations et position centrale, puis gradualité et interprétation de la pente [Là, va falloir que j’en parle à mon frangin, parce que soit j’ai mal traduit, soit c’est trop théorique, mais au final j’comprends pas !!]. Quoiqu’il en soit, vraiment très bien, ainsi que ton humeur joyeuse et disponible. Nous restons en contact. »

Et de fait. La semaine dernière je reçois un courriel énigmatique de la part de Michele, l’un des instructeurs de l’école de ski alpinisme. Il me proposait, à moi ainsi qu’à une poignée d’autres élèves du cours, de se retrouver ce mardi pour « discuter ». J’en ai parlé à Dani qui a confirmé mon intuition. Et finalement, mardi soir je me suis rendu au CAI. Michele et les autres m’attendaient depuis un bon moment devant l’entrée (je rentrais d’une petite course à pieds sur la digue avec Dani et compagnie ; j’étais carrément à la bourre !). Personne n’ayant la clef du local, nous sommes allé au troquet habituel pour discuter.

C’est ainsi que nous nous sommes vu proposés de devenir instructeur à l’école de ski alpinisme du CAI. Rien de moins. Quel honneur ! Une perspective sur quatre à cinq ans, d’abord en tant qu’observateurs de l’autre côté de la barrière, puis, si tout va bien, en tant qu’aide-instructeur. Et finalement, concours régional d’instructeur. Ça fait envie, car une formation est faite en parallèle. L’instructeur de ski alpinisme doit non seulement savoir bien skier, mais aussi être à l’aise sur les voies de glace jusqu’à AD, et voies de rocher jusqu’au degré III. Rien de bien sorcier, seulement un peu de technique à assimiler. Remplir son « CV » de courses en montagne sur tout type de terrain. Un skieur alpiniste est polyvalent. Des connaissances théoriques à avoir, sur la nivologie, les avalanches, etc... Et bien sûr, bien sûr, le désir et la capacité de transmettre ses connaissances ! Un programme bien alléchant, en somme...

Sauf que tout ça ne sera pas pour moi. Je rentre au pays. J’étais plutôt fier qu’ils pensent à moi pour ça, je suis un peu triste de devoir y renoncer. Les circonstances... Bah, rien n’est nécessairement perdu. Le CAF, même celui d’Île-de-France, a sûrement besoin d’instructeurs de ski, lui aussi... Nous verrons bien !


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