Havre de paix ?
Chênes à la majesté superbe — presque certainement centenaires —, des racines profondément incrustées entre deux blocs de grès, jusqu’au houppier qui s’enflamme en panaches tortueux vers un ciel limpide, couleurs flamboyantes sous les rayons parcimonieux d’un soleil magique digne des plus belles journées d’automne. L’air frais éthérée voit parfois nonchalamment virevolter une feuille morte, qui, silencieusement détachée des branches altières, vient délicatement se poser sur le tapis de sol déjà bien garni. Le paysage invite au calme et à la contemplation béate.
Quelque part en région parisienne. Les Vaux de Cernay. Le gazouillis d’un ruisseau dans l’ombre de la vallée, une forêt aux portes de l’hiver, hêtres et chênes qui offrent à l’artiste paysagiste toute une panoplie de dégradés épatants.
En cette mi-journée dominicale, nous étions presque dans une solitude déconcertante, malgré l’attractivité touristique du lieu. La pause méridienne du plus grand nombre nous permit de contempler la nature à notre aise.
Et puis, et puis, le monde s’est malheureusement réveillé. En guise de digestif nous eûmes droit à un concert de mécaniques, qui d’un côté pétaradait jusqu’à faire péter les pistons sur une route asphaltée, rendez-vous de motards assoiffés de décibels. Qui de l’autre, riches bourgeois, cochons en mal de sensations arrosaient copieusement la région d’autres notes du même acabit, envolée motorisée de vrombissant aéronefs qui tournaient et retournaient sans cesse au-dessus de nos pauvres têtes. Impuissants. Ou comment la jouissance d’une poignée vrille la quiétude de milliers d’autres. Plaisirs de riches, plaisirs égoïstes.
Guillaume Blanc
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