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Le liseur du 6h27
Un petit livre bien sympathique de Jean-Paul Didierlaurent. Une ode au livre, à la lecture, à l’écriture. Et puis surtout, une ode à ces petits métiers qui n’ont l’air de rien, que l’on remarque à peine en passant, mais qui existent malgré tout, avec des gens qui sont là pour les exercer.
Le narrateur, c’est Guylain, dont le boulot est de piloter la « Chose », une horrible machine qui transforme les palettes de livres invendus en pâte à papier ; le pilon, en somme, même si je crois que le mot n’est pas une seule fois utilisé dans le roman. Il récupère secrètement des pages non digérées, et les lit chaque matin, invariablement, dans le RER sur son trajet vers son boulot de bourreau. Certains passagers finissent par prendre le train de 6h27 uniquement pour l’écouter religieusement. On croise aussi un chef ventripotent et insupportable ; un chef, quoi. Un gardien de guérite qui ne parle qu’en alexandrins ; enfin, qui déclame plus qu’il ne parle. Cela peut choquer le livreur, au premier abord. Ainsi qu’un ancien ouvrier cul-de-jatte, puisqu’il laissa ses guiboles dans les mâchoires du monstre. Enfin, on fait la connaissance d’un peu de délicatesse dans ce monde de brute en la personne de Julie, dame pipi de son état, probablement l’anti-archétype de la dame-pipi ou tout au moins de l’image que l’on s’en fait. Et qui écrit aussi, à ses heures perdues (fort nombreuses).
Un petit livre revigorant, donc. Qui me donnerait presque l’envie de faire la lecture à mes concitoyens lorsqu’il m’arrive de prendre le RER. Si j’osais. Oui, mais non, en fait.
Guillaume Blanc
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