Les tribulations d’un (ex) astronome

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Quand l’espace urbain est kidnappé par la voiture

dimanche 13 juin 2021 par Guillaume Blanc

En circulant dans la ville de Palaiseau ou celle d’Orsay, le plus souvent en vélo, parfois à pieds, rarement en voiture, je suis sans cesse estomaqué par l’espace que prend la voiture. Les rues sont souvent étroites (par exemple la rue du Moulin ou la rue Marceau, à Palaiseau), à double sens pour les voitures, mais avec systématiquement une rangée de voitures garées d’un côté. Au point que même circuler en voiture est difficile : deux véhicules ne peuvent s’y croiser.

La rue Marceau n’a aucune place délimitée : il s’agit donc de parking sauvage par les résidents de la rue : il est plus facile de parquer son véhicule sur la voie publique que dans son garage, espace possiblement utilisé à d’autres fins : rangement divers et varié - on a toujours besoin de place ! Au point que s’y croiser à deux voitures est quasiment impossible : la voiture côté trottoir doit forcément monter dessus. Je suppose que ces « aires » de stationnement sauvages illimités sont tolérées, puisque je n’ai jamais vu la police municipale verbaliser.

La rue du Moulin présente des espaces de parking délimités à la peinture blanche : s’y garer est donc autorisé et matérialisé par les autorités. Ce n’est pas pour autant que c’est mieux, la circulation des voitures y est également difficile.

Je circule dans ces rues essentiellement en vélo, et à part un bus surdimensionné (vide en permanence, manifestement trop grand pour la rue, et surtout roulant souvent au-delà des 30 km/h autorisés dans le quartier) débouchant parfois en face de moi dans la rue du Moulin, m’obligeant à monter sur le trottoir, ça ne se passe pas trop mal. Des dessins de cycliste en jaune désormais à moitié effacés matérialisent le fait que les vélos ont « le droit » de partager cet espace autrement dédié à la sacro-sainte voiture.

Je prends ces deux exemples qui illustrent en fait un mal généralisé dans le coin : aucune piste cyclable digne de ce nom, par contre des voitures garées sur l’espace publique à perte de vue.

Dans ces rues bordées de voitures stationnées en permanence, outre la crainte générale de me prendre une portière malencontreusement ouverte sur mon passage quand je suis en vélo (je m’efforce de rouler loin des voitures garées, pour éviter ça), que d’espace ainsi « perdu » par ces carcasses de métal : 15 mètres carrés par bagnole, 2,5 mètres de large. Les enlever d’un coup de baguette magique permettrait – Ô miracle ! - de consacrer cette surface à de véritables pistes cyclables, dans un sens et dans l’autre, séparées du flux automobile par une barrière physique (pots de fleur, arbres, ou autre).

Cet accaparement de l’espace public est un véritable « vol » : des particuliers s’approprient ainsi – légalement ou pas – 15 mètres carrés d’espace public payés avec les impôts de la collectivité, pour y parquer de manière pérenne leurs véhicules. Et là, pas de limite au nombre !

Une place de parking extérieur coûte, à Palaiseau, environ 6000 €. La location d’une telle place est d’environ 50 €/mois, soit 600 €/an. Avec les centaines de voiture ainsi parquées à Palaiseau, la ville pourrait bénéficier d’une manne de quelques centaines de milliers d’euros chaque année. Évidemment, plutôt que de pérenniser légalement ce type de vol légal de l’espace public urbain, il serait plus judicieux d’obliger les voitures à se garer ailleurs afin de récupérer l’espace public pour en faire des voies de circulations dédiées aux vélos (uniquement). Ce qui manque cruellement dans la région !

Les dessins de cyclistes sur ces voies, apparues au printemps 2020 pour dire « faites du vélo, ça ne transmet pas le covid » sont un pis-aller. Autant sur une véritable piste sécurisée, c’est-à-dire matériellement séparées des voitures, ma fille pourrait se déplacer seule, autant, là, même avec les dessins, dans un mélange vélo-voiture, à 30 kg contre 1000 kg, elle ne fait pas le poids. Ni aucun cycliste d’ailleurs. Pourtant la vitesse des voitures dans les deux rues sus-mentionnées est limitée à 30 km/h, mais dans les faits, c’est souvent bien au-dessus. Sans compter les immenses bus vides qui débouchent à tombeau ouvert. Et sans compter non plus toutes les autres rues à traverser de manière aléatoire pour un cycliste. À fortiori pour une jeune cycliste.

On est loin, encore, de la ville apaisée. C’est toujours l’enfer mécanique qui règne. Mad-max a du mal à laisser la place…


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