Les tribulations d’un (ex) astronome

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La douce empoisonneuse

vendredi 28 avril 2006 par Guillaume Blanc

J’ai déjà lu un roman de cet extraordinaire auteur finlandais, Arto Paasilinna, c’était «  le lièvre de Vatanen », et c’était l’année dernière. Ce livre-là, je l’avais remarqué depuis longtemps sur l’étal des libraires. Mais le titre, inconsciemment ne me disait rien qui vaille. De fait, je n’avais jamais eu la curiosité de le prendre, de regarder la couverture, de lire le synopsis. Pourtant, inconsciemment, toujours, ce titre m’intriguait : « le lièvre de Vatanen ». En fait, si je l’avais dédaigné, c’est bien sûr à cause du titre. Comme si un titre pouvait révéler quelque chose de l’œuvre. Mais ce Vatanen, dont il est question, pour moi, c’était le pilote de rallye finlandais, Ari Vatanen. Rien que ça suffisait à anéantir toute curiosité de ma part. Ces « Mad-Max de bazars », c’est pas trop mon truc. Les trucs du genre « Paris-Dakar », je trouve ça tellement ignoble que je les mets entre guillemets, en sifflotant la chanson de Renaud... Bref, cette petite parenthèse étant faite, revenons à nos moutons. Le Vatanen dont il est question n’a rien a voir avec le sus-cité. Vatanen en Finlande ça doit être un peu comme Dupont chez nous... Bref, ce « lièvre de Vatanen » raconte les tribulations parfois cocasses d’un journaliste raté dans la campagne finlandaise. Ce fut mon premier contact avec ce célèbre auteur nordique. Un superbe contact, et la découverte d’un nouveau genre littéraire : le « roman d’humour écologique ! »

Les librairies regorgent des romans de Arto Paasilinna, je ne savais sur lequel porter mon choix. Et ce fut « la douce empoisonneuse », un joli titre, une quatrième de couverture alléchante. L’histoire d’une vieille dame, veuve d’un colonel de son état, persécutée et rackettée chaque mois, quand la pension tombe, par son neveu et sa bande de bons à rien. Mais trop, c’est trop. D’un côté la bande de joyeux lurons décide d’éliminer discrètement la vieille, histoire de récupérer un hypothétique pactole, tandis que celle-ci, redoutant le pire (à raison), se concocte un petit élixir qu’elle pourrait s’injecter dans les veines le moment venu afin d’abréger d’éventuelles souffrances. Évidemment, les plans des uns et des autres ne se passent pas tout à fait comme prévus, et les rôles pourraient bien se retrouver inversés, dans la plus grande innocence...

Paasilinna raconte son histoire avec beaucoup d’humour, un ton léger, presque comme si de rien était. Le lecteur que j’étais a navigué dans ces pages avec un bonheur sans cesse renouvelé. Au détours de l’une d’entre elles j’ai même appris ce qu’était un « limnologue » ! Et bien non, un limnologue ne travaille pas dans la limonade, mais « étudie les eaux, il sait tout sur les lacs, les mers et les poissons.  » Bref, on se marre bien, on s’instruit, ça se lit comme ça. D’autant que finalement, on s’en sera douté, la morale est sauve, et (presque) tout le monde est content. L’auteur finlandais met le verbe et l’humour dans la défense des plus faibles, que ce soit la vieille dame de « la douce empoisonneuse » ou les forêts boréales du « lièvre de Vatanen ». Le plaisir fut toujours aussi intense à lire le deuxième qu’il le fut au premier. Je vais donc poursuivre la découverte de l’œuvre de cet auteur...


« La vieille colonelle se fit la réflexion que les hommes et les femmes se comportait de manière très différente face aux cadavres. Les hommes, et surtout les soldats, se moquaient bien de l’aspect que pouvaient avoir les défunts, ils n’éprouvaient pour eux ni tendresse ni respect, même quand ils les avaient tués eux-mêmes. Les guerres en étaient un bon exemple, les hommes enterraient sans état d’âme leurs ennemis pêle-mêle dans les fosses communes, sans cercueils ni croix. Dans la même situation, les femmes auraient à coup sûr veillé à ce que les morts du camp adverse soient correctement traités. Les cercueils auraient été décorés de dentelles et de fleurs et de pieuses cérémonies auraient été organisées pour accompagner les combattants ennemis jusqu’à leur dernière demeure. »

« D’immenses talents se gaspillaient dans cet État policier du simple fait de circonstances défavorables, des individus supérieurement intelligents étaient exclus de la société pour la seule raison qu’ils refusaient de se plier au joug esclavagiste de lois et de règlements mesquins. »

« À mesure que l’homme change, ses fantasmes évoluent.  »


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