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Persepolis
J’en ai beaucoup entendu parlé, de cette bande dessinée, Persepolis, de Marjane Satrapi, depuis que le premier tome est sorti en 2000. Sauf que je n’avais pas encore franchi le cap de l’achat. Et puis, il y quelque temps, j’ai découvert le recueil tout frais des quatre volumes sur les étals. L’occasion était trop belle, j’ai craqué.
Une bande-dessinée autobiographique, la jeunesse de l’auteur, iranienne, en Iran et en Autriche. Le style est épuré, le dessin en noir et blanc, sans nuances entre les deux. Le fond de toile est sinistre : la guerre, les bombardements, la jeunesse désillusionnée autrichienne, la république islamiste et ses interdits, pourtant le ton est léger, plein d’humour. On traverse ainsi un pan d’histoire contemporaine iranienne, que l’on ne connait pas vraiment (surtout moi, qui en plus des cours de géo, ait séché les cours d’histoire) : la guerre Iran-Irak des années quatre-vingt, absurde, et puis la République Islamiste qui s’ensuivit, presque plus absurde encore. On traverse ces périodes par les yeux d’une petite fille de la bourgeoisie de Téhéran, qui passe ensuite son adolescence pendant un long exil en Autriche, avant de revenir au pays, pour voir combien la vie y est devenue difficile, les libertés les plus simples y étant prohibées. Marjane Satrapi met surtout l’accent sur l’absurdité de la situation : comment apprendre à dessiner des nus à l’école des Beaux-Arts de Téhéran avec pour modèle une femme voilée jusqu’aux yeux ? Pour finalement aboutir au constat que l’avenir et la liberté sont ailleurs, en France, en l’occurrence.
J’ai donc lu la bande dessinée peu avant que ne sorte le film réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud sur les écrans. Et puis je suis allé voir ce long métrage d’animation, poussé par les critiques dithyrambiques. J’ai fait l’erreur d’aller le voir dans un complexe UGC — UGC qui a réussit le tour de force de mettre le cinéma au rang des produits de consommation courante, sur le même plan que la télévision, et bien entendu au détriment de l’aspect artistique —, lieu, donc, qui se prête plus aux explosions du dernier Die Hard, qu’à la contemplation muette de Persepolis. Malgré les petits dérangements intempestifs que procurent ce genre de complexes, je me suis régalé. Du film. Certes, j’avais la BD toute fraîche à l’esprit, le film en suit la trame fidèlement. Mais il y a un petit quelque chose en plus, une sorte de désinvolture qui rend le long métrage tout à fait délectable. Des voix sympathiques, une grand-mère sublime, et une « Marji » qui n’hésite pas à remettre les profs de religion mal embouchés à leur juste place !
Guillaume Blanc
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