Les tribulations d’un (ex) astronome

La valse des saisons

jeudi 24 mars 2016 par Guillaume Blanc

Nous avons la chance inouïe d’habiter dans une région du globe qui offre des saisons aussi contrastées. N’est-ce pas extraordinaire de sentir les flocons de neige nous caresser les joues dans un froid mordant au cœur de l’hiver et six mois plus tard de pouvoir profiter de la douce chaleur solaire en maillot de bain au bord d’un lac ? Ou bien de partir au boulot en plein mois de janvier en vélo emmitouflé dans cinq couches de vêtements sous une pluie fine et glaciale, et de profiter du spectacle grandiose (et parfois humide) de l’orage en plein mois de juillet ?

C’est toujours un fabuleux plaisir que de voir le premier givre recouvrir le sol, mais c’en est aussi un de voir apparaître les premiers crocus dans les pelouses alpines, ou encore de voir les sous-bois franciliens se couvrir de jacinthes, de sortir le short pour la première fois en allant courir, de voir les feuilles des arbres apparaître, pousser, verdir, jaunir, rougir et tomber en virevoltant. S’habiller pour profiter du froid mordant, se déshabiller pour laisser le soleil estival caresser la peau. Prendre le temps de s’extasier sur un cristal de givre, un bourgeon qui émerge après des mois de sevrage, une fleur qui colorie la montagne estivale, ou encore ces feuilles automnales qui prennent des couleurs incroyables.

Le roulement des saisons a beau être identique à lui-même, chaque année, de solstices en équinoxes, et d’équinoxes en solstices, en fait, rien n’est jamais pareil, les surprises sont toujours au rendez-vous. Et puis même, le temps qui passe fait son œuvre, à la fin de l’hiver on oublie qu’un an plus tôt on a déjà vécu quelque chose sinon d’identique, au moins de similaire. Si on se complait à attendre avec impatience le premier flocon comme le messie d’un fantastique bouleversement, on est également heureux de voir les champs et forêts reverdir après la disparition des dernières neiges ou l’apparition des beaux jours.

C’est la diversité de ces changements, la longueur du jour, la hauteur du soleil, la chaleur ou la fraîcheur subséquente, la neige ou la pluie, qui fait tout le bonheur de l’alternance des saisons. Qui fait cette chance de vivre sous des latitudes « moyennes » (et tempérées) où l’élévation du soleil varie beaucoup au cours de l’année, mais pas trop, où les journées courtes succèdent aux journées longues, et vice versa.

Le cycle annuel de la nature, du premier flocon au premier flocon, en passant par la première soldanelle, est ponctué, ici ou là, de quelque admirable nouveauté, selon les années. Nouveauté cyclique, juste le temps d’oublier, c’est un peu l’inverse de l’idée de nouveauté, celle-ci n’a finalement qu’une année pour se refaire, avec éventuellement quelques modifications marginales. Des nouveautés éculées depuis des millénaires, c’est dire la force de persuasion de la nature.

Heureusement que notre bonne vieille planète a une obliquité significative — mais pas trop ! —, que les années seraient tristes si celle-ci n’existait pas ! Imaginez, des journées à l’ensoleillement identique d’un bout à l’autre, pas de saisons, une monotone uniformité. Un peu comme du côté de l’équateur, où les saisons sont peu marquées, la durée du jour variant peu. Les régions polaires des hautes latitudes seraient inhabitables, la nuit y serait perpétuelle. Déjà que. Le soleil méridien perpétuellement à la verticale des équatoriens !

Le printemps est désormais astronomiquement là, la nature se réveille doucement. Les bourgeons montrent le bout de leur nez, les sous-bois franciliens regorgent déjà de primevères élégamment colorées et sont sur les starting-blocks pour l’imminente explosion du bleu des jacinthes...


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