Les tribulations d’un (ex) astronome

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Je suis un extraterrestre

lundi 24 octobre 2005 par Guillaume Blanc

Dernier (unique ?) représentant de mon espèce. À quoi reconnaître un extraterrestre (moi en l’occurrence !) ? Non, ce n’est pas un auriculaire un peu raide (encore que le mien présente aussi quelque particularité, mais rien à voir avec la choucroute !), une queue de lézard habilement dissimulée, c’est beaucoup moins subtil : c’est le seul qui ne boive pas une goutte d’alcool. Jusque-là, j’avais quelques doutes. Cependant plus le temps passe, plus mes craintes se confirment : je ne peux pas être un terrien. Car tous les terriens ingurgitent des litres et des litres d’alcool. Moi pas.

De fait je m’interroge. Et ça fait longtemps que je m’interroge sur le sujet, mais je commence à étudier la chose de manière plus globale. Boire ou ne pas boire ? L’alcool. Et boire (de l’alcool), justement, à quoi ça sert ?

Quand vient le moment de faire circuler la bouteille, de se faire servir un peu de rouge à table, ou de commander une bière dans un pub, je me fais toujours remarquer. Trinquer avec un verre d’eau ou de coca, y’en a qui trouvent que ça porte la poisse ! Ben oui, je n’aime pas le vin, ni la bière. Ni la plupart des alcools, d’ailleurs. Je ne sais pas trop pourquoi. Les goûts et les couleurs, ça n’a pas forcément d’explication rationnelle. Sauf que là, c’est grave. Ne pas aimer le fromage, passe encore. Ne pas aimer les tomates, ce n’est pas la fin du monde. Mais ne pas aimer l’alcool ! Grand Dieux ! Mais de quelle planète il descend celui-là ?

Car par ailleurs le goût amer de la bière me plaît plutôt (et la, c’est toute la théorie d’un ami qui me disait que le goût pour l’amertume se développe habituellement vers l’adolescence et ne m’avait pas — encore — atteint qui s’effondre). Ce doit donc être le goût de l’alcool. Encore que certains apéritifs un peu fruités ou sucrés, je ne dis pas non (quand le goût de l’alcool est un peu dissimulé par le reste, en fait). En revanche l’amertume du vin ne me plaît pas particulièrement. Ce n’est pas faute d’avoir goûté, pourtant, même du bon vin. Voire du très bon (m’assurait-on). Mais je reste invariable avec moi-même. Non, en fait je crois que cette absence de goût pour les boissons alcoolisées vient plutôt d’un dégoût. Avant même que je ne goûte à quelque alcool, ce dont, adolescent, je ne voyais pas la moindre utilité, j’ai vu les effets de l’alcool sur les jeunes étudiants lors de de soirées forcément bien arrosées (Ah ! Cette toute nouvelle liberté ainsi fêtée !). Et voir ces épaves allongées par terre en train de vomir tripes et boyaux ne m’a pas fait particulièrement donné envie de faire pareil. Comme par ailleurs le goût de la chose ne m’attirait pas, pourquoi me forcerais-je à ingurgiter ce breuvage ?

À partir de ce moment-là, j’ai commencé à me demander le pourquoi du comment ? Franchement, à quoi ça sert de se mettre minable comme ça ? Je crois que je n’ai toujours pas la réponse... Puisque même les adultes post-adolescents arrivent à se mettre minables lors de certaines soirées bien arrosées. En fait, c’est un peu comme un montagnard qui grimpe sur des trucs pas possibles : il aime bien le raconter à la ronde après. Un soûlard raconte ainsi à la ronde ses exploits alcooliques. Et ce, toujours devant une bonne mousse, comme ils disent. Chaque domaine son vocabulaire. Ça n’empêche pas les montagnards d’être de grand buveurs, bien au contraire !

Je pensais naïvement qu’il s’agissait d’un phénomène social franco-français. On boit entre potes, on fait la fête, et même celui ou celle qui ingurgite des verres et des verres voit son heure de gloire arrivée. On fait même des concours du plus grand buveur. Les après-coups ne semblent dégoûter personne sauf moi. Certes, la plupart arrivent à boire de l’alcool sans forcément être malade après. Bref, boire, un signe de rattachement à la meute. Qui ne boit pas se trouve exclu, tel le loup qui traîne la patte. Comme celui qui boit trop d’ailleurs. Car si ne pas boire en groupe peut être assimilé à une tare, une déviance, un comportement asocial, boire tout seul dans son coin, à l’autre extrême, est également synonyme de tare, déviance, etc, et dans ce cas-là, elle a même un nom : l’alcoolisme. Trouver le juste milieu. Ou bien ne pas le chercher ? J’ai opté - à tord, peut-être - pour cette dernière solution.

Le seul avantage que je verrais à boire de l’alcool serait d’appartenir illico à la meute, pour qu’on arrête de me regarder de travers dans un pub quand je commande un coca (un mec qui boit du coca au lieu de se faire les moustaches avec une bonne bière, ça ne peut être qu’une lavette), pour qu’on arrête ces remarques désobligeantes, ces pensées négatives à mon égard, simplement parce que je ne bois pas. Enfin, pas d’alcool. L’avantage de ne pas boire, en revanche, est de garder ses esprits à peu près à tout moment. Éviter les après difficiles. Ainsi que tous les effets pervers de l’alcool sur l’organisme...

Et l’expatriation aidant, la découverte d’autres us et coutumes de par le monde, m’a montré que boire de l’alcool est en fait un phénomène planétaire. Les humains sont une vaste tribu qui aime se rassembler autour d’un feu de bois en buvant de l’alcool. Pourquoi de l’alcool et pas de la limonade ? Mystère ! Et ce du nord au sud et surtout de l’est à l’ouest. Les japonais et leur saké, les russes et leur vodka, les chiliens et leur pisco, les irlandais et leur whiskey, le vin et la bière qui ont traversé les millénaires, etc, etc, etc. L’exception semble être les musulmans. Mais eux ne boivent pas parce que leur religion leur interdit. Quand l’appel du bon Dieu est plus fort que certaines tentations... Les indiens d’Amérique, avant de connaître la douleur de la marée blanche, ne connaissaient pas l’alcool (pour autant que je sache !). Ils auraient mieux fait de rester dans l’ignorance. Bref, boire des boissons alcoolisées, souvent en groupe, est un phénomène planétaire. Le signe d’appartenance à une société, quelle qu’elle soit. Je me demande si ce n’est d’ailleurs pas la seule coutume commune à tous les peuples...

Et moi, je ne bois toujours pas. La plupart des gens ne comprennent pas. C’est dommage, car par ma non-appartenance à ce groupe grand comme la planète, j’ai parfois l’impression que des portes « sociales » se ferment avant même de m’être ouvertes. Certains ne supportent pas que l’on ne puisse pas faire ou être comme eux. Seuls semblent me comprendre mes vrais amis, ceux qui ont l’intelligence de voir l’amitié ailleurs qu’au fond d’une chope de bière.

Mais de cette analyse, j’en déduis que je n’ai de semblable à mes pseudo-semblables que l’apparence. N’aimant pas l’alcool, je ne peux ni appartenir à cette espèce, ni même la comprendre. Sorte de Petit Prince tombé là par hasard, ne comprenant pas toujours le monde qui l’entoure. De fait, je fais un bien mauvais ambassadeur, puisque je refuse purement et simplement de goûter à cette coutume, certes étrange — mais quelle coutume ne l’est pas ? —, de ma planète d’accueil. Va falloir que je parte en quête de mes origines... Pour ce faire tout élément qui puisse me permettre de mieux vous comprendre, chers terriens, sera le bienvenu !

S’il vous plaît... dessine-moi un verre d’eau !


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