Insonorisation et craies
J’enseigne dans les nouveaux locaux de l’université Paris Diderot depuis début 2007. Les salles de cours et de TD sont, pour l’essentiel, dans le bâtiment dit « Halle aux farines, » dont l’architecture labyrinthesque est sortie tout droit de l’esprit torturé d’un architecte (torturé). Des murs bruts de décoffrage au sens littéral, et puis des salles de TD relativement insonorisées. Certaines de ces salles ont effectivement des panneaux anti-bruits. Le fond de la salle est tapissé d’un mur de petits trous. C’est assez efficace, car en passant, l’oreille qui se trouve proche du mur ne reçoit effectivement aucun son, curieuse sensation de silence asymétrique.
Dès que j’ai mis le pied la première fois dans ces salles, je me suis rapidement rendu compte que les trous en question avaient exactement la taille d’une craie, légèrement plus grand pour permettre à celle-ci de s’y glisser sans peine, avec l’impossibilité de les récupérer ensuite. J’ai trouvé le hasard particulièrement pervers, si cela avait voulu être un fait exprès, cela n’aurait pas été aussi bien taillé sur mesure.
Je prédisais alors en moi-même des mosaïques de craies aux couleurs variées dans les semaines, les mois, les années à venir avec en prime une efficacité nettement moindre de ces panneaux « acoustiques. »
Curieusement, il n’en fut rien. Huit ans après, il y a bien quelques craies dans les trous, mais globalement, les murs d’isolation acoustique restent vierges de tout graffiti mosaïcal. Probablement est-ce trop fastidieux de « taguer » ainsi, petit trou après petit trou petit bout de craie après petit bout de craie ? Ou bien est-ce démodé ? À moins que les étudiants soient devenus respectueux du mobilier, subitement ?
Guillaume Blanc
Articles de cet auteur
Mots-clés
Site réalisé avec SPIP + AHUNTSIC
Visiteurs connectés : 22