Les chemins de la liberté
J’avais lu le bouquin, il y a quelques années, sur les conseils de Cécile qui avait adoré, et l’avait donc acheté chez un bouquiniste en ligne, car il était épuisé — la sortie du film va provoqué inévitablement une réédition, je suppose. Le bouquin, c’est « À marche forcée » par Slavomir Rawicz, histoire de son évasion du goulag au beau milieu de la Sibérie, dans les années quarante, avec en prime la traversée vers le sud de celle-ci, traversée de la Mongolie, de la Chine — et de son désert de Gobie —, du Tibet — et de ses montagnes bien connues pour être particulièrement hautes, pour finalement débarquer en Inde, alors sous domination anglaise. Plus de 10 000 km pour trouver une aire de liberté, fuir ce communisme qui ne voulait pas de lui. De lui et de ses compagnons d’infortune.
Le récit est controversé, certains ont estimé qu’il était impossible de faire ça dans ces conditions, d’autres ont vu des détails qui ne collent pas avec la réalité. Peut-être même que le tout fut inventé, ou pour le moins enrobé. N’empêche que l’histoire est très prenante, et même si ce n’est pas de la grande littérature, le lecteur se laisse facilement emporté. Et puis, à ces quelques détails près, elle pourrait être tellement véridique !
Le film du réalisateur australien Peter Weir reprend ce récit, pour nous donner un superbe film d’aventure avec de très belles images. Il s’attarde surtout dans les paysages du nord, autour du lac Baïkal, dans le désert de Gobie, pour traverser très vite — d’une enjambée — l’Himalaya. Les acteurs sont parfaits, j’ai surtout apprécié Ed Harris qui a tout à fait la gueule de l’emploi en américain bourru endurci par son année de détention. Les images du goulag sont fortes également, où se côtoient tant bien que mal prisonniers politiques et prisonniers de droit commun, les derniers rackettant en général les premiers. Je ne sais pas trop quelle était la vraie réalité de tout ça, mais le film montre un côté suffisamment horrible pour qu’il soit, j’imagine, particulièrement réaliste.
Le film reprend le bouquin de manière assez fidèle, pour autant que je m’en souvienne, avec à peu près les mêmes personnages. Le destin de certains d’entre eux est seulement légèrement modifié.
J’ai bien aimé la façon de se protéger le visage du blizzard dans la forêt, et je suis très curieux de savoir quel est le mystérieux anti-moustiques qu’ils utilisent vers le lac Baïkal, sorte de tresse d’herbes mystérieuses autour du cou... ? Je me dis qu’il est tout de même bon de savoir se dépatouiller au beau milieu de la nature, sans rien d’autre pour survivre. Ça peut toujours servir. On ne sait jamais, par les temps qui courent, si le goulag revenait au goût du jour ?
Bref, un film à voir pour profiter des belles images, des moments forts au sein de de petit groupe d’évadés unis dans leur incroyable projet, et peut-être d’un aspect documentaire si tout cela part d’une base réaliste !
Guillaume Blanc
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