Les tribulations d’un (ex) astronome

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Comment se faire vacciner contre les voyages en avion ?

vendredi 4 mars 2011 par Guillaume Blanc

Mon chef va être content, je ne suis pas près de repartir en mission aéroportée de si tôt : là, j’ai ma dose d’avions et d’aéroports pour un moment. D’autant que je repars dans un peu plus d’un mois, mais pour les vacances, cette fois. Et avec Anne-Soisig.

Petite mission de routine à Toronto la semaine dernière pour aller travailler avec un collaborateur. Ce fut déjà difficile de trouver de quoi financer ce déplacement, pour trois personnes, au sein de mon laboratoire. Il a fallu racler les fonds de tiroir, promettre que l’on irait pas en colloque à Pétaouchnok, etc. Bref, nous y sommes parvenus, et la semaine fut un véritable succès : pas eu le temps de faire une minute de tourisme, mais nous avons appris plein de choses. Ceci étant, pour aller là-bas, et pour en repartir, quelle galère !

Je voyageais sur American Airlines, avec une connexion aux États-Unis. Donc deux vols à l’aller, deux vols au retour. Pas de quoi fouetter un chat : plus c’est long, moins c’est cher. Normal. Sauf que pas un seul trajet ne s’est effectué sans problème !

Tout à commencé dimanche matin. Je me pointe la gueule enfarinée à l’aéroport Charles de Gaulle avec deux heures d’avance sur mon vol, comme il se doit. Pour me voir aussitôt annoncé que ce vol avait déjà deux heures de retard. La dame a été gentille, elle m’a dit que le McDo’ d’a côté fournissait du wifi gratuit. Je me suis donc posé à McDo une paire d’heures, mettant mes principes de côté. Car c’est que j’avais pas mal de boulot : une bibliographie à faire pour présenter aux collègues le lendemain. J’ai profité de la connexion internet pour télécharger le maximum d’articles, que je pourrais lire plus tard directement sur l’écran de mon ordinateur.

Évidemment, à Chicago, j’ai loupé mon vol pour Toronto. Le suivant était genre quatre heures plus tard… J’ai donc poireauté dans l’aéroport de Chicago. O’Hare, de son petit nom. Un aéroport aussi inexpressif, froid et inhumain que tous les aéroports du monde (en extrapolant un peu par rapport à ceux que j’ai eu le loisir de visiter). En fin de compte, rien ne ressemble plus à un aéroport qu’un autre aéroport.

Celui de Chicago n’a pas de wifi gratuit. Bon, tant pis. Et comme j’avais épuisé la batterie de mon ordinateur dans l’avion, il me fallait absolument trouver une prise de courant. Évidemment, point de prise à proximité des sièges. En revanche, j’en ai trouvé le long d’un vaste couloir de marbre lisse et brillant. Certaines étaient déjà occupées par des cordons d’ordinateur ou de téléphones accrochés à des gens, mais j’en ai trouvé une : le marbre, ça dissuade, quand même. C’est ainsi que le cul sur les dalles, j’ai pu étaler mes articles et préparer ma présentation. J’étais juste en face du club des riches — l’ « Admiral Club » —, ceux qui prennent l’avion comme moi le RER.

Plus tard, mon PowerPoint ressemblant vaguement à quelque chose, les fesses meurtries et congelées, je me suis dirigé nonchalamment vers la porte d’embarquement ; pour constater que mon vol était retardé. Au début ce fut d’une heure. Puis au fur et à mesure que le temps s’égrenait, le retard semblait s’étirer de même. À croire que je n’arriverais jamais à rattraper l’heure de départ. Elle s’enfuyait, le gredine. Le temps passait. Je n’avais plus envie de lire des articles, je saturais. La fatigue commençait à l’emporter doucement. Je me suis mis à errer de manière circulaire autour de la porte, comme une âme en peine.

Finalement l’avion a fini par décoller m’emportant vers Toronto, où je suis arrivé vers 2h30 du matin. Froid glacial, il avait neigé quelques centimètres peu de temps avant. Évidemment, pas moyen d’avoir un taxi de la part d’American Airlines, pas même un sandwich pendant mes heures d’attente à O’Hare. Même pas un petit mot d’excuse pour le retard. J’ai donc partagé un taxi avec un autochtone. J’ai pu enfin me coucher à 4h00. Ça faisait environ vingt-sept heures que j’étais debout. Même si je n’ai pas vu passer les deux heures du dernier vol.

Vendredi rebelotte. J’y ai cru, pourtant, pendant un bon moment. Mais voyant mon avion indiqué « à l’heure » sans que rien ne se passe à un quart d’heure du départ, je suis allé en quête d’information. En fait, retardé de plusieurs heures à cause de conditions météo difficiles à New York — mais pourquoi donc est-il affiché à l’heure ? Encore un mystère insondable des voayges aériens... J’allais donc louper ma connexion encore une fois. Résultat, on m’a mis sur un autre vol, via Chicago, puis via Londres. J’étais censé arriver à Paris plus de sept heures après l’heure de mon parcours initial. M’enfin, pas le choix, alors…

Donc Chicago, à nouveau, après un vol non prévu, mais sans histoire : décollage à l’heure ! Cette fois, je ne fais que passer à Chicago, eh, eh. Que j’ai cru ! Pourtant l’embarquement du vol transatlantique s’était fait dans les temps, tous les passagers étaient sagement coincés dans leur siège, quand l’heure du départ a sonné. Mais de départ, point. Au bout d’une demi-heure, le capitaine nous annonce que l’avion est en panne. Il en cherche un autre. Une demi-heure plus tard, nous sortons de l’appareil, pour aller poireauter une heure dans l’aérogare. Puis, embarquement dans un nouvel avion. Là, on y croit. Et puis l’heure annoncée de départ arrive, est dépassée, allègrement supplantée. Rien. Dehors il neige. Je finis par piquer un somme. Distribution de verre d’eau et de barres de céréales par l’équipage. Toujours rien. Scotché sur cette foutue piste, comme s’il avait avait les pieds englué de bitume, mon oiseau de mauvais augure.

Et puis on entend des trucs qui s’activent. La carlingue est aspergée d’un liquide visqueux — du glycol ? — j’ai cru comprendre qu’on avait un problème de givrage. Après avoir patienter plus de deux heures dans l’avion, nous décollons, enfin. Et hop, une nouvelle correspondance qui saute. Pourtant, j’avais théoriquement quatre heures de battement.

Londres, Heathrow. Là, on me donne un nouveau billet, pour un nouveau vol pour Paris, accompagné d’un petit mot d’excuse de la part d’American Airlines, cette fois. Départ dans deux heures. Passage de la sécurité. J’avais acheté du sirop d’érable dans un duty free — une de ces boutiques de produits détaxés qui coûtent le double du prix dans un magasin normal — à Toronto. Sac non scellé, je ne peux pas le garder : le sirop d’érable, c’est liquide, figurez-vous, et c’est l’ingrédient principal pour fabriquer de l’explosif, c’est bien connu — surtout que quand j’ai acheté ça je ne devais pas passer par Londres. Je souhaite ironiquement de bons petits-déjeuners au type qui me confisque mon demi-litre de sirop. Ce connard à l’audace de me répondre « thank you. » Mon seul regret, après coup, est de ne pas avoir ouvert la bouteille pour la vider devant lui, par terre, mais j’étais trop dans le coaltar pour en avoir le réflexe. Énervé par cet épisode, je provoque les types de l’étape sécuritaire suivante, et récupère le droit de voir mon sac fouillé de fond en comble. Ma foi, si ça les amuse de sortir mes chaussettes sales une par une, moi ça me fait passer le temps.

Puisqu’au final, cela devient la seule et unique préoccupation de ces attentes dans les aéroports : passer le temps. Éviter de compter les secondes pour qu’elles semblent défiler plus vite. Rarement du wifi gratuit pour aider à le passer plus vite, le temps, sauf à Toronto ! Braves canadiens ! Le roman que j’avais emporté, un pavé : « L’arc-en-ciel de la gravité » de Thomas Pynchon, pas moyen de rentrer dedans. les phrases me semblent sans queue ni tête. Je n’y comprends absolument rien, même dans la version française. Bon. J’aurais dû prendre plusieurs petits livres. Je commence quand même l’essai d’Hervé Kempf, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie. » Mais il faut bien avouer que ce n’est pas très gai, comme lecture. Pour se détendre et passer le temps, il y a mieux !

Finalement, j’ai fini par arriver à Paris, à un horaire vespéral — 20h50 —, au lieu des 10h matutinales initiales. je n’avais pas le courage d’attendre encore pour prendre le RER et traverser la capitale. Anne-Soisig est venue me chercher en voiture après une bonne journée de pose de parquet. Home, sweet home...


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