Chapitre 4
Matière complexe¶
Fil d’Ariane que l’on déroule dans la vaste montagne hivernale, simple rail dans une neige vivante, éphémère ; véritable tranchée dans une neige légère et profonde, ou repère ténu, neige dure effleurée, balisage discret, la trace, capricieuse, virevolte. Parfois on la fait, parfois on la suit, paisiblement ou suffoquant. Tracer, c’est tout un art : choisir la bonne pente, le bon endroit, la bonne croupe, le bon vallon, engager une conversion ici, ou plutôt là, pour viser là-bas, plus haut. Neige poudreuse. Soulever un ski, l’avancer, tasser la neige, soulever l’autre ski, parallèlement, tasser la neige, un peu plus loin, et recommencer. Entamer la neige, vierge auparavant. Tracer, en somme... Recette de la conversion, virage en épingle à cheveux pour gravir la pente sereinement : soulever, rentrer et tourner le ski amont autour de la cheville aval, lui faire faire un demi-tour, passer le talon du ski, le rentrer un peu. Le reposer. Venir prendre appui dessus. Ne pas se casser la figure. Ramener enfin le ski aval à ses côtés. Qui devient amont. Poursuivre ainsi.
Parfois la trace est déjà là. Alors, surtout quand c’est particulièrement profond, il est permis de l’emprunter. On peut éventuellement râler (un peu, en silence) sur trop raide, ou pas assez, trop de virages, trop étroite, trop droite, trop courbée, trop... N’empêche, on est content qu’elle soit déjà là. Pourtant, quand on trace, c’est le plaisir de la découverte : découverte de la neige sous les spatules et de son petit bruit feutré : « scritch, scritch... », découverte de la pente lisse, feuille blanche, découverte du paysage qui se livre pas à pas derrière la butte, le mamelon, le col ou la crête. Les sens sont en alerte, l’esprit est vif. En suivant la trace toute faite, on peut parfois se laisser aller à quelques rêveries. Glisser, un ski après l’autre. Les rails impriment la direction. Une trace de skis, propre et régulière, c’est beau. Petite tranchée harmonieuse, ornée de trous à droite et à gauche, elle serpente dans le fond du vallon, zigzague dans la pente. Oui, une trace de ski, sur le manteau immaculé, c’est beau. Beau comme deux parallèles parfaites qui se courbent vers l’horizon des évènements. Beau comme le champ des possibles par-delà la croupe. On dit « la trace » parce qu’il ne peut y en avoir qu’une. La trace de montée est unique comme les traces de descentes sont multiples. La trace de montée, c’est nécessairement à la queue leu leu : il ne pourrait en être autrement. La trace de descente, c’est chacun pour soi. La trace de montée, la rectitude même (presque), la trace de descente, la courbure est de mise. La transition est le plus souvent sommitale : après la montée, la descente. À l’unicité succède alors la multiplicité. Une trace pour chacun, chacun sa trace. Gare aux recoupements !
Une légende urbaine raconte que la langue inuite permet de désigner la neige sous de très nombreuses formes différentes. En réalité, elle n’a que deux radicaux sur lesquels s’agglutinent de multiples « qualificatifs », formant ainsi des sortes de phrases[1]. Le français n’est pas en reste, en matière de qualificatifs pour la neige. Le skieur de montagne dispose d’une vaste panoplie pour dénommer l’état du matériau qu’il a sous ses planches : poudreuse, qui peut être légère, tassée ou encore humide, neige mouillée, transformée, profonde, béton, ventée, trafolée, dure, croutée, gelée, de printemps, collante, etc. Il trouvera toujours un moyen de la caractériser. Nom ou adjectif, elle sera « bonne » ou « de rêve » — ne lésinons pas — si le plaisir est là, ou « pourrie » à l’inverse. Ce qui fait l’attrait de la chose c’est que, de toute façon, la neige n’est jamais égale à elle-même. Son état évolue sans arrêt, dans l’espace, d’un virage à l’autre, d’une pente à l’autre, d’une orientation à l’autre, d’une altitude à l’autre, mais aussi dans le temps, en fonction des conditions météorologiques telles que le vent, la température ou la couverture nuageuse. Évidemment, il y a quelques constantes auxquelles on peut raisonnablement s’attendre, comme la poudreuse froide dans les pentes abritées du soleil — et du vent ! — en hiver, comme la neige « moquette » sur une belle pente à l’adret au printemps, à condition de ne la descendre ni trop tôt — la neige y serait « béton » — ni trop tard — on virerait sur une variante de la « soupe ». À la descente, le skieur appréciera en particulier la neige poudreuse légère qui lui donnera cette sensation de flotter d’un virage sur l’autre, mais la moquette printanière n’est pas en reste. À la montée, il préfèrera probablement une neige peu profonde, faisant ainsi sa trace avec un effort moindre, même si cheminer dans une bonne couche de poudreuse peut aussi être particulièrement plaisant par certains égards ; au risque de se tuer à la tâche, celle de creuser une tranchée dans la « profonde ».
Au lendemain d’une chute de neige conséquente, la quantité de neige fraiche peut être telle que faire la trace devient effectivement épuisant. Sous la canopée du mélézin, à l’abri du vent, il m’est arrivé de rencontrer une telle profusion, la neige fait alors de la résistance. Si l’épaisseur est vraiment imposante, la descente même devient difficile, on surnage ; il vaut mieux alors éviter les pentes raides, probablement chargées à la limite de la rupture, pour se contenter du raisonnable. Le plaisir réside ailleurs, dans la féérie des arbres emmitouflés d’un éphémère et imposant manteau poudré tout étincelant dans le soleil retrouvé.
En d’autres situations, des neiges « béton », polies par le vent au cœur de l’hiver ou par le regel au printemps, pourront nécessiter un ustensile afin d’améliorer l’accroche des peaux à la montée, les couteaux, mâchoires qui s’encastrent à l’avant de la fixation dont les dents viennent mordre la neige de part et d’autre de la planche.
Il y a la neige « collante » qui « botte » sous les peaux, s’y accumule en sabots lourds et désagréables. Haltères aux pieds, boulets qu’il faut trainer et supporter, impossible de l’effriter ou de la décoller : elle n’en revient que de plus belle. Les patins grossissent, prennent du ventre, et alourdissent d’autant le poids à soulever à chaque pas. La trace ressemble à une tranchée, la faire ou la suivre, ça « botte » du pareil au même. Cet état de fait particulièrement déplaisant arrive de temps en temps, je n’ai pas de solution pour y remédier définitivement. Peut-être que le matériau constitutif des poils des peaux, mohair, synthétique, mélange des deux, y serait pour quelque chose ? En tout cas, tous les produits et recettes miracles que j’ai pu essayer sur le terrain améliorent la glisse sur cent ou deux-cents mètres, et puis hop, il faut recommencer, s’arrêter, déchausser, racler les peaux, les badigeonner et repartir. Pour cent ou deux-cents mètres. Aucun produit ne semble pouvoir éradiquer le bottage une fois que le mal est fait. Alors, en général, je décide de ne rien faire, de prendre mon mal en patience, de râler, voire de jurer, aussi, ça aide. Ces situations inconfortables finissent toujours par se calmer. La collante vient souvent de neiges non homogènes, sèches et humides, ou inversement, mais cela ne dure pas. En principe. Parfois, si. Une neige humide de bas en haut, des peaux un peu âgées, et les sabots s’invitent pour ne pas décrocher avant le sommet. Quoiqu’il en soit, ça fait les cuisses !
Crête de la Seyte, fin 2009. Au départ, le ski glissait convenablement sur le manteau de neige imbibé. Un petit crachin pour rester éveillé. Et puis, l’altitude aidant, la neige se fit moins compacte, et devint collante. Il a fallu lutter pour progresser, un pas après l’autre. Une tentative de fartage des peaux se révéla infructueuse. La neige recolla trop rapidement. Rien à faire, si ce n’est avec. Débauche d’énergie. Jouer avec le terrain, car avec ces sabots garnis, la moindre traversée s’avérait impossible : la couche humide superficielle glissait systématiquement sur un fond plus dur. Les carres, prises dans leur gangue, n’étaient d’aucun secours. Glissade inévitable, épuisante. Les couteaux ? Ils auraient instantanément disparu au milieu de l’amalgame permettant même probablement d’en ajouter une couche. Faire avec. Le seul espoir d’en finir résidait dans l’altitude fatidique : la limite pluie/neige. Au-delà, qui sait ? Espérons seulement que le sommet sera un peu au-dessus.
Creuser cette tranchée difforme dans la molle épaisseur gluante était exténuant, mais quelque part, j’aimais cela. Je ne suis pas sûr que Francesco ait apprécié la chose à sa juste valeur. J’y mettais une énergie sans pareil si bien que les mètres de dénivelé défilaient. Nous nous élevions. 2000 mètres d’altitude. Ça collait toujours. Est-il possible qu’il ait plu si haut ? La forêt commença à s’éclaircir, les mélèzes se parèrent alors de myriades de breloques glacées. Tandis que la couverture nuageuse se disloquait, comme pour fêter cela, la neige se fit brutalement légère. En l’espace de quelques foulées, les skis retrouvèrent leur glissant habituel. Limite pluie/neige. 2200 mètres d’altitude. Le frein avait été desserré... Quelques rayons de soleil se frayèrent alors un chemin entre deux nuées et vinrent timidement illuminer le paysage. Le relief cotonneux qui nous entourait prit toute son ampleur. Les arbres décharnés par l’hiver étaient comme les marionnettes d’un théâtre d’ombres chinoises. Les spectateurs uniques et discrets que nous étions progressaient silencieusement dans cette scène féérique. L’éclairagiste s’en donnait à cœur joie, pour notre plus grand régal. Paysage originel. Lumière inespérée. Légèreté poudreuse. Magie de l’instant. Bientôt le sommet. Éclairé. Enneigé. Nous nous arrêtâmes à l’abri d’une brèche, je fis un rapide aller-retour à pieds à la croix sommitale à cheval sur une fine arête de neige sur laquelle je brassais jusqu’au ventre. Et puis le miracle se referma, le rideau tomba. La scène s’occulta. Le relief disparu avec elle.
Nous entamâmes la descente. Agréable sensation de flottaison sur un manteau pulvérulent. « Ça » volait allègrement. Mais « ça » ne dura pas. Bientôt la forêt et la neige humide et lourde qui nous avait collés à la montée. Cannelures. La pluie a eu un autre effet pervers qui se révéla, celui-là, à la descente : outre le fait qu’elle tasse et humidifie plus que de raison le manteau neigeux jusqu’à le rendre excessivement collant, elle s’écoule en creusant un entrelacs de rigoles qui s’enfilent droit dans la pente. Solidifiées sous l’action de quelques températures vaguement négatives, il en résultait un terrain abominablement sillonné que nous devions franchir. Les skis hoquetaient sur cette inégale surface cannelée, prenant parfois des initiatives inédites que le skieur avait du mal à rattraper, tout en louvoyant entre les arbres qui formaient un réseau plus ou moins dense d’obstacles. Les cuisses chauffaient. Quelques inévitables gamelles plus loin, comme toutes les bonnes choses ont une fin, les mauvaises aussi, nous pûmes finir sur une fantastique piste de bobsleigh aux virages en épingle à cheveux, où toute sortie de rampe était prohibée sous peine d’une rencontre avec quelques troncs ou broussailles peu enclins à se pousser. Nous émergeâmes par le bas, indemnes, sous un crachin rafraichissant, les yeux qui pétillaient encore du spectacle de la nature.
Une solution pour limiter le calvaire des sabots sous les peaux est d’anticiper en enduisant les peaux sèches d’un produit hydrophobe à la maison avant de partir. Reste à trouver une substance compatible avec sa dispersion dans la nature. J’ai découvert ça en écrivant le guide « Ski de rando, tome 1 ». Dubitatif, j’ai tenté l’expérience à deux reprises sur mes vieilles peaux avec du fart en tube, Osixo, que j’avais dans un coin depuis des années, sans savoir vraiment quoi en faire. Sur plusieurs jours de ski, je n’ai ensuite pas eu un seul sabot. La recette semble fonctionner. Il me reste à essayer d’autres produits, le fart en pâte semble être le résultat d’une chimie de synthèse peu compatible avec sa dilution dans l’environnement.
Malgré quelques déconvenues persistantes, désormais, à la descente, l’intervalle de « bonne » neige s’est trouvé agrandi grâce aux progrès du matériel. Les skis modernes, tout en courbes, paraboles, cambres et rockers[2], améliorent la plage de plaisir. Là où, auparavant, avec des skis droits, descendre relevait du calvaire nécessaire, cela devient quasiment plaisant. Il subsiste quand même quelques situations assez cauchemardesques, comme la croutée dure, mais pas trop, les skis naviguent alors dans un entredeux qui empêche obstinément tout changement de direction. Dans ce cas extrême, la solution c’est de tracer des bords. Quand le vent a joué de son art en découpant de belles sculptures, sastrugi, le relief anguleux ainsi généré n’est pas toujours des plus faciles sous les spatules. Cela dépend bien sûr de la taille des arabesques. Si les vagues culminent à une coudée au-dessus du sol, ce n’est plus du ski, mais du rodéo : on fait ce que l’on peut pour rester en selle !
Il arrive que la pente soit déjà zébrée de traces de descentes, on parle de neige trafolée. Je ne sais pas vraiment d’où vient ce qualificatif. D’après le dictionnaire, trefoler ou trifoler signifie « arracher les pommes de terre » ; or l’arrachage des pommes de terre cultivées géométriquement laisse une trace au sol généralement en forme de sillon. Peut-être est-ce par analogie avec ce jardin de patates retourné que ce participe passé est employé, trafolé, pour désigner un champ de neige sillonné de traces. Parcourir un tel capharnaüm émousse le plaisir, les traces des autres ôtent non seulement toute virginité, mais également toute homogénéité ; pour peu qu’elles soient anciennes, durcies par le vent et les variations de température, la glisse devient chaotique.
Parfois des étoiles tombent du ciel. À travers les nuages. Étoiles de neige. Des flocons, cristaux minuscules à six branches, chutent librement avec lenteur, virevoltant telles des feuilles mortes dans un brouillard translucide. Dès que le voile se déchire, la fine couche étoilée qui recouvre le sol brille « comme une robe de poupée Barbie » dans le soleil, avec des reflets colorés, et donne l’impression de skier sur un tapis de diamants. Il suffit de s’accroupir et de pencher son regard sur ces flocons ténus, quelques millimètres de diamètre, pour entrer dans un extraordinaire monde de symétriques géométries. Cet univers est aussi immense et varié que le nombre de flocons quand on prend le temps de l’observer ; même si les scientifiques parviennent à le réduire en quelques types morphologiques génériques[3].
Le vent est un paramètre à ne pas sous-estimer. Quand il souffle continument, il finit par peser sur les nerfs. Pour peu qu’il arrive de face, ou de côté — curieusement, on ne l’a jamais dans le dos ! — qu’il souffle plus ou moins puissamment, il est souvent obsédant quand il ne gèle pas une partie du visage. S’il est moyennement fort, avec les vêtements adéquats, on le supporte. Dans la chaleur printanière, la brise est salutaire, elle rafraichit. Mais généralement, le vent use le moral. Point trop n’en faut. Et pourtant, son travail sur la neige aboutit souvent à de majestueux tableaux. Les grains décollent dans la tourmente, s’envolent, virevoltent, et suivent le flux ; on observe ainsi littéralement l’air se mouvoir, buter sur les obstacles, les contourner. Le vent cisèle des sculptures abstraites d’une incroyable finesse, à la cohésion défiant la gravité. Les congères sont des accumulations ou zones de dépôt, tandis que les sastrugi sont des monticules de neige dissymétriques, vagues figées dans leur déferlement, sous le vent. Le mot est emprunté au russe, sastrugi au pluriel, sastruga au singulier. Ces déferlantes sont le résultat de l’érosion éolienne de couches de neige suffisamment solides pour résister au flux d’air, mais néanmoins soumises à l’abrasion d’un vent chargé de particules de neige[4]. Décorations qui sont du plus bel effet sur les photos, mais peu agréables à skier.
La discipline s’intéressant à la neige est la nivologie, non pas l’art de niveler les pentes, mais la science étudiant cet état solide des précipitations qui recouvrent merveilleusement une partie de notre planète. Le nivologue s’évertue à comprendre le matériau neige, particulièrement complexe car composé d’une grande quantité de particules plus ou moins liées les unes aux autres. Particules qui évoluent dans le temps en fonction de paramètres physiques comme la température, la pression ou l’humidité, mais également dans l’espace sur les pentes et en profondeur. Pour cela, il dissèque le manteau neigeux pour en séparer les différentes strates, signatures historiques de différentes chutes de neige ou de différentes transformations thermodynamiques des flocons originels agglutinés à la surface du sol par la gravité. Il observe au microscope pour appréhender les grains, embrasser leur formation et leur évolution. Il modélise le manteau à l’aide de la physique, d’outils mathématiques et de programmes informatiques pour mieux expliquer sa dynamique, notamment quand elle quitte son aspect statique pour dévaler les pentes en avalanches sous l’effet de la pesanteur. La nivologie, comme toute science, a son vocabulaire pour désigner l’objet de son étude, la neige et sa multitude de grains, cristaux hexagonaux, particules reconnaissables, grains fins, givre, gobelets, grains ronds, les différents types d’avalanches, plaque, dure, friable, aérosol, humide, etc. Elle apporte son lot de connaissances sur la complexité du matériau poreux et hétérogène et fournit alors des informations factuelles qui permettent aux spécialistes de forger des outils pour que le randonneur, arpenteur sportif ou contemplatif, puisse gérer au mieux le risque d’avalanches.
Le printemps peut parfois se loger au cœur de l’hiver, beau temps, neige stabilisée, chaud. L’hiver peut aussi se nicher au cœur du printemps. Au mois d’avril dans les Hautes-Alpes, on s’attend à avoir relativement chaud, à jouer avec les horaires et les orientations pour optimiser le plaisir de la glisse. Il arrive qu’il faille revoir ses attentes. Lors d’une balade printanière en 2021, la neige est recroquevillée en altitude, l’atteindre nécessite de porter les skis, parfois en pointillés ; elle se niche sur les versants nord. Il fait froid, collant et doudoune sont de rigueur. Puis chaud : le soleil se découvre, nous aussi. Puis froid, une brise glaciale descend d’on ne sait où, la veste ressort du sac. Puis chaud, étouffant. La patience est de mise pour composer avec les éléments : enlever puis remettre une couche de vêtement et vice-versa. La neige est à la fois printanière par endroit, dure au petit matin, ramollie ensuite, hivernale ailleurs, poudreuse, ventée. Les pentes à l’ubac sont le résultat d’un savant millefeuille gorgé des récentes chutes, modelé avec le vent passé. L’objectif du jour semble inaccessible, degré de danger hivernal. Nous reviendrons…

Touché par la grâce
C’est en fait un peu plus compliqué, la langue « inuit » n’existe pas en tant que telle, mais regroupe de nombreux dialectes des nombreux peuples de l’Arctique. Une continuité linguistique existe néanmoins entre le Groenland, le Grand Nord canadien, l’Alaska et l’est de la Russie, formant les langues eskimo-aléoutes. Ce sont des langues polysynthétiques (ou agglutinantes) qui peuvent produire un grand nombre de mots en ajoutant des suffixes les uns sur les autres. Par exemple, en inuktitut de l’est canadien, qanittaq signifie « neige fraîchement tombée » quand son radical qanik veut dire « neige en train de tomber ».
Le cambre est la courbure du ski par rapport à l’horizontale : le ski posé à plat peut soit toucher au centre (sous la fixation), soit toucher aux extrémités, selon ce à quoi il est destiné. Le rocker est un relèvement précoce de la spatule. Il peut aussi y en avoir un à l’arrière.
On pourra consulter l’article La formation des cristaux de neige, par Kenneth Libbrecht dans Pour la Science n° 352, février 2007 ainsi que Comment se forment les précipitations, Guillaume Blanc, Carnets d’Aventures n° 66, janvier 2022.
Pour en savoir plus sur la formation des sastrugi, voir par exemple : Snow bedforms : a review, new data, and a formation model, S. Filhol et M. Sturm, 2015, Journal of Geophysical Research : Earth Surface, volume 120, pages 1645-1669.