Les tribulations d’un (ex) astronome

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Râleur

samedi 27 octobre 2012 par Guillaume Blanc

Le lecteur assidu de ce modeste blog l’aura bien évidemment remarqué : je râle, je râle, je rumine et il arrive que je l’exprime : le comportement de certains de mes contemporains m’agace, parfois, les fumeurs, les chieurs, les motards qui se croient tout seuls sur l’autoroute et méprisent le code de la route, ceux qui veulent absolument monter dans le RER avant que les passagers n’en descendent, ceux qui klaxonnent en ville alors que c’est interdit, etc, etc...

Et puis plus généralement, il y a ceux qui prennent les montagnes pour Disneyland, ceux qui s’obstinent à vouloir étiqueter les fruits, ceux qui lisent les bouquins des Bogdanov (même si ceux-là, je les ai prévenu !), ceux qui...

Finalement râler, c’est peut-être pénible pour son entourage, mais cela signifie aussi ne pas accepter placidement tout ce qui se passe autour de nous sans broncher, en fait.

Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;
N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

Chaque jour, le soir, en attendant mon RER pour rentrer au bercail, sur le quai des fumeurs fument devant des macarons interdisant de fumer, et empuantissent ainsi l’air dans leur sillage, air déjà passablement vicié, et qui n’a pas vraiment besoin de ça. Air que je respire, accessoirement. Je fulmine.

Je grogne intérieurement sur les sentiers de mes montagnes, quand je croise inévitablement des traces incongrues de mes concitoyens, mouchoirs en papiers, étrons ou autres résidus du même acabit. Je fulmine.

Cet été, tentative de grimpe au viaduc des Fauvettes, lieu interdit aux véhicules motorisés : une heure et demi d’un rodéo vrombissant dans les oreilles. Je fulmine.

Je peste contre les motos sur la route qui roulent en dépit de toute règle, déboitent à droite ou à gauche sans prévenir à des vitesses bien au-delà de celles autorisées. Je fulmine.

Je tempête contre les klaxonneurs invétérés. Contre les pilotes d’avions de tourisme qui vrombissent tant et plus dans le ciel aux environs de l’aérodrome de Toussus-le-Noble : pour un gus qui prend son pied aux commande de l’engin, combien pestent contre ce bruit intempestif ?

Je râle contre une boîte de nuit qui éclaire la nuit haut-alpine. Et du coup j’écris à la mairie pour faire valoir mon droit de profiter des étoiles. Et j’adhère à l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne.

Je vitupère contre les hélicos et autres avions de tourisme qui viennent troubler ma sudation silencieuse et contemplative dans les montagnes et surtout le massif du Mont Blanc. Je m’insurge contre ces stations de ski qui grignotent tant et plus des pans de montagne « vierge » dans un appétit de béton qui semble insatiable...

Bref. Ces comportements purement égoïstes et parfois aussi purement provocateurs m’agacent. Alors que faire ? Fuir dans une grotte sur île déserte loin de tout ce tohu-bohu ? Changer de quai en attendant le RER, me mettre des œillères sur les sentiers de randonnée ? Abandonner la grimpe au viaduc des Fauvettes ? Faire avec les motards qui se croient au-dessus des lois au risque de choper une crise cardiaque quand l’un d’eux me dépasse à toute allure en vrombissant en franchissant la ligne blanche...

J’avoue qu’avec les fumeurs, après avoir eu une période où je leur faisais remarquer qu’ils étaient en infraction, pour me prendre des remarques désobligeantes dans la tronche (liberticide, va), je préfère m’éloigner et les laisser s’intoxiquer tout seuls. Dans les montagnes, quand je n’ai pas de sac de 24 kg sur les épaules, je m’efforce de ramasser les saloperies de mes concitoyens (sauf les étrons, quand même). Quant aux motos qui pétaradent dans un milieu naturel, j’ai écrit aux mairies concernées et j’ai appelé la police.

Toutes ces « petites » incivilités quotidiennes m’agacent, tous ces gens qui se croient seuls au monde, qui ne respectent en aucune manière leur environnement, qu’il soit humain ou naturel. C’est pénible à la longue.

Alors je lutte, silencieusement. Ça me fournit de la matière pour ce blog. Je milite dans des associations, dont Mountain Wilderness. Bref, je râle... Je ne sais pas si le fait de râler ainsi à longueur de journée (les occasions sont vastes, au quotidien, dans une grande ville !) me rend plus heureux ou pas. Probablement pas, d’ailleurs. Mais j’ai peut-être l’impression de faire avancer le schmilblick en me défoulant ainsi par ici.

Outre le fait de pester contre ces petits désagréments quotidiens qui, s’ils n’existaient pas (à bon entendeur...), rendraient la vie de tout un chacun tellement plus sympathique (mais c’est probablement trop demander), je râle contre des choses plus vastes, l’obscurantisme, le totalitarisme et sa déclinaison « démocratique », l’oligarchie, les atteintes à l’environnement, l’injustice... Enfin, j’essaie. À mon petit niveau. J’informe (sur ce blog), je mets en garde (contre la télé, par exemple), je m’informe, j’essaie de comprendre le vaste monde. Enfin, une partie, du moins. Et puis surtout, ne pas suivre le troupeau bêtement. Oui, surtout.

Finalement, quand on prend un peu de temps pour se plonger dedans, la société humaine se révèle un tissus particulièrement complexe. On y trouve toujours quelque chose qui tourne carré. Focément. Alors on essaie d’arrondir les angles... Mais on y trouve aussi des choses qui tournent ronds. Et alors là, ça roule !


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