Les tribulations d’un (ex) astronome

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Le Club des Incorrigibles Optimistes

lundi 21 mai 2012 par Guillaume Blanc

On se retrouve plongé dans l’atmosphère des années soixante, avec un narrateur à peine sorti des culottes courtes pour plonger dans le monde des adultes, adolescent de son état. Michel. Ses aventures parisiennes, ses potes, le baby, et puis, bien sûr, cet étrange cercle d’initiés derrière le rideau du troquet, qui joue calmement aux échecs. Le Club des Incorrigibles Optimistes. Là, Michel nous embarque dans un entrelacs politico-historique, avec une belle brochette de soviétiques carapatés d’une Union Soviétique qui ne veut plus d’eux. Passés à l’ouest.

« C’est Staline, un matin, il se lève. Il fait très beau. Il s’adresse au soleil : Soleil, dis-moi qui est le plus beau, le plus intelligent, le plus fort ? Le soleil n’hésite pas une seconde : c’est toi ô Staline, lumière de l’univers ! À midi, Staline remet ça : Dis-moi Soleil, qui est le plus brillant, le plus génial, le plus remarquable homme de tous les temps ? Le soleil confirme : C’est toi ô immense Staline. Avant le dîner, Staline ne peut résister au plaisir de redemander au soleil qui est le meilleur communiste du monde. Le soleil lui répond : T’es qu’un malade, Staline, un psychopathe, un fou furieux et je t’emmerde, maintenant je suis passé à l’Ouest ! »

Chacun avec son histoire, ses histoires — bien souvent l’Histoire elle-même —, et bien sûr, ses secrets. Pendant ce temps, Michel vit sa vie, c’est la guerre d’Algérie, qui va lui prendre son frère, c’est aussi les Trente Glorieuses, qui vont faire la fortune de ses parents. Momentanément. Michel croque son adolescence à pleine dents, avec ses amis, avec des exercices de maths qui ne veulent pas rentrer, ses amies, ses bouquins, toujours, tout le temps. Il lit même en marchant, se fiant à sa bonne étoile pour éviter les obstacles. Il s’essaye à la photographie, et va par ce biais rencontrer l’énigmatique Sacha...

« Chaque homme dans sa vie, commet une certaine quantité d’erreurs. Il cherche et trouve des bonnes ou des mauvaises raisons, souvent des excuses ou des prétextes. La pire de toutes les raisons est la découverte de sa profonde stupidité. »

« [...] tous les hommes sont cons devant un sourire de femme. »

« Des photos, n’importe quel imbécile est capable d’appuyer sur le bouton. Des photographes, il n’y en a pas beaucoup. »

« Le jour de la grande bifurcation celui qui a eu raison, ce n’est pas le couillon qui est descendu de l’arbre pour devenir sapiens, c’est le singe qui a continué à cueillir des fruits en se grattant le ventre. Les hommes n’ont rien compris à l’Évolution. Celui qui travaille est le roi des cons. »

Une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres. À tel point qu’au bout de 730 pages, on ne regrette qu’une chose, que ça ne continue pas encore un peu... Les Cécile, Camille, Leonid, Igor... On aurait bien aimé continuer de rêver avec eux, pour savoir ce qu’ils deviennent, tous et toutes, autant qu’ils et elles sont. Mais non, Jean-Michel Guenassia nous laisse en plan. Quasi. Et comme il a mis six ans à l’écrire, ce roman, va falloir patienter pour lire la suite. Si suite il y a !


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