Débutant un travail sur la « cosmic magnification », aspect du lentillage gravitationnel faible qui change le flux de galaxies d’arrière-plan, je me demande comme traduire ça en (bon) français. Je suis plutôt partisan de « amplification cosmique », mes collègues m’assurent qu’il vaut mieux dire « magnification cosmique. » Amplification a le mérite d’exister dans le dictionnaire de la langue française, pas magnification.
« Magnification » n’existe donc pas dans le Trésor de la Langue Française Informatisé (TEL) ; en revanche le verbe « magnifier » y est et signifie :
A. Vieilli, littér. Célébrer (quelqu’un, quelque chose) comme grand ; (l’)exalter par des louanges éclatantes.
B. P. ext. Rendre (quelqu’un, quelque chose) plus beau, plus fort, plus grand, plus important, dans un état meilleur, l’emportant sur le précédent.
Donc rien à voir avec une quelconque augmentation de flux lumineux (encore que, si on cherche bien...). Le Petit Robert ne connaît pas non plus de « magnification » et donne des définitions analogues pour « magnifier. »
Si je regarde « amplification » :
A. Emplois techn. Action d’amplifier.
1. ÉLECTR. Opération consistant à accroître l’intensité d’un courant électrique au moyen d’un appareil amplificateur.
2. OPT. Grossissement (des images).
Ce terme existe aussi en psychanalyse, rhétorique et didactique, mais avec des sens un peu éloignés de notre sujet.
B. P. ext.
1. Au fig. et gén. péj. Action d’augmenter les proportions de quelque chose.
2. Discours hyperbolique, parole où se manifeste quelque exagération voulue.
Nous sommes, là encore, loin du compte.
En revanche, le sens A.2. ne me paraît pas si loin du compte que ça.
Le Petit Robert donne une définition d’ « amplification » un peu différente :
1° Vieux. Agrandissement, accroissement. Opt. (1801). Grossissement. — Opération consistant à accroître l’amplitude à l’aide d’un amplificateur.
2° (XVIe). Développement ou gradation par addition de détails ou d’images (notamment dans la description). Péj. Développement verbeux, exagération oratoire.
Par ailleurs, mon dictionnaire Robert & Collins traduit le terme anglais « magnification » par : grossissement, amplification, exagération. Ce nom est tiré du verbe « to magnify » : image grossir ; sound amplifier ; incident exagérer, grossir.
La « cosmic magnification » est le phénomène d’augmentation du flux des sources d’arrière-plan (évidemment, ce n’est pas aussi simple !) par une masse placée sur le trajet de la lumière (lentille gravitationnelle). Je pense que la traduction par « amplification cosmique » me paraît tout à fait justifiée. On pourrait aussi dire « grossissement cosmique » mais même si, en optique, les termes de « grossissement » et d’ « amplification » sont quasiment synonymes (on préfère tout de même « grossissement » pour désigner le rapport entre la taille de l’image d’un objet par une lentille et celle de l’objet en question), j’ai tendance à préférer « amplification » pour notre « gravitationnal magnification. »
Ce qui dérange, c’est que cette « amplification » a une connotation de boîte noire, l’amplificateur, qui injecterait de l’énergie pour augmenter l’amplitude du signal, ce qui n’est pas le cas dans notre histoire gravitationnelle. Le Petit Robert cultive (un peu) l’ambiguïté, tandis que le TEL n’évoque aucun amplificateur quand il s’agit du grossissement en optique.
Bref, je trouve qu’un terme bel et bien français (amplification cosmique ) est préférable à un néologisme tiré de l’anglais (magnification cosmique).
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