Les tribulations d’un (ex) astronome

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Projet de Constitution : où j’en suis à J-3...

jeudi 26 mai 2005 par Guillaume Blanc

Plus je lis des trucs, débats, forums, arguments pour, arguments contre, moins j’y vois clair. Le débat fait rage sur internet, ce en dehors de tous média traditionnels (auxquels je n’ai pas facilement accés, de toute façon), et c’est tant mieux. Mais à moins de suivre un forum sur la question depuis le début, c’est impossible de prendre le train en route : il y a souvent des dizaines de « posts »par jour !

Au départ, je me posais pas de question : l’échéance était lointaine. Puis une amie m’a fait me pencher sur la question, il y a un mois. Je me suis penché. J’ai d’abord lu le fameux argumentaire d’Étienne Chouard. Convainquant je dois dire, pour qui n’y connaît absolument rien en matière de droit, de politique, d’économie, de constitution, etc, comme moi (mouais, je regrette amèrement d’avoir sécher les cours d’instruction civique quand j’étais jeune ; mais ce qui est fait est fait...). Puis, j’ai lu un contre-argumentaire par un « vrai » prof de droit (que j’ai moins bien saisi, au passage, mais qui semblait dire que les arguments du sus-cité Chouard étaient fallacieux). Bref, je n’y voyais de nouveau plus vraiment clair. J’ai fureté ça et là sur internet, j’ai discuté comme je pouvais, avec des amis français lors de passages dans l’Hexagone (parce que les italiens s’en fichent comme de leur première sucette de cette constitution, leur parlement l’a déjà ratifié à leur place...).

Évidemment, quelque part mes recherches étaient biaisées. Je cherchais des arguments pour me raccrocher au oui. Car l’Europe, je la vis tous les jours : je suis payé par l’Europe, je travaille au sein d’un réseau de recherche purement européen, je paye mes tomates en euros et non pas en lires, ce qui m’évite bon nombre de migraines, parce que franchement, avant, trimbaler tous ces zéros, avec les lires, pas fastoche... Quand je vais voir mes collègues allemands à Munich, c’est tout juste si je dois penser à mettre ma carte d’identité dans la poche de mon jeans, et je trimbale mes euros... Les mêmes qui me servent à payer mes tomates à Padoue ! Pareil quand je rentre chez moi, en France. Bref, l’Europe, moi, elle me simplifie la vie. Ce projet de Constitution est probablement l’occasion unique de lui donner des bases encore plus solides pour affronter l’avenir. De la rendre plus forte.

Est-il donc possible que ce texte soit si mauvais, qu’il puisse mettre fin à toute démocratie en Europe, s’il s’avérait ratifié ? Anéantir tout service public ? Que l’Europe se verrait soldée à la botte des américains ? ... ?

Recherches sur la toile (plutôt errance, devrais-je dire), tout bonnement, afin éviter de lire le texte proprement dit. Certes il est trop long, trop compliqué, mais de toute façon, s’il était plus court, même s’il ne faisait que trois pages format A4, ce pas pour autant que je le comprendrais mieux. Alors... J’essaye de me raccrocher à ceux qui l’ont lu, qui ont compris des trucs, et tâchent de les expliquer aux autres...

Internet a le mérite d’être probablement le médium (singulier de média — non, internet ne voit pas encore l’avenir...) le plus démocratique qui existe. Mais le revers de la médaille c’est que sans GPS pour s’y retrouver, on s’y perd. Une belle jungle. Mais on peut quand même avancer, petit à petit, la machette à la main, au hasard, dirais-je. Jusqu’à arriver jusqu’où on voulait en venir : des arguments convaincants pour le oui ? Bah, oui, j’en ai trouvé, finalement. Même des arguments écolos, auxquels je suis particulièrement sensible...

Mais ce qui a surtout apporté de l’eau à mon moulin, finalement, c’est Courrier International que je lis depuis un mois environ (je me suis payé un abonnement oueb pour l’occasion !). Courrier International, ce sont des morceaux choisis (OK, qui dit choix, dit biais, mais bon, faut bien faire des compromis, aussi, sinon on ne s’en sort pas !), de la presse internationale. Et ces temps-ci, la presse internationale parle pas mal du débat qui secoue notre bonne vieille France. Ça me permet d’avoir un peu de recul sur tout ça. Un point de vue différent, en tout cas. Et ma foi, c’est pas mal éclairant. En gros, tout le monde est content que les français débattent et se penchent avec sérieux sur la question. Mais tout le monde s’inquiète du non dans les sondages. En lisant ce que pensent nos voisins Européens de notre attitude, je commence à me demander si le mouvement pro-non ne serait pas le résultat d’un effet de mode franco-français : ça fait bien dans les salons de s’opposer à la marche en avant, de dire « non » à ce qui est proposé, d’autant que les politiques pro-oui, n’ont pas d’arguments convaincants. Alors, trouvons-en pour le non, c’est plus simple, et en plus, ça fait « bien »... Appliquer le fameux « principe de précaution » : on sait ce que l’on a déjà, on ne sait pas ce que l’on aura. Sait-on jamais : si c’était pire ? Alors dans le doute, autant dire non, on ne perdra rien, puisque tout restera comme avant. Comme maintenant. Les français sont champions dans ce domaine : le moindre signe de réforme, quel qu’il soit, et hop, c’est le grand tremblement : grèves, manifs, et tout le tralala... Bon, je caricature. Mais parfois ne faut-il pas avoir le courage d’aller de l’avant. Changer les choses. Un peu. Même avec un chouïa d’inconnu à la clef ? Après tout, c’est quand même pas la panacée à l’heure actuelle !

Je cite un journaliste allemand dans CI de cette semaine : « Les arguments rationnels n’ont plus cours. Personne ne vient rappeler que la nouvelle Constitution approfondit véritablement le projet européen, et qu’il l’assoit pour la première fois sur un socle solide. Le texte exprime et fixe plus explicitement que jamais le volet social ; en comparaison, les traités de Maastricht et de Nice, qui resteront valides [même en cas de victoire du non], passent pour des catéchismes d’un capitalisme primaire. » Un journaliste polonais regrette que ses concitoyens plombiers jouent le rôle de boucs émissaires dans la campagne française pour le non...

Donc, le résultat de tout ça, c’est que ma balance penche désormais vers le oui...


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