De retour d’un petit week-end dans les Highlands, nous hydratons nos coups de soleil... On avait emporté pull, gore-tex et k-way, mais pas de crème solaire !
Deux jours de vélo de montagne dans les collines écossaises, autour des lacs de l’ouest, entre Loch Lomond et Loch Katrina. Gudrun nous avait récupéré à la gare d’Edinburgh, après une petite balade en train depuis Newcastle où l’avion nous avait déposé avec une heure et demi de retard. Une nuit chez elle, et nous enfournons trois VTT dans sa vaste kangoo, direction les montagnes de l’ouest, juste au nord de Glasgow.
Nous passons le vendredi après-midi sur nos bécanes, au départ de Ardgartan pour un tour du côté de Loch Long, qui n’est rien d’autre qu’une branche de mer qui s’enfile profondement dans les terres. Un fjord. Nous chopons quelques gouttes — qui ne comptent pas —, probablement seulement pour nous rappeler que nous sommes malgré tout en Écosse, et puis c’est tout. De part et d’autre du large chemin forestier, le sous-bois est dense, couvert d’une mousse épaisse, témoignant d’une humidité qui doit être habituellement relativement conséquente.
Pique-nique au bord d’un petit lac à la lisière de la forêt, vers 250 mètres d’altitude. Des mélèzes poussent là, curieusement, avec des feuilles qui me paraissent un peu plus épaisses que celles de leurs cousins des alpes du sud. Puis nous passons un petit col, vers 350 m, avant de plonger dans la branche de l’ouest du fjord, par un superbe sentier (on dit « singletrack » quand on est in) qui descend au milieu de la forêt, sur un tapis de mousse d’un vert surréaliste. Nous découvrons les rhododendrons géants, véritables arbres à fleurs, en fleurs, les genêts et autres ajoncs, buissons fleuris d’un jaune printanier, hérissées de piquants, ou pas, qui donnent une sympathique touche colorée au paysage. Petite remontée, détour par une petite colline, à pieds, pour se payer un peu de panorama, avant de finalement s’offrir une belle et longue descente vers notre point de départ. Pas si humide que ça, finalement, l’Écosse !
Nous passons la nuit à proximité du Loch Lomond, dans une auberge de jeunesse en forme de château pour quelque Lord en mal de belles pierres. Garnie d’un extérieur à la hauteur : pelouse d’équerre, rhododendrons rutilants, en revanche, les hommes dorment avec les hommes, les femmes avec les femmes. Anne-Soisig et moi ferons donc chambre à part. Nous prenons le dîner proposé, mais le poisson n’est finalement pas à la hauteur, nous regrettons un bon vieux plat de pâtes. Pour la peine, le petit-déjeuner sera de notre ressort : thé et muësli.
Dimanche matin, c’est le grand beau. Le soleil brille déjà depuis un moment quand nous nous levons. Pas un nuage. Nous prenons la voiture pour aller à Callander, un peu plus à l’est. Nous allons faire une balade autour de Loch Lubnaig. Encore une quarantaine de bornes. Mais seulement 450 mètres de dénivelés, un peu moins que la veille. Dénivelés avalés dès le départ. Le reste sera plat. Moins technique que la veille, le paysage n’en reste pas moins superbe. Le temps est encore de la partie, les gouttes en moins et le soleil en plus. Quelques cumulus de décoration, et l’Écosse se ment ainsi à elle-même. Le retour se fait par une piste cyclable, une de ces pistes cyclables « nationales » qui sillonnent l’Écosse de part en part. Pique-nique au bord du lac Voil. Retour à fond la caisse — c’est Anne-Soisig qui mène la danse — en longeant la rive gauche du lac Lubnaig.
Petit encart culturel, avec un petit arrêt à Balquhidder, jolie petite église, dont le cimetière abrite la tombe de Rob Roy, qui ne se fit pas connaître dans la lutte éternelle contre l’ennemi anglais, mais plutôt comme bandit local, dépeint comme une sorte de Robin des Bois. Le romancier Walter Scott en fit un personnage charismatique. Escapade entre les pierres tombales recouvertes de lichens, avant de reprendre les bécanes pour poursuivre notre route.
Arrivés à la voiture, gros dilemme : il faut absolument terminer de profiter de ce beau temps. Or il n’est que 14h30. L’après-midi s’offre à nous. De deux choses l’une : soit nous allons piquer une tête dans les eaux (glaciales ?) du lac, soit nous allons voir la région d’en haut en grimpant sur la colline qui nous surplombe, le Ben Levi. Anne-Soisig opte pour ce dernier passe-temps. Et malgré sa cheville en vrac, elle galope sur le sentier, je peine à la suivre. Gudrun aussi. Nous arrivons au sommet (879 m — soit 760 m de dénivelés) en 1h10. De là, la vue est belle. Quelques sommets, au loin, montrent des restes de neige, ils culminent au-delà de mille mètres (le point culminant d’Écosse est le Ben Nevi, un peu plus au nord, à 1344 mètres, paradis des alpinistes écossais — ou pas). Il est un challenge en Écosse, qui est de collectionner les « munros », c’est-à-dire les sommets de plus de 3000 pieds (soit 914,4 mètres), qui sont au nombre de 384. Malheureusement, notre collection est bien mal partie, car le Ben Levi, seul sommet à notre actif, n’est pas un munro...
Ce qui est étonnant c’est que dans ces contrées septentrionales, la limite des arbres arrive vers 250 m (contre environ 2000 m dans les Alpes), pour laisser place, vers 400 m, à une végétation d’alpage, herbe rase comme sans cesse brouter par quelques ruminants. Certes, les ruminants — les moutons, qui arborent des manteaux de laine dont l’épaisseur défie l’imagination — sont partout dans ces collines. Mais est-ce suffisant pour garder une pelouse digne de l’ennemi anglais, plus au sud ? Ou bien le rude climat qui balaye sans cesse (sauf aujourd’hui !) ces « montagnes » empêche-il la végétation de ces sommets pelés de dépasser les quelques centimètres ?
Encore que ces montagnes, finalement, font des Écossais un peuple parmi les plus habiles en alpinisme hivernal. Il n’est effectivement pas besoin d’atteindre des altitudes démesurées pour avoir des faces nord couvertes de glace en hiver, faisant de ces massifs un gigantesque terrain de jeu pour la goulotte et la cascade de glace, pour un peu que le versant soit un peu abrupt. Le ski de randonnée peut également se pratiquer, mais les « bonnes conditions » de neige sont, semble-t-il, excessivement rares.
Nous nous en tiendrons à notre balade en VTT et notre petite randonnée « estivale. » De retour à la voiture, nous rentrerons directement à Edinburgh. Si les highlands arboraient un ciel décoré, en revanche celui de la ville est immaculé : pas un nuage. Les parcs ont été pris d’assaut et les pique-niques et barbecues continuent dans le soleil couchant.
Le temps fut exceptionnel selon Gudrun. Mais comment nous en rendre compte, de ce caractère exceptionnel ? Déjà lors de notre unique et précédent week-end, dans la région de Durham, dans le nord de l’Angleterre, début février, nous avions bénéficié d’un large ensoleillement. De surcroît, tandis que nous reprenions l’avion, dimanche, le soleil brillait encore, comme pour nous narguer de nous en aller déjà ! Le fait est.
Après ça, comment croire que le nord de l’Angleterre et l’Écosse jouissent d’un climat pour le peu humide ? Cinq jours de beau sur cinq jours dans ces contrées, de quoi faire mentir les statistiques !
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