Les tribulations d’un (ex) astronome

Le cahier

mardi 25 mars 2008 par Guillaume Blanc

Mars 2001. Les Talibans dynamitent les deux Bouddhas de Bâmiyân, site historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, statues monumentales excavées dans une falaise de la vallée Bâmiyân au centre de l’Afghanistan. Le film de Hana Makhmalbaf commence par ces images d’archive montrant l’explosion. « Bouddha s’effondre de honte. »

Une petite fille, Baktay, qui vit dans une des grottes qui peuplent la base de la falaise qui abritait les Bouddhas, entend son voisin réciter l’alphabet et lire une courte histoire. Lui va à l’école. Elle, non. Elle a très envie d’y aller pour apprendre. Apprendre l’alphabet, apprendre des histoires comme celle que lit Abbas. Mais pour aller à l’école, il faut un cahier et un crayon. Commence alors tout une expédition pour peut-être accéder à ce rêve. D’abord trouver les 20 roupies lui permettant d’acheter un cahier et un crayon, accessoires indipensables pour avoir le droit d’accéder à l’école. Pleine de détermination, la petite fille tente de vendre des œufs pour réunir la somme, quatre œufs. Au terme d’un véritable parcours du combattant, elle en perd deux, réussit à échanger les deux autres contre une galette de pain, qu’elle vend pour 10 roupies. Ne pouvant avoir LE cahier et LE crayon, elle optera pour le cahier, et subtilisera le rouge à lèvre de sa mère en guise de crayon. Puis son voisin Abbas l’accompagne à son école. Qui se révèle être l’école des garçons, l’instituteur ayant un peu de mal à lui dire où se situe celle des filles. Elle repart seule sur les chemins, en quête de l’école, en quête du précieux savoir. Dur, dur de vouloir apprendre, parfois !

D’autant que c’est sans compter les bandes de gamins qui passent le temps à imiter leurs ainés, à imiter les Talibans tout puissants dans leurs exactions contre les femmes... Les garçons tombent sur la petite Baktay, qui ne demande qu’à aller à l’école et qui se retrouvera victime de ces « jeux de guerres. » Prisonnière dont le spectateur que j’étais ne savait pas trop si elle allait vraiment se faire lapider, ou pas. Un jeu ? Jeu cruel, s’il en est... Talibans idoles de jeunes... Il y a certains pays qui sont quand même mal barrés...

Quand j’étais gamin, je jouais aux cowboys. Les Afghans, eux, jouent aux Talibans, quand ils sont gamins. Je tirais des balles fictives sur d’autres cowboys. Les jeunes Afghans non seulement tirent aussi des balles fictives sur d’autres gamins, qui n’ont pas forcément demandé à jouer les « terroristes américains », mais simulent également des lapidations de jeunes filles, simplement parce qu’elles sont filles, parce qu’elles sont belles, parce qu’elles passaient par là...Mais moi, je n’obligeais personne à jouer aux cowboys ! Les jeunes Afghans, si. Ils obligent leurs proies à être leurs proies.

Être né quelque part
Pour celui qui est né
C’est toujours un hasard

Ce film superbe de simplicité et de profondeur dramatique a été réalisé par Hana Makhmalbaf petite dernière du clan de réalisateurs iraniens, après son père, Mohsen et sa sœur ainée, Samira. Née en 1988, il s’agit là de son premier film. Je dis bravo. Même si elle est a bonne école...

De belles images, paysages qui donnent envie d’aller faire un tour dans ce pays ou portraits magnifiques ; une toute jeune actrice pétillante à la bouille adorable qui tient le film sur ses épaules... Du grand art !


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