Les tribulations d’un (ex) astronome

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Enseignant-chercheur décroissant : mode d’emploi

lundi 18 juillet 2022 par Guillaume Blanc

Billet mis à jour le 16 janvier 2024.

Un enseignant-chercheur est un métier à double casquette comme son nom l’indique : 50 % enseignant, 50 % chercheur. Ou vice-versa. Un enseignant-chercheur travaille au sein d’une université, en général, il fait de la recherche dans un laboratoire et enseigne aux étudiants de ladite université. Il doit faire 192 h (« équivalent TD » parce que certaines heures durent plus ou moins longtemps) de cours (de présence ?) devant les étudiants. Il doit, c’est non négociable, c’est une obligation, faire « ses » heures. Peu importe comment, rapidement, sous le coude, bâclé, mais ça doit être fait. Ne pas les faire, c’est une faute répréhensible. Il est également censé faire de la recherche. Ou tout au moins publier des papiers. Mais ce n’est pas un impératif, sauf pour être dans le moule de la carrière : on l’embrasse bien souvent pour la recherche, pas pour l’enseignement. Le second n’est qu’un frein, un pis-aller, un truc qu’il faut faire, dont il faut se débarrasser (au plus vite) pour œuvre dans la noble tâche qu’est la Recherche. De fait, l’évolution standard du métier, gravir les grades, ne peut se faire que si on fait ses heures — condition sine qua non — mais surtout si l’activité de recherche est conséquente. Enfin, les publications ou plutôt leur nombre.

La croissance, c’est le monde actuel. Croissance économique, mais pas seulement. Croissance de la population, croissance de la consommation d’énergie, des ressources diverses et variées puisées dans les stocks de la planète, croissance des pollutions, bref, le monde entier croit dans tous les sens. La planète étant de taille finie, cela finit par poser des problèmes quand la croissance atteint les frontières, comme le réchauffement climatique, l’extinction des espèces, les pollutions qui s’étendent, etc. La croissance dans la société, ce sont des injonctions à du toujours plus. Toujours plus de travail, toujours plus d’heures, au détriment d’autre chose (profiter de la vie, des autres, faire d’autres activités bénévoles, associatives, artistiques, etc.), car le temps disponible n’est pas extensible.

Dans le cas de l’enseignant-chercheur la croissance se traduit non seulement par plus de publications (généralement peu importe la « qualité » de celles-ci) demandées pour un niveau en recherche identique : il suffit de voir le CV des jeunes qui sont actuellement recrutés : je suis hors jeu ! Tout cela pour rester dans le flot de la compétition, impitoyable. Leur investissement dans les différentes instances bureaucratiques, les conseils, les comités Théodule X et Y, s’accroit (résultats des diverses fusions d’établissement, de la loi sur l’autonomie des universités, entre autres.). Les heures d’enseignement s’accroissent afin de contrecarrer l’augmentation du nombre d’étudiants et la baisse concomitante du nombre de postes de maîtres de conférences, ce qui requiert de dépasser le cadre des 192 h (même payées en heures complémentaires). Ou encore d’employer des vacataires rémunérés au lance-pierre pour combler le déficit. Ou mal payés. C’est aussi utiliser stupidement des heures d’enseignant-chercheur pour mettre en place des emplois du temps, chercher des salles, bref pour faire du travail administratif, ce pour quoi il n’a pas été recruté et est surqualifié. Il faut bien assurer le service. Mais un enseignant-chercheur est généralement bonne pomme, puisqu’il (ou elle, plutôt, souvent, surtout) est largement capable de faire ses heures légales d’enseignement, voire plus, ainsi que les heures nécessaires pour pondre un emploi du temps, faire des photocopies, ou que sais-je. L’enseignant-chercheur croît de la sorte vers la perte de sens (passer son temps à chercher des salles) puis éventuellement vers le burnout, car les heures ne sont toujours pas extensibles, même pour un superhéros : les heures en question sont prises sur la vie privée, sur les contingences physiologiques (sommeil raboté, repas sautés, etc.), sur le temps habituellement dédié à la recherche… Au bout d’un moment, la croissance (des heures de travail) atteint les limites (physiologique et/ou psychique) du corps. Burnout. C’est finalement, malheureusement, actuellement comme dans beaucoup — tous ? — de métiers dans les services publics.

La décroissance, ce n’est pas l’inverse de la croissance. La décroissance c’est se diriger vers un modèle de société à peu près en équilibre avec son environnement. Pour accéder à cet idéal, il est nécessaire de diminuer fortement nos consommations diverses, puisque nous sommes très largement hors équilibre, pour parvenir à une certaine stabilité entre ce que nous puisons dans l’environnement et ce que nous y rejetons. Seule une société égalitaire et juste pourra y arriver. Il faut tendre vers ce modèle. Une société à l’équilibre ne peut pas être une société en croissance, les humains qui la composent ne peuvent donc pas subir des injonctions du type toujours plus, car la croissance (économique) est inhumaine, à l’opposé de la vie (rien à voir avec la croissance d’une plante ou d’un organisme) qu’elle détruit, qui elle s’inscrit dans des cycles écologiques relativement équilibrés [1]. Repenser la société implique ainsi de revoir la manière que nous avons d’organiser notre vie. Et donc, en corollaire, notre façon de produire un travail. Notre aliénation séculaire au travail. En bannissant le dogme de la croissance, on enlève de facto tout ce qui concerne le mal-être au travail : travail exténuant, trop de travail, travail dénué de sens, etc. Aller vers l’équilibre, c’est aussi ça : remettre du bien-être dans le système. Bien-être humain, mais aussi animal, végétal, tant qu’à faire : l’équilibre avec l’environnement suppose une relation respectueuse avec eux.

À défaut d’être dans une société décroissante, cette notion peut néanmoins s’explorer à l’échelle individuelle dans l’espace de liberté qu’elle nous laisse (encore) : on peut en effet « choisir » un certain nombre de variables dans nos vies, comme de consommer moins et autrement, moins de viande, moins de produits manufacturés, utiliser des moyens de transport respectueux des gens et de la planète, opter pour des boulots à proximité de nos logements, qui ont du sens, qui ne broient pas ses travailleurs. Tout le monde n’a pas forcément ces choix-là disponibles sur l’étagère, mais quand on peut, il faut.

Le concept de sobriété (disons écologique et non alcoolique) est adossé à celui de décroissance. Il en est une partie qui s’intéresse aux flux physiques : il s’agit de consommer moins, de tout (énergie, matières premières) et donc de consommer mieux. Nous pouvons également le mettre en œuvre à différents échelons de la société. Au travail, par exemple : travailler moins, mais mieux, c’est-à-dire pas forcément avec plus d’efficacité, mais avec plus de bien-être, de sens.

La décroissance peut également s’appliquer dans l’espace de liberté de mon métier, pour parler de celui que je connais. Comment décroître alors, et retrouver un semblant de sérénité ? La décroissance, c’est notamment la sobriété ; et la sobriété, c’est, entre autres, se donner la possibilité de ne pas en faire trop, de résister aux injonctions du « toujours plus ». Juste ce qu’il faut, dans le cadre de ses propres limites. La décroissance est à l’exact opposé du « travailler plus pour gagner plus » car gagner plus incite à dépenser plus en choses (des voyages à l’autre bout du monde en un temps record, des objets sophistiqués, ...) plus ou moins inutiles au-delà d’un certain niveau de confort, et donc à presser un peu plus une planète déjà hors équilibre. La courbe naturellement croissante des indices est à priori largement suffisante pour vivre correctement dans la société actuelle (avec la croissance de son inflation), il n’est pas forcément utile d’en rajouter. Travailler plus, pourquoi pas — mais à quoi bon ? —, le travail perçu comme ayant du sens est aussi une source de satisfaction, mais alors sans gagner plus.

Quels leviers d’action (ou plutôt d’inaction !) ?

On peut faire fi de la course au grade : cela demande du temps et de l’énergie pour remplir un dossier, et encore plus de temps et d’énergie pour les différents étages de jurys qui devront se payer le luxe de lire, d’évaluer, de discuter, de classer le dossier en question : que de frottements dans les rouages, que de pertes d’énergie ! Le passage au grade supérieur (comme de maître de conférences à maître de conférences hors classe) permet de gagner plus, plus longtemps. Il faut ainsi une bonne dose d’abnégation pour ne pas tenter la chose : le monde dans lequel nous évoluons nous incite forcément à cela (réussir, c’est forcément gagner plus, de plus en plus !), sous peine d’avoir loupé sa vie. Enfin, son métier. Le fameux regard des autres (collègues) : si tu n’es pas prof(esseur des universités) à quarante-cinq ans, tu es un looser. Bon OK, ça, c’est fait. Ne parlons même pas de passer hors-classe : être toujours simple maître de conférences à quarante-huit ans, le raté total. Un peu comme si Tom Cruise n’avait pas de jet privé. Ceci étant, l’argent ne fait pas le bonheur, à condition d’en savoir un minimum, ce qui est le cas d’un maître de conférences, aussi « simple » soit-il.

Bien-être et revenus mensuels
Satisfaction dans la vie moyenne harmonisée en fonction du niveau de vie mensuel moyen pour 26 pays européens avec cinq quintiles de niveau de vie. Indice de satisfaction entre 0 (« pas du tout satisfait ») et 10 (« complètement satisfait »). Source : Le bien-être en France, rapport 2021, Observatoire du Bien-être du Cepremap, http://www.cepremap.fr/depot/2022/03/Le-Bien-etre-en-France-%E2%80%93-Rapport-2021.pdf

Je suis en poste depuis 17 ans. Je suis à l’échelon 8 du grade de maître de conférences, je gagne environ 2800 € net par mois, déduction faite des impôts (j’ai commencé à 2000 € net, sans déduction d’impôts). Je n’ai jamais « manqué » d’argent, je n’ai pas de problème de « fins de mois » ; très « satisfait », en somme. Il est vrai que je peine à me payer mes vacances en train, j’habite dans un appartement (par choix plus ou moins assumé) qui est une passoire thermique (être écolo, ça demande des investissements !)... Mais ça va !

Mon patrimoine (un demi-appart de 80 mètres carrés — le reste appartient à la banque) me place de facto dans les 10 % de la population la plus riche de la planète. Peut-être dans les 9 %. Bah, youaip, je suis « riche » !

Inégalités de richesse dans le monde

Bon, pas de quoi pavoiser, ma tranche de « richesse » émet 47,6 % des rejets de gaz à effet de serre : s’il fallait éliminer la moitié de l’humanité pour la survie de l’autre, je serais dedans. La moyenne des émissions de gaz à effet de serre de ma « tranche » est de 30 tonnes de CO2éq/personne/an, quand moi je suis plutôt à 5 tonnes de CO2/personne/an ; ouf, le couperet n’est pas passé loin ! Comme quoi : pas vraiment besoin de gagner plus !

Reste l’absence de reconnaissance des pairs sur le travail effectué : certainement le plus frustrant au final. Des années que je tente de passer maître de conférences hors classe, sans succès. Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas m’octroyer cette carotte : ma section du CNU (l’astrophysique) ne sait pas dans quelle « case » me mettre (facile !), mon UFR a des « piliers » administratifs à faire passer avant moi, et comme il y a pénurie de poste, tu sais...

Bah, la décroissance c’est aussi (essayer de) faire abstraction de cela pour tendre vers une société égalitaire : le sentiment de faire son boulot correctement n’est-il pas suffisant ? Avoir des retours positifs des étudiants sur les cours, avoir le sentiment d’œuvrer utilement pour la société [2], ça compte ! Tant pis si les pairs sont à la traine sur les enjeux écologiques. Mais ne soyons pas négatif, le changement arrive doucement, comme en témoigne cette recommandation du conseil scientifique de l’institut des sciences biologiques du CNRS : « Nous recommandons aux diverses instances d’évaluation de l’activité des chercheurs de favoriser la prise en compte de la crise environnementale dans la réorientation / définition de certains sujets de recherche. » Certes, ce n’est pas encore dans toutes les sections disciplinaires [3] (mais c’est arrivé au comité d’éthique du CNRS, le COMETS (décembre 2022) : « Reconnaître que la prise en compte de l’environnement fait partie intégrante de l’éthique de la recherche ; affirmer à ce titre la responsabilité des acteurs et actrices de la recherche de penser leur activité au regard des enjeux environnementaux. » Ce n’est évidemment pas encore pour les enseignants-chercheurs au conseil national des universités [4], et on ne parle pas encore de sobriété et encore moins de décroissance, mais il faut laisser le temps au temps : une graine est posée, laissons-là germer. Les précurseurs sont nécessaires pour défricher le terrain afin que cela devienne la norme dans un futur monde utopique. J’ai tout de même un peu de mal à me résoudre à ce rôle. Que faire ? Continuer un temps, mais si le « système » n’évolue pas suffisamment rapidement dans le bon sens, je m’autoriserai à le quitter, ce système...

Quoi d’autre ?

La HDR (Hache Des Hères ?), alpha et oméga de tout chercheur ou enseignant-chercheur. Le plus haut diplôme de l’université française. On peut se demander pourquoi les autres pays ne l’ont pas, eux ? H. D. R. : Habilitation à Diriger des Recherches. Diplôme nécessaire pour encadrer officiellement des étudiants en thèse, nécessaire aussi pour pouvoir passer le concours de professeur des universités. Diplôme qui ne juge en aucun cas l’aptitude à diriger des recherches, mais qui juge la capacité à publier des articles. Est-ce bien utile ? Car c’est beaucoup de paperasses : il faut s’inscrire à l’université pour cela, trouver un jury, avec des gens qui vont employer du temps à lire un manuscrit (qu’il faudra écrire, aussi), à auditionner et juger. À peu près tout le monde s’accorde à dire l’inutilité profonde de ce diplôme, mais tout le monde s’y attelle consciencieusement (après tout, ceux qui sont aux manettes l’ont forcément, alors...).

Passe ton achedéhaire. Parce que c’est comme ça, pour qu’on me foute la paix, parce que. Ce n’est pas pour autant que l’on encadrera un doctorant comme il faut. À quand un bilan bénéfices sur coûts de ce diplôme singulier ? D’ailleurs, faut-il continuer de former des doctorants sachant que bien (trop) peu d’entre eux pourront être embauchés dans la recherche académique. À ce niveau, je suis au top, la pensée de l’HDR ne m’effleure pas, mon cerveau reste disponible pour des choses plus constructives. Je ne souhaite pas même contribuer au désastre de la précarité des jeunes docteurs (en dehors du fait que je ne suis probablement pas bon à ça). On peut toujours arguer qu’une formation doctorale est (en principe) une belle formation y compris en dehors de la recherche académique mais le doctorat peine à être reconnu dans les entreprises françaises. Allez, hop, boycottons l’HDR !

Évidemment, il faut limiter (supprimer ?) les déplacements courts à l’autre bout du monde, l’avion n’est pas le symbole de la décroissance, au contraire. Colloques ou autres réunions, c’est non. Il vaut mieux privilégier les petites assemblées, à taille humaine, à proximité, là où on peut aller en train, et ne pas se faire broyer dans les machines à symposium dans des hôtels ***** qui brassent des milliers d’intervenants au détriment des humains.

Quid des enseignements ?

Beaucoup (trop) de collègues font des heures sup’ (ou comp’, c’est selon), bref, enseignement plus que les 192 h d’équivalent TD annuelles statutaires. Si c’est une volonté personnelle, parce que l’enseignement c’est euphorisant, que ne pas voir les étudiants pendant une moitié d’année c’est trop long, très bien. Mais si c’est « parce qu’il le faut bien », pour pallier au déficit de postes, de l’administration, pour permettre à des maquettes qui se font plus grosses que ce qu’elles devraient d’exister, là, c’est non. Savoir dire non, là, c’est un droit. Collectivement il faut remanier les maquettes à la baisse pour que ça rentre. Ne faire que ce qu’il est humainement possible de faire, en supprimant notamment les cours avec peu d’étudiant·es, les cours non indispensables (même si, même si... et oui, mais le bien-être et la santé avant tout, non ?). 192 h c’est déjà beaucoup trop pour un service d’enseignent-chercheur, surtout quand on souhaite faire les choses correctement.

Sobriété dans les cours, également. Là, la plupart de mes collègues sont plus forts que moi : faire des cours en classe inversée me prend infiniment plus de temps que de faire des cours classiques [5]. Mais la décroissance c’est aussi le respect (des autres, des étudiants), c’est aussi la prépondérance des relations humaines : je dois être au top pour mes cours. Si eux, je les peaufine, en revanche je fais œuvre de sobriété dans la paperasse annexe aux enseignements. C’est ma manière à moi de faire de mon mieux, en somme ; je n’ai jamais été très efficace dans mon boulot. Et tant pis pour le reste (la recherche, l’administratif, etc.), parce que la décroissance, ce n’est certainement pas bosser le soir ou le week-end et faire une croix sur les vacances : j’ai d’autres passions dans la vie...

Pour les évaluations des étudiant·es, ça peut vite devenir très chronophage alors je m’arrange en général pour faire le strict minimum. Je le fais au mieux compte tenu des règles du jeu : il faut tout évaluer — on pourrait imaginer faire des cours sans évaluation —, il faut des notes, des classements, etc. Cependant, les notes, ce n’est pas nécessaire partout. Par exemple j’ai un enseignement de méthodologie du travail universitaire en L1, et là, pas de note. Seulement une validation de l’enseignement à partir de quelques critères. Pour les examens de gros enseignements de physique, je ne cherche pas à pondre un problème inéditqui va de toute façon passer au-dessus de la tête de la quasi-totalité des étudiants, je reste dans le classique sobre faisable. Je m’arrange pour que ce soit corrigeable assez rapidement. Dès que je peux, j’évalue avec des QCM, rapides à corriger, ou des soutenances orales, comme ça l’évaluation fait partie des heures de cours. Bref... Il y a moyen de.

Sobriété dans le matériel : malgré les injonctions à « l’innovation numérique », garder la tête froide et redresser la craie. Le « numérique » ne peut être qu’un moyen éventuel au service d’une pédagogie, et non une fin en soi. Il est possible de faire beaucoup de choses avec un tableau noir, sans, donc, tableau numérico-tactilo-connecto-bidule, ni tableau blanc, dont on imagine aisément, en l’absence de comparaison des empreintes environnementales en cycle de vie entre la craie et le marqueur pseudo-effaçable, que la première cause moins de dégâts. Même si un vidéoprojecteur est un outil utile, ce n’est pas nécessairement une fin en soi. D’autant que quand il est en panne, le prof est marron. Ce qui arrive rarement aux craies. Je suis revenu (après avoir testé) des injonctions à utiliser systématiquement des outils numériques, par exemple pour faire des quiz en amphi : des papiers colorés, ça fonctionne très bien !

Éviter les responsabilités trop pesantes notamment si les aspects administratifs prennent le dessus sur les autres (scientifiques, pédagogiques, enseignements, etc.) peut être également une certaine règle hygiénique de vie et de travail. Surtout quand aucune (ou peu de) décharge (d’enseignement) n’y est associée ni aucune aide logistique substantielle. C’est au système « université » de faire en sorte que les formations ouvertes fonctionnent, pas aux enseignants-chercheurs, qui sont là pour enseigner, diffuser les savoirs. Là aussi, je suis bon : tenant à ma liberté, je fuis les grosses responsabilités. OK, c’est assez égoïste comme position, heureusement (ou pas) que tout le monde ne fait pas de même. Encore que ? Peut-être que les mêmes responsabilités pourraient être diluées entre plusieurs personnes, et adossées à des gestionnaires, qui, comme leur nom l’indique, sont là pour « gérer », afin de ne pas reposer que sur les épaules d’un seul (ou d’une seule).

Enfin, et c’est probablement le plus important : ne pas se tuer à la tâche et prendre soin de soi. Ces derniers temps, j’ai vu de nombreux collègues arriver au bout de leurs possibilités, à la limite du burnout, voire même en burnout, avec arrêt maladie. Je ne sais pas si ce constat est représentatif, mais il est quand même symptomatique. Notamment quand on œuvre au niveau des enjeux écologiques comme je le fais depuis quelque temps, l’envie de vouloir faire beaucoup de choses parce que l’urgence écologique est là, la planète part en vrille, il faut essayer de tout faire pour la sauver, et nous sauver avec. Malheureusement, il n’est pas possible de sauver le monde à nous tout seul d’une part, et dans l’intervalle de temps (restreint) adéquat d’autre part. Il faut nous préserver un maximum (prendre du temps loin de ses appareils de communication, ordinateur, téléphone, etc., aller balader en forêt régulièrement, se retrouver en famille, voir ses enfants, dormir, vivre, quoi), parce que la lutte va être longue (malgré l’urgence, bis repetita), il va falloir tenir dans la durée.


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