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Les violons du roi
Stradivarius. Même pour quelqu’un comme moi dont la culture musicale frise l’ensemble vide, ce nom n’est pas inconnu. Mieux, il est associé indiscutablement à un fameux fabriquant de violon, il y a longtemps, en Italie. Les bribes de connaissances qui jonchaient ainsi ma trop petite cervelle se limitaient à ça.
Et puis dans mon sac pour le Groenland, j’avais emporté un petit livre pas trop lourd, « les violons du roi » de Jean Diwo. J’en ai commencé la lecture avec parcimonie, économisant chaque page, puisque c’était mon unique source de distraction en cas d’attente prolongée, mauvais temps sous la tente ou... attente de l’avion pour être rapatrié. J’aurais de loin préféré la première alternative, ce fut la seconde qui s’offrit à moi, me donnant ainsi l’occasion de finir de dévorer ce roman. Et même de recommencer.
Jean Diwo y dépeint la vie et l’œuvre d’Antonio Stradivari, luthier de grande renommée, à Crémone, en Italie, à cheval sur les XVIIe et XVIIIe siècles. Il nous raconte cette belle histoire avec le soucis du détail et de l’exactitude historique. Le lecteur se retrouve ainsi plongé dans le monde du violon à l’époque où celui-ci prend son envol, pour devenir l’un des plus nobles instruments de musique. Il pénètre dans la bottega d’un luthier qui met toute sa science, toute son âme, tout son savoir et toute son énergie au service de l’instrument.
Jean Diwo ne fait pas là un essai historique, mais bel et bien un roman, qui au lieu de barber le profane, le tient en haleine jusqu’à la dernière page. Suspense, romance, passion... ces ingrédients en font une histoire haletante, sans pour autant travestir les faits historiques (pour autant que je puisse en juger !).
De Antonio Stradivari, jeune apprenti surdoué du maître Niccolo Amati à Antonio Stradivari qui devient le meilleur des luthiers dont les plus grands virtuoses s’arrachent les instruments. Presque un siècle de violons et de passions, entre 1660 et 1740. Le fil de l’histoire n’est pas exclusivement centré sur Stradivari, mais s’égare parfois sur des personnages qui gravitent de près ou de loin autour de lui. Ainsi, son maître, Niccolo Amati, petit-fils de l’inventeur du violon, un siècle plus tôt ; le français François Médard, apprenti de Stradivari qui prit la tête de la lutherie française dès son retour en Lorraine ; Antonio Vivaldi, prêtre à Venise, et compositeur contemporain de Stradivari qui ne posséda ni ne joua de stradivarius ; et même un astronome, et non des moindres, Jean-Dominique Cassini, même si l’auteur semble prendre ici quelques libertés avec l’histoire en lui donnant une fille qui s’amouracha d’Antonio Stradivari. Et réciproquement. Sauf que...
Le roman m’a également fait découvrir le violon lui-même. De l’épicea (ou du sapin ? L’auteur entretient la confusion sur l’essence du résineux en question, wikipédia nous dit qu’il s’agit d’épicéa) des forêts alpines du Tyrol jusqu’à l’âme de l’instrument, ce petit bout de bois qui « tend » le coffre de résonance, coincé entre le fond et la table. Jean Diwo nous dit dans son roman que le violon est composé de 61 morceaux de bois assemblés, plus 4 cordes. Wikipédia en donne 71... Quant à moi, n’ayant jamais eu de violon entre les mains, j’aurais eu du mal à le dépiauter pour compter ! Importance du bois dans la qualité sonore, sans oublier celle du vernis, dans l’esthétique. Jean Diwo nous balade ainsi à l’école de la patience (le bois doit sécher une quinzaine d’années avant d’être travaillé), du détail (« Un violon n’est fait que de détails. En les soignant, on ne peut qu’améliorer sa qualité. »), de la passion et de la quête de la perfection.
Guillaume Blanc
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