La physique comme première appréhension du monde
Ma fille (16 mois) montre une curiosité sans borne devant le monde qui l’entoure. Je suppose que c’est le cas de tous les jeunes enfants [1]. Elle a bouclé sa première année d’existence il y a une poignée de mois, et je me dis que découvrir chaque merveille du monde qui l’entoure, au rythme du temps qui passe, doit être absolument extraordinaire dans un cerveau tout neuf. Si on pouvait se rappeler notre première année — nos premières années...
D’ailleurs, le monde est appréhendé par son côté physique en premier lieu. La pesanteur qui l’a longuement empêché de marcher, l’équilibre auquel elle aspirait de toutes ses forces — cet équilibre encore précaire, bénie soit la couche amortissante —, la mécanique, cinématique avec la trajectoire du ballon ou de la voiture en bois, dynamique avec les jouets qu’elle manipule, articulés, tirés, roulés, optique quand elle contemple son image dans un miroir, frottements, pour marcher, enfin, la mécanique des fluides, loi d’Archimède dans son bain, la douche qui s’écoule entre ses petits doigts, les flaques d’eau qui éclaboussent quand on saute dedans, acoustique, avec ces histoires qu’elle raconte — mais que je ne comprends malheureusement pas [2] —, ces chansons au son desquelles elle esquisse quelques pas de danse, ces bruits qui l’intriguent, ces sons qu’elle produit elle-même. L’électricité est encore volontairement laissée de côté, même si les interrupteurs ont la côte. L’électromagnétisme viendra plus tard !
Et pour ne pas être sectaire, outre la physique, d’autres sciences ont également le vent en poupe : la biologie, en commençant par l’anatomie et la découverte de son corps, un début de physiologie, aussi, même si c’est plutôt « subit » que découvert, et puis tout ce qui se trouve dans la nature, les animaux, évidemment (zoologie), les fleurs qui poussent (botanique), les arbres qui bruissent au gré du vent, la pelouse qui verdit... Le tout dans un mode contemplatif/tactile (le coléoptère découvert en forêt et ausculté du bout des doigts a tout de même passé un sale quart d’heure...). La chimie demande encore un peu de temps, tout comme l’abstraction mathématique, mais on a vu que la linguistique faisait des bonds en avant grâce à elle.
Ah ! La science !
[1] Ce qui me fait me demander ce qui se passe entre ces âges-là et l’université ? Nos enfants sont-ils lobotomisés dans l’intervalle ?
[2] Je ne suis pas linguiste pour un sou, mais les monologues qu’elle tient semblent être très structurés, même si dans un langage probablement unique !
Guillaume Blanc
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