Déplier le timon, le rigidifier avec les anneaux, enlever la glace et la neige aux extrémités, enfiler le harnais, se mettre dans l’« axe » de la bête : les planches au milieu du timon, le traîneau dans le dos, et accrocher les deux mousquetons des tiges sur le baudrier. S’arc-bouter. Soixante kilos, la bougresse. Le convoi s’ébranle doucement. Le coefficient de frottement dynamique étant fort heureusement toujours plus faible que le coefficient de frottement statique, une fois lancé, il convient d’éviter de s’arrêter. Peaux synthétiques sous les spatules, les skis mordent la neige, devant. Écartement au-delà du standard, la pulka est large. Trace standard, vite aplanie, charcutée : la pulka en laisse creuse une véritable tranchée. Allure d’escargot. Escargot qui porte sa maison non sur son dos, mais dans sa remorque. Lentement, mais sûrement. Immense trace (de bave ?) qui serpente tranquillement dans la (faible) pente du glacier. J’en bave.
Limiter les virages, la pulka ne suit pas et n’en fait qu’à sa tête. La gravité n’aide pas, quand ça monte. La pulka glisse, tire en arrière, ou sur le côté. Elle se retourne, vrillée ! Et moi avec, tête première dans la neige poudreuse. Je râle. Déploiement d’énergie pour remettre ma maison sur les rails. Transpiration. Limitée, il fait froid quand même.
Tirer, pousser sur les fixations. Tirer sur les épaules. Tirer sur les reins. S’acharner. Poursuivre. Continuer, toujours. Droit devant. Là-bas...
Le paysage défile à une allure d’escargot. Minéral. Glaciers, neige, montagnes. Lentement, doucement. Tout le temps de penser, de ruminer, d’imaginer. De regarder. Émerveillé.
Repartir... Quand ?
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