La mission de l’université ?
Sur son blog « Vive la connaissance ! », Hervé This discute de la mission de l’université comme l’aide nécessaire aux étudiants pour leur permettre d’ensuite poursuivre l’édifice de la connaissance. En d’autres termes, former ceux qui feront la science de demain.
Je reviens ici sur cette assertion pour la discuter à mon tour.
Le fait de dire que les enseignants-chercheurs sont à la bonne place à l’université, car à la pointe du savoir, donc à même de pouvoir le transmettre aux étudiants qui à leur tour produiront ensuite ce savoir, présuppose quand même que l’université a pour unique but de former les chercheurs de demain. Ce qui est vrai — ou qui était vrai —, mais pas seulement, et loin s’en faut. Combien d’étudiants parmi la myriade qui se trouve dans les premières années de la licence iront jusqu’au doctorat ? Très très peu. Aujourd’hui l’université est une courroie indispensable de transmission du savoir pour former des citoyens « ordinaires ». Et de fait la population des étudiants de licence, actuellement, représente bien la diversité de la société. Ce ne sont plus des enfants de couches sociales favorisées et instruites comme ce fut le cas (?) il y a quelques décennies. Désormais, toutes les couches sociales sont représentées. Et c’est très bien, car l’éducation et les connaissances doivent pouvoir s’immiscer partout, c’est évidemment la clef pour la liberté, l’indépendance, la démocratie, la lutte contre l’obscurantisme, etc.
Le revers de la médaille est que la mission de l’université doit se diversifier : elle doit former les citoyens de demain, sans oublier, parmi ceux-ci, la poignée qui fera la science de demain. Mais pour former le citoyen de demain, les enseignants-chercheurs doivent se renouveler : il ne suffit plus d’être à la pointe de la science et de se contenter de la transmettre, brute de décoffrage, il faut désormais y mettre les formes, sous peine d’herméticité. Car le public étudiant des universitaires est désormais moins perméable à l’aridité d’un cours (je parle dans mon domaine, la physique). Ils doivent donc extirper d’eux-mêmes des trésors d’ingéniosité pour expliquer les concepts ardus et ainsi faire preuve de plus de pédagogie.
Évidemment, pour que certains de mes collègues acceptent ce constat [1], il faudrait que notre métier prenne cet aspect en considération.
De fait, des réflexions et innovations pédagogiques fleurissent un peu partout dans les universités, sur comment réussir cette difficile (et double) mission. On parle désormais de pédagogie et les jeunes [2] enseignants-chercheurs sont (un peu) formés à ça, contrairement à ce qui se passait avant.
[1] Combien s’imaginent encore faire des cours de licence deuxième année pour de futurs doctorants ?
[2] Et dire que disant cela, je m’exclus naturellement du groupe... M’enfin !
Guillaume Blanc
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