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Dernière nuit à Twisted River
Le dernier opus de John Irving, sorti en format poche il y a peu. Lecture conseillée par ma belle-sœur, d’autant qu’avec un « John Irving » en général, on ne s’ennuie pas. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait honneur à cet écrivain américain, après avoir lu dans ma jeunesse les classiques « Le monde selon Garp, » « L’épopée du buveur d’eau, » « L’œuvre de Dieu, la part du Diable » et d’autres encore. Quand je m’y suis mis, curieusement, je ne devais pas avoir la tête à ça, la lecture, car il m’a fallu un certain temps avant de rentrer dedans. Je n’y comprenais rien, d’autant que l’auteur se complaît a sauter d’une époque à l’autre presque sans prévenir. J’ai malgré tout persévéré, et finalement, j’ai dévoré la suite.
Un roman fleuve, à l’image de cette rivière torturée, la « twisted » Androscoggin. D’ailleurs, tout est tordu dans ce livre, la vie, déjà, pleine d’« accidents, » la rivière, donc, le pin, là-bas, qui courbe l’échine depuis des plombes sous les bourrasques, le Cuistot, avec sa patte folle, Héros, le clebs quelque peu défiguré par un ours, Ketchum, l’homme des bois qui a son lot de cicatrices, et Danny, l’écrivain, qui n’a pas la vie très joyeuse.
Des accidents, il y en aura tout au long des six cent quatre-vingt pages de l’édition poche, d’ailleurs tout commence par un dramatique accident, quand un jeune bûcheron inexpérimenté disparaît dans la rivière sous les troncs flottants. Comme si cet événement allait déclencher toute la série. L’énorme Jane l’Indienne périt sous le coup de poêle du jeune Danny, croyant que son père était assailli par un ours, alors qu’elle ne grognait que de plaisir en chevauchant le Cuistot (« Tu fais des do-si-do à papa ? »)... De là, dissimulation, puis fuite du père et du fils à droite et à gauche pendant des décennies pour tenter d’échapper à ce destin, qui va finir par les rattraper, malgré tout, parce que, parce que. Mais en fin de compte, la vie va quand même se poursuivre, le succès sera au rendez-vous, même si le bonheur ne sera pas toujours là. Pas mal de morts violentes, dans l’entourage de Danny l’écrivain, au cours du demi-siècle qui s’écoule entre les premières et les dernières pages. Avec tout de même une once d’espoir sur la fin, parce que Tombe du Ciel rétorque à Danny que « Tout le monde a le droit d’être un peu heureux, connard. » Et pourtant, c’est beau, c’est sublime comme la nature à l’état sauvage de ce petit coin dans le nord du New Hampshire... Twisted River. Là où on revient toujours, en fait. La nature !
Guillaume Blanc
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