De Hugh Howey. Un roman traduit de l’américain. Après un déluge quelconque, l’humanité, ou ce qu’il en reste, se retrouve cloîtrée dans un vaste cylindre plantée dans le sol d’une planète Terre dont l’atmosphère est devenue irrespirable. La communauté survivante, stable, puisque respirant dans cette boîte de conserve depuis plusieurs génération, s’organise selon les étages de la boîte. En haut, à proximité du sol, les organes exécutifs de la politique du silo, maire et shérif. Un peu plus bas, les étages des serveurs informatiques, puis, plus bas, les cultures, et tout en bas la machinerie générale.
Et parfois, une irrésistible envie de sortir d’aller voir dehors, si tout de même, on ne pourrait pas y vivre désormais. Parce que la boîte de conserve, aussi grande soit-elle, ça finit par peser sur les envies de liberté. Alors, ceux-là sont gentiment mis dehors selon leur volonté. On leur demandera seulement de nettoyer les objectifs des caméras qui montrent le paysage extérieur et qui s’encrassent inéluctablement avec le temps, aucun système d’essuie-glace n’ayant été prévu par les concepteurs. Promis à une mort certaine, mais pourtant « volontaire » pour sortir, les scaphandres des exilés jonchent le sol — coquilles sur une vaste et morne plaine — repliés sur eux-mêmes devant les caméras du silo. Comme pour bien rappeler à tous, que dehors, c’est la mort assurée. Le fait est.
Mais si on nous mentait, néanmoins ? Si le paysage immobile et morne, immuable ou presque, que ressassent les vastes écrans des étages supérieurs n’était pas le paysage réel ? Et si on envoyait les « déserteurs » à une mort certaine délibérément ? Et si on n’était pas seuls ? Et si... ?
Bref, sans dévoiler plus l’intrigue, un chouette roman sur une humanité résiduelle en prise avec une Terre dévastée, une poignée de survivants dans un espace confiné, et toute l’organisation sociale qui en résulte.
Comment faire pour que l’équilibre règne, génération après génération, et que l’humanité survive ? Régime dictatorial déguisé où certaines décisions sont prises en catimini par un aréopage de chefs ? Ou bien transparence et démocratie ? Ou encore une pincée de l’un et un soupçon de l’autre. Ce roman explore tout cela, dans ce monde réduit et clos, où la connaissance est l’ennemie à abattre, et où chacun et chacun doit faire le travail qu’il ou elle doit faire. Oui, certes, mais ce beau modèle est-il satisfaisant pour l’esprit ? L’humain étant ce qu’il est, il a toujours une petite envie de savoir et de comprendre cachée quelque part. Et là... Tout un bel édifice pourtant savamment construit peut s’émietter.
Tout cela fait référence à d’autres scénarios « post-apocalyptique, [1] » celui qui me vient en tête comme étant relativement proche de « Silo » est peut-être « Le Transperceneige. » Avec peut-être plus de raffinement dans « Silo » — qui est en fait le premier tome d’une trilogie — que dans le film précédent. Je pense aussi à l’excellente bande dessinée « Aldébaran » de Léo, où des humains sont (involontairement) « abandonnés » sur une lointaine planète... En tout cas, cela m’amuse de voir ces comportements humains exacerbées par une micro-société en mode « survie » sous l’œil des artistes, qu’ils soient écrivains, réalisateurs ou dessinateurs et scénaristes de BD.
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