L’équation économique de notre société me paraît d’une grande simplicité : la courbe du chômage n’est pas prête de s’inverser, tout simplement parce que la technologie aidant, il y a de moins en moins de travail notamment pour les moins qualifiés. N’avez-vous pas remarqué en faisant vos courses que c’est désormais vous-même qui faites de plus en plus le boulot des caissiers et caissières ? Un article du Monde Diplomatique de ce mois-ci sur le géant de la distribution interplanétaire Amazon, dénonce les conditions de travail des salariés dans les entrepôts gigantesques, qui sont quasiment fouettés pour courir chercher d’un bout à l’autre des étals les trucs que vous commandé en un clic à 10h43 et qui sont stipulés « expédiés » à 10h44. Esclavagisme moderne. Mais ce même article mentionne le fait qu’Amazon investit actuellement fortement dans la recherche en robotique. C’est vrai que plutôt que d’avoir des humains aux conditions de travail déplorables guidés par des GPS pour aller automatiquement d’un produit à l’autre par le plus court chemin dans l’entrepôt, autant que ce soient des robots qui fassent ce sale boulot.
Certes. C’est bien joli me direz-vous, mais quid de ces travailleurs qui vont donc nécessairement perdre leur boulot dans un avenir pas très lointain ? Chômage...
Et oui, s’il faut avoir un diplôme de bac+5 pour être encore à peu près sûr d’avoir un boulot, alors que faire des autres ? Chômage...
Le progrès technologique bouffe notre pain quotidien. Enfin pour le moment surtout celui des moins qualifiés parmi nous. Du moment qu’une machine peut faire le boulot...
La solution, probablement inéluctable si on ne veut pas voir notre société sombrer dans la déchéance, serait d’instaurer un salaire pour tous. Travailleurs ou pas. Un vrai salaire qui permet de vivre et de consommer. De faire fonctionner la machine économique, en somme. Sans nécessairement le gagner à la sueur de son front, ce salaire. Une sorte de SMIC mensuel universel. Un peu comme le RSA, mais décent. Et ceux qui travaillent verraient ainsi leur salaire augmenter et donc leur niveau de vie.
Je rêve de ça depuis un certain temps, ce droit à l’oisiveté, pouvoir prendre le temps de vivre ses (mes) rêves plutôt que de gagner sa (ma) vie. Doux rêveur utopiste. Pour me rendre compte en lisant le Monde Diplomatique de mai 2013 que je ne suis pas le seul dans ce cas, et même des gens très sérieux, économistes et tout et tout, ont pensé à la même chose. Ça alors ! Du coup, la chose passe de rêverie lointaine inaccessible à quelque chose de potentiellement tangible (parce que les gens très sérieux ont fait de savants calculs, si si, c’est tout à fait possible d’y venir à ce salaire universel !). Reste à ce que l’idée s’immisce un peu au sein de tout un chacun, et en particulier parmi nos dirigeants.
Il y a évidemment du pain sur la planche, parce que l’équation rémunération = travail est profondément ancrée dans notre société, alors vivre sa vie en glandant, pensez-vous ! Quand j’en parle autour de moi, on rigole gentiment, en en pensant pas moins.
Mais pour parvenir à cela, il faudra probablement arriver à ce que les richesses soient un peu mieux réparties. Actuellement le capitalisme diverge, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Richesses concentrées dans un petit cénacle. Sauf que les pauvres gagnent largement par leur nombre, ils pourraient facilement leur mettre la pâté aux riches, et faire en sorte que l’économie redevienne comme avant, un chouïa plus équitable. Jusqu’à quand allons-nous accepter sans moufter les scandales financiers qui peuplent nos quotidiens ? Payer des impôts, oui, mais certainement pas pour enrichir des Bernard Tapie !
Après tout dépend de ce à quoi on aspire : une société profondément inégalitaire avec quelques nantis et une armée de crève-la-dalle — et donc une société dangereuse y compris pour les nantis —, ce vers quoi on tend asymptotiquement actuellement ; ou bien une société plus égalitaire ou tout un chacun y trouve son compte, et n’a donc aucun intérêt à aller taper sur la tronche de son voisin ?
Bon, on s’y met ?
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