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Les éclaireurs
Quand je suis tombé sur « Les falsificateurs » de Antoine Bello, il y a quelques mois, la quatrième de couverture ne m’a pas fait hésité. J’ai avalé les 588 pages de l’édition de poche dans la collection folio en quelques aller-retours de RER.
C’est l’histoire d’un islandais, Sliv, qui postule à un poste de chef de projet dans un cabinet d’études environnementales de Reykjavik, pour rapidement se voir proposer une entrée au « CFR », Centre de Falsification du Réel. Organisation secrète internationale aux motivations inconnues, dont même les dirigeants sont inconnus, et dont les employés — les « agents » — s’amusent à refaire l’histoire ou tentent d’infléchir l’avenir, à petits coups de discrets remplacements ou intercalages dans les archives de l’humanité. Chacun y trouve ainsi ses propres motivations, Sliv se révèle plutôt « scénariste », avec un don naturel pour raconter des histoires. Et un goût prononcé pour les faire devenir « réelles. »
Dans le premier tome, « Les falsificateurs », Sliv prend ses marques, monte les échelons au sein de l’organisation, avec toujours cette question lancinante qui le tarabuste : quelle est la finalité du CFR ? Son parcours est hérissé d’embûches, du dossier un peu trop vite expédié et mal ficelé, à la collègue Lena un peu jalouse des lauriers qui semblent ne tomber que sur lui, l’oubliant, elle. Tout cela se déroule sur fond d’histoire (réelle ou pas !) du vingtième siècle.
Je viens de terminer la lecture du second volume, « Les éclaireurs », dans lequel Sliv poursuit sa quête de la vérité, s’approche du faîte de l’édifice, se frotte encore et toujours à la piquante Lena qui tombe dans la jalousie paranoïaque. La toile de fond est le nouveau schisme du millénaire, la lutte entre le monde occidental et l’extrémisme islamiste. On démarre avec les événements du 11 septembre 2001, auxquels le CFR semble intimement lié. Pour poursuivre avec la croisade américaine de Bush en Irak. Un roman sur les relations internationales à l’heure du terrorisme ! Le CFR va-t-il survivre à ces remous de la politique internationale ?
Bref, une histoire d’un genre nouveau, un concept démiurgique, un mythe du complot élargi à très grande échelle. Un complot œuvrant tapis dans l’ombre essentiellement pour le bien de tous, utopie ? Et si pourtant c’était vrai ? En tout cas, c’est sympathique de rêver un peu, d’autant que le rêve est ici particulièrement bien ficelé.
Une lecture vraiment prenante, à tel point qu’il est parfois frustrant que le RER arrive si vite à destination ! Le genre de livre qui se dévore, même debout en position sardine, avec le nez sous les aisselles du grand mec d’à côté. Même comme ça, ça se lit bien...
Guillaume Blanc
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