Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau
Escalade et magnésie
Les grimpeurs utilisent de la magnésie (carbonate de magnésium), pour se sécher les doigts et ainsi éviter qu’ils ne glissent lorsqu’ils agrippent les prises, de la même façon que les gymnastes utilisent la même poudre pour les mêmes raisons. Ce sont ainsi ses propriétés hygroscopiques (attraction des molécules d’eau de l’environnement immédiat) qui sont mises à profit. Dans les gymnases ou salles d’escalade (SAE pour Structure Artificielle d’Escalade), la magnésie pose un unique problème, celui de saturer l’air ambiant de particules fines, et donc avec un effet délétère sur la santé des gymnastes-grimpeurs.
Les prises de résine, sur lesquelles s’accumulent inexorablement un amalgame de sueur et de magnésie, peuvent être brossées, puis démontées, nettoyées à grande eau, voire remplacées. Quand le grimpeur quitte la salle pour exercer son art en milieu naturel, le problème des particules fines disparaît avec la ventilation naturelle. En revanche les prises de rocher des voies grimpées ne peuvent alors pas être démontées pour être nettoyées et/ou remplacées. Il convient donc de pratiquer avec une certaines éthique d’utilisation minimaliste de la magnésie afin que les générations futures de grimpeurs puissent également profiter des mêmes voies sans y trouver des prises saturées de magnésie.
À l’origine était Patrick Edlinger et son sempiternel sac à magnésie parfois pour (presque) unique parure :
De fait certains sites de grimpe de par le monde voient la magnésie interdite. En Allemagne, le site Garden of Gods au Colorado, ou bien réglementé comme à Arches National Park aux États-Unis où la magnésie utilisée doit être de même couleur que le rocher.
Or il se trouve que depuis une dizaine d’années, en France tout au moins, la fréquentation des salles d’escalade s’est fortement accrue (+50% de licences en Île-de-France entre 2001 et 2010), avec un transfert, au moins partiel, vers les sites naturels, qui sont à l’origine de l’escalade. Tout ce petit monde, formaté en salle, a une pratique identique en site naturel : utilisation de magnésie à go-go. Or dans la nature, souvent unique en son genre, on ne peut pas tout se permettre, si on veut qu’elle dure et perdure.
En Île-de-France, LE site naturel par excellence est Fontainebleau, connu mondialement pour ses blocs. Ses blocs de grès, une roche poreuse, dont la formation débute après que la mer qui recouvrait le bassin parisien jusqu’à il y a 35 millions d’années s’est retirée, laissant de vastes dépôts de sable ; un milieu dunaire et lacustre subsiste. Des strates de grès se forment — grains de sable cimentés par de la silice ou du calcaire — qui seront par la suite découpées en blocs de taille métrique à décamétrique par l’érosion du banc de sable sous-jacent. Nous grimpons ainsi sur des cailloux qui datent un peu. Prière, donc, d’en prendre soin !
Les forces de l’escalade : les frottements
L’escalade sportive consiste à contrecarrer la force de pesanteur grâce aux aspérités (les prises) du rocher. L’escalade en falaise outre le fait de nécessiter du matériel de sécurité, corde et baudrier, pour qu’une éventuelle chute ne soit pas fatale, a pour objectif d’enchaîner une longue série de mouvements pour gravir une paroi de plusieurs dizaines de mètres. L’escalade sur blocs, sur des voies de quelques mètres tout au plus, privilégie l’esthétique de la gestuelle sur quelques mouvements. Dépourvue de matériel de sécurité, si ce n’est un tapis — crash-pad — amortissant les inévitables chutes, elle permet la fusion du grimpeur avec le rocher dans sa plus simple expression, seule une paire de « chaussons, » sortes de ballerines moulantes aux semelles de caoutchouc adhérant, est nécessaire pour pratiquer cette gymnastique.
L’escalade sur bloc ne repose donc que sur le grimpeur lui-même. Et pour pouvoir agripper les prises et s’élever, celui-ci compte fortement sur les forces de frottement. Sans elles, pas de grimpe possible : imaginez-vous gravir une cascade de glace sans piolets ni crampons ?
Pour appréhender ces histoires de frottements, supposons un solide immobile posé sur une surface plane et horizontale, sur lequel on applique une force verticale d’intensité (qui peut être son poids). Puisque le solide est immobile, il ne s’enfonce pas dans son support, donc une force de réaction d’intensité , verticale et de sens opposé à s’applique également au solide. Ces deux forces sont égales en intensité () et opposées en sens, de sorte que leur somme (vectorielle) est nulle : le solide est en équilibre, il ne bouge pas.
Appliquons maintenant une force d’intensité , horizontale (tangente à la surface de repos), sur ce solide ; si celui-ci glisse parfaitement, sans frottement, sur son support, alors il accélère dès que la force existe. En revanche, s’il est soumis à des frottements (ce qui est presque toujours le cas dans la vraie vie), alors une force apparaît, opposée à et d’égale intensité. Le solide est toujours au repos, à l’équilibre.
Si on augmente l’intensité de la force , la force de frottement augmente simultanément pour maintenir le solide au repos (voir la figure ci-dessous). Tant que l’intensité de cette force ne dépasse pas un certain seuil , le solide reste immobile. Il est en adhérence. Au-delà de ce seuil (), le solide se met en mouvement, il accélère, son équilibre est rompu. La force minimale qu’il faut appliquer au solide pour le mettre en mouvement est donnée par la loi de Coulomb [1] :
,
où est le coefficient de frottement statique ou coefficient d’adhérence, qui dépend de la nature des matériaux en contact et de l’état de la surface de contact. On a également, plus généralement : .
Lorsque l’intensité de la force tangentielle devient suffisamment importante, le solide se met en mouvement et acquiert une accélération . À ce moment-là, la force de frottement est indépendante de la vitesse et est donnée par la loi de Coulomb :
où est le coefficient de frottement dynamique ou coefficient de glissement. Là encore ce coefficient dépend de la nature des deux matériaux en contact et la nature de leur surface de contact. En général on a et donc , ce qui explique qu’il est plus difficile de mettre en branle une armoire que de la faire glisser.
La deuxième loi de Coulomb stipule que la force de frottement est indépendante de la surface de contact entre le solide et son support. On peut comprendre cela car la surface de contact réelle n’est pas celle qui est apparente macroscopiquement. Dans un monde idéal, l’ensemble des points de la surface du solide touchent l’ensemble des points de la surface du support sur lequel il est posé : l’aire de la surface de contact est celle que l’on voit de l’extérieur. En réalité les aspérités et « imperfections » de ces deux surfaces, font que l’aire du contact est une très petite fraction de l’aire macroscopique que l’on « voit » de l’extérieur. Mais plus la force normale augmente, plus les aspérités cédent et s’interpénètrent et plus l’aire réelle de contact augmente. Mais cette aire réelle de contact reste indépendante de la surface macroscopiquement visible du contact...
Le modèle de Coulomb est un modèle simple (mais pas universel) qui permet de comprendre la plupart des situations pour le contact entre deux solides (frottements solides). Néanmoins il ne prédit pas du tout la valeur des coefficients et , cette prédiction (et par la même, la compréhension de physique des frottements) est assez compliquée et fait l’objet d’un champ de la recherche en physique actuelle. La science des frottements est la tribologie (et non, ce terme ne désigne pas l’étude des tribus primitives de la forêt amazonienne...).
Pour revenir à nos cailloux, ce qui va intéresser le grimpeur n’est bien évidemment pas le coefficient de frottement dynamique (si sa main ou son pied glisse, c’est pas bon du tout), mais bien évidemment le coefficient de frottement statique [2]. Dans ce cas, la force est la force appliquée de façon normale à la surface de contact entre les doigts et le rocher ou les pieds et le rocher. Au maximum elle est égale au poids du grimpeur. Ceci dit, tant la peau des doigts en contact avec le rocher que la gomme des chaussons sont des matériaux visco-élastiques au comportement tribologique compliqué... Et oui, si la grimpe est un sport à la portée de tout un chacun, sa compréhension physique est pour le moins pas si simple !
À quoi sert la magnésie en escalade ?
Contrairement au gymnaste, le grimpeur pense — ou croit — que la magnésie augmente le coefficient de frottement de ses doigts sur le rocher ; la magnésie lui permettrait ainsi de mieux adhérer à la roche.
Il y a un peu plus d’une dizaine d’années, paraissait une étude scientifique empirique sur les effets de la magnésie en escalade (Li et al. 2001), notamment la mesure du coefficient de frottement statique de la peau des doigts avec différents types de roche. Ils obtenaient un résultat marginalement significatif comme quoi la présence de magnésie réduirait le coefficient de frottement. Ce qui m’étonne dans leurs résultats, c’est que les coefficients de frottement pour les doigts secs et humides sont égaux.
Intuitivement, j’imaginais plutôt que l’humidité (donc la sueur) a tendance à lubrifier le contact entre la peau et le rocher et donc à réduire le coefficient de frottement. En ce qui me concerne c’est d’ailleurs ce qui me fait mettre de la magnésie quand je grimpe : non pas pour augmenter artificiellement les frottements statiques, mais pour réduire l’humidité de mes doigts (et donc quand même augmenter leur adhérence sur le rocher !).
Curieusement, je viens de tomber sur une étude similaire récente (Amca et al. 2012) qui démontre le contraire, à savoir que la magnésie a un effet positif sur le coefficient de frottement de la peau. Mais si les tests statistiques pratiqués sur les résultats semblent montrer un effet significatif, quand on regarde les résultats obtenus et leurs barres d’erreurs, l’effet apparaît plus marginal.
Amca et al. expliquent le résultat négatif de Li et al. par le fait que les forces qu’ils ont appliqué pour mesurer le coefficient de frottement sont trop faibles (quelques dizaines de newtons) par rapport à celles qui existent sur les doigts des grimpeurs, d’autant qu’il a été montré que le coefficient de frottement de la peau dépend de l’intensité de la force normale appliquée. Amca et al. mesurent ce coefficient de frottement sous l’effet de forces égales au poids du grimpeur (environ 700 newtons). Néanmoins, compte tenu de la diversité des situations en escalade, l’intensité de la force normale que l’on applique sur les prises doit varier de quelques dizaines de newtons jusqu’au poids du grimpeur au maximum. Il faudrait donc mesurer ce coefficient en fonction de l’intensité de cette force avec le même protocole expérimental (celui de Li et al. semble plus facilement reproductible), ce qui devrait permettre de voir une transition — effet lubrifiant / effet adhérent de la magnésie — pour une force normale se situant quelque part entre 30 N et 700 N...
Par ailleurs, si Li et al. distinguent peau sèche, peau humide, peau avec magnésie, en revanche Amca et al. ne font pas la distinction.
Les soi-disants effets de la magnésie sur le coefficient de frottement ne sont-ils ainsi pas dû simplement au fait que la peau est asséchée ?
Quoiqu’il en soit, avec seulement deux études (à ma connaissance) sur le sujet couvrant de surcroît seulement les deux extrêmes de la gamme de forces normales observée en escalade, il est difficile de conclure dans un sens ou dans l’autre. Néanmoins l’idée est bonne, le protocole expérimental pas si compliqué à mettre en œuvre, il serait particulièrement intéressant de reprendre ce genre d’expériences en allant un peu plus loin (faire varier l’intensité de la force, les conditions de température et d’humidité, le type de roche, le type de poudre, magnésie et colophane, voire autre chose pour voir si l’effet observé est réellement dû à la magnésie, etc). Mais s’il faut attendre encore onze ans pour avoir une troisième étude sur le sujet, on risque de ne pas en voir le bout ! Et si je m’y mettais ?
Tout cela, sans oublier l’inévitable effet « psychologique » de cette poudre blanche devenue indispensable...
Fontainebleau : pof ou magnésie ?
Le grimpeur de bloc qui exerce son art dans la forêt de Fontainebleau, « Bleau » pour les intimes, est un bleausard. Depuis plus de cent ans, les montagnards parisiens s’entraînent à Bleau. Depuis les années quatre-vingt-dix, le « bloc » est devenu une discipline de l’escalade à part entière, on grimpe maintenant sur les blocs non plus pour s’entraîner avant d’aller en montagne, mais comme une fin en soi. Ainsi le massif de Fontainebleau est devenu une destination incontournable pour n’importe quel grimpeur (et grimpeuse), a fortiori s’il (ou elle) est un(e) spécialiste du bloc !
L’escalade sur bloc s’est démocratisée et internationalisée. La fréquentation des différents sites d’escalade de la forêt a explosé depuis les années 2000.
Le bon vieux bleausard, celui qui est né sur les blocs et accuse déjà quelques décennies de crapahut au compteur, celui qui connait tous les blocs par cœur, avec les mouvements qui vont avec, bref, celui qui était là bien bien avant que je n’y débarque moi-même, lui, donc, utilise forcément du pof, et encore, avec une excessive parcimonie.
Le « pof [3] » c’est de la colophane, résidu solide issu de la résine de pin mise dans un chiffon. Un composé organique, donc, contrairement à la magnésie qui est minérale. Il absorbe la sueur, il colle un peu aussi [4]. Aurait-t-il des propriétés adhésives vis-à-vis du rocher ?
Le bleausard « historique » utilise du pof parce qu’il prétend que ça abîme moins le rocher, le pof résiduel est lavé par la pluie, détruit par le rayonnement ultraviolet solaire de par sa nature organique, tandis que la magnésie s’incruste dans les pores du grès bellifontain finissant par lisser et lustrer les prises au grand dam des générations futures de grimpeurs...
J’ai tendance à faire confiance aux « anciens » sur ce coup-là. Ayant découvert « Bleau » en club avec eux, c’est tout naturellement que j’ai été sensibilisé dès le début à tout ça. De fait quand je vais à Bleau, mon sac de magnésie reste à la maison, je me balade de bloc en bloc avec mon pof.
Évidemment tout le monde n’a pas été à la même école et à cause de la fréquentation croissante, on voit de plus en plus de grimpeurs, probablement venus des salles, qui se trimbalent entre les rochers avec de pleins seaux de magnésie, s’en tartinent les mains (et au-delà), et laissent ainsi d’infâmes traces blanches sur ces blocs à l’esthétique par ailleurs sublime qui se passeraient sans aucun problème de ce pseudo-art pariétal moderne.
La TL2B ne proscrit pas l’usage de la magnésie, mais recommande de brosser les prises après utilisation. Certes. le mieux serait pourtant d’utiliser la magnésie (ou le pof) avec une très grande parcimonie — et c’est tout à fait possible sans nuire à la performance ! —, le brossage pourrait avoir des effets lustrants sur le grès à long terme. Bleau Info proscrit la magnésie au profit du pof. Le COSIROC est dans la même veine. Quoiqu’il en soit, tout ce petit monde des acteurs de la forêt promeut une ligne éthique semblable. Peu suivie d’effet.
Je n’ai pas trouvé de sources scientifiques sur les effets de la magnésie et de la colophane sur le rocher et le grès en particulier (ce qui permettrait éventuellement d’étayer solidement le vécu des anciens). Dans le doute, j’utilise donc du pof, sur la foi de décennies d’expérience, de manière minimaliste. Et je ne brosse pas, mais je ne laisse pas de traces sur le rocher.
J’ai bien dans l’idée de faire une manip pour tenter de quantifier tout ça — la colophane est-elle meilleure pour le grès de Fontainebleau que la magnésie ? — ; il faut encore que je réfléchisse au protocole expérimental, que je trouve un peu de temps, que je dégote quelques ustensiles (loupe binoculaire, par exemple), mais l’idée fait son chemin...
En espérant que le grimpeur [5] se fasse violence à lui-même avant que les blocs deviennent ingrimpables. Si nous bousillons ce terrain de jeu inestimable, que diront nos enfants ?
[1] Ces lois du frottement solide ont été découvertes par Coulomb d’un point de vu expérimental, mais d’abord théoriquement par Amontons et encore avant par De Vinci...
[2] Encore que la réalité est un peu plus compliquée que ça, notamment pour les pieds qui sont généralement revêtus de chaussons aux semelles de caoutchouc, et le caoutchouc a des propriétés un peu particulières, en l’occurrence, son coefficient de frottement dynamique augmente avec la vitesse, et le coefficient de frottement statique n’aurait pas de sens pour ce matériau.
[3] Wikipédia prétend que le nom vient du mot franco-savoyard « peuf » signifiant « poussière » ; j’avais toujours entendu que cela venait simplement du bruit étouffé que l’on fait en frappant le rocher avec ce chiffon rempli de poudre de colophane...
[4] Surtout sur le volant de la voiture au retour d’une bonne séance de grimpe !
[5] Je ne suis malheureusement pas sûr de faire vraiment confiance aux grimpeurs pour respecter les sites dans lesquels ils passent ; peut-être faudrait-il légiférer — interdire la magnésie — pour protéger ? Après tout, d’autres sites le font bien de par le monde...
titre documents joints
The effect of chalk on the finger–hold friction coefficient in rock climbing
Use of `chalk’ in rock climbing : sine qua non or myth ?
Air pollué dans les salles d’escalade
Guillaume Blanc
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau18 novembre 2013, par luc
super article sur une question récurrente.
j’ai une petite expériences en matière de plans d’expériences. Il s’agit d’une approche expérimentale rationalisée qui, couplée à différents outils statistiques, permet de quantifier les effets de facteurs directs (taux d’humidité, magnésie ou pof, ...) mais également de leurs interactions (effet synergiques ou antagonistes). L’approche expérimentale classique (variation d’un facteur à la fois) ne permet pas de détecter les interactions.
Au besoin, si vous pensez que cela peut éventuellement vous être utile n’hésitez pas à me contacter je serai ravi d’en discuter.
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau7 octobre 2013, par Julien Vigneron
Très bon article. Il est déjà très difficile de trancher quand la littérature est nombreuse alors avec si peu de travaux, encore plus dur. Magnésie, pas de magnésie ? Pof ou magnésie ? Du coup, faut-il adopter les coutumes des anciens au nom de l’empirisme ou non ? Ce qui est sûr c’est que la magnésie envahie Bleau, du moindre orange maculé de trait au hors circuit luisant de magnésie, il y a toujours quelques grimpeurs pour couvrir des blocs. Comment faire pour minimiser l’utilisation ? Quelques règles simples semblent pourtant faciles à appliquer, (pour moi) brosser avec une brosse douce, utiliser une boule à magnésie si on veut utiliser de la magnésie, un pof sinon, en profiter pour nettoyer ses chaussons. La question se pose de où faire passer ses règles ? Est-ce la salle qui nous envoie des grimpeurs aux moufles de magnésie ? est ce autre chose ?
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau27 septembre 2013, par g
je propose un protocole pour une comparaison colophane/magnésie...deux pavés de grès bellifontain, chaque matin on donne 10 baffes à l’un avec une main bien cakée et 10 coups de pof à l’autre...ceci pendant au moins une semaine. eventuellement un 3e pavé « mixte » : 5 coups de pof et 5 baffes de magn.
ensuite on devrait faire un examen à court terme, après un « repos » prolongé au sec (comme pour les prises sous un toit), après lavage simulant une pluie, après brossage à sec et à l’eau.
pour le coté culturel/historique, il faudrait souligner que l’utilisation de la colophane reste une spécificité bleausarde et que ailleurs ce produit n’est pas toujours bienvenu, même sur du grès (peak district). Il ne faudrait pas négliger ce coté de la question, pas dans le sens qu’une tradition serait supérieure à une autre (le mythe des anciens...), mais dans le sens que nos opinions sur le sujet sont sans doute influencées par notre appartenance (bleausard, étranger, grimpeur de salle, etc)
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau27 septembre 2013, par Guillaume Blanc
C’est effectivement une idée de manip :-)
Quant aux querelles de chapelle, je crois qu’il faut éviter. En fait, comme re-dit en réponse à un autre commentaire, je crois surtout qu’il faudrait mettre le holà sur l’utilisation de l’une ou l’autre des poudres magiques. On est en train de détruire — ou tout au moins d’abîmer — notre terrain de jeu...
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau20 octobre 2013, par Fred
Il est vrai que les règles en matière d’utilisation de magnésie/colophane sont souvent peu visibles, peu répandues, et l’usage parcimonieux de ces petites poudres n’est pas encore quelque chose qui est entré dans les moeurs. (d’ailleurs, je n’avais jamais vu que l’utilisation de la colophane était prescrite au Peak District, et j’ai cherché sur le net je n’ai rien trouvé, d’où est-ce que ça vient ?)
Il faudra un grand élan et une plus grande cohésion du monde de l’escalade pour faire accepter ces nouvelles pratiques d’utilisation (parcimonie, brossage, ...) par tout le monde. Mais comme la majorité des films d’escalade (pro ou amateurs) qui sont diffusés montrent une utilisation abusive de la magnésie, et rarement la partie nettoyage (s’il y’en a une...), la médiatisation de l’escalade va plutôt à l’encontre de toute règle.
S’il n’y a pas encore de « vraie » législation en la matière, ça risque de ne pas tarder, alors autant prendre les devants. Et il ne faut pas limiter les impacts de l’utilisation de magnésie aux seuls grimpeurs : voir des pans entier de rochers tachetés de blanc, c’est moche pour tout le monde.
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau21 octobre 2013, par g
encore : http://www.prises2vues.fr/articles/...
ce n’est as une source officielle, mais en fin d’article notre ami nous informe que « surtout pas de pof. Son utilisation est strictement interdite, comme partout dans le monde d’ailleurs à l’exception de Bleau et vous risquez de vous faire lyncher sur place. »
en parlant de lynchage (manqué) il y a qq jours j’ai surpris un etranger tentant de sécher avec des grosses tartines de cake un passage au point le plus humide de l’isatis, entre le début des circuits et la coquille...dans une journée fort humide où au final seulement quelques passages au rempart se sont révélés grimpables ! j’ai bien failli passer à l’acte !
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau5 juillet 2013, par François
Ah, depuis le temps que j’attendais qu’un physicien distingué prenne cette question à bras le corps ! C’est quand tu veux pour les expériences in situ ; je peux fournir quelques réactifs et te donner accès à une loupe ou même un microscope, voire participer à l’élaboration du protocole expérimental. Plusieurs compléments très subjectifs à apporter. D’une part, les bleausards cherchent en fait très peu à communiquer sur le sujet auprès des nouveaux pratiquants ou visiteurs. Par exemple l’article de bleau.info n’est pas du tout mis en avant sur leur site ; il n’est probablement même pas compris par ses destinataires en choisissant de parler de ’magnesium’ alors que tous les grimpeurs anglophones disent ’chalk’, ce qui est d’ailleurs presque aussi peu pertinent chimiquement : la magnésie (la ’magne’, ou bien, par une métonymie insidieuse qui rend la pédagogie encore plus difficile, ’la pof’, terme utilisé par de plus en plus de grimpeurs poudrivores, va donc leur expliquer qu’à Bleau on prend du pof mâle plutôt que de la pof femelle !) est bien un carbonate comme la craie, mais avec un atome de magnésium en lieu et place du calcium, et n’a rien en commun avec le métal ’magnésium’. Bref, les étrangers qui viennent à Bleau n’ont aucune chance d’être sensibilisés à la question ainsi. Et ce d’autant moins que nombre de grimpeurs ’locaux’, pas uniquement issus des salles, considèrent qu’eux, qui sont raisonnables, ont bien le droit d’apporter leur poudre en forêt, qu’à leur niveau c’est indispensable, etc. D’où une position du Cosiroc qui brille aussi par sa timidité : aucune action forte, seulement de vagues injonctions à brosser les prises en partant. Comment dans ces conditions faire la leçon aux grimpeurs de passage, quand les locaux sont si peu exemplaires ? Et pourquoi les magasins d’escalade parisiens conseillent-ils la magnésie comme accessoire indispensable du grimpeur en route pour découvrir Bleau (alors qu’ils ne vendent même pas de paillassons, pourtant bien plus utiles) ? Au-delà de la question des rochers, une chose m’a toujours intrigué dont je m’étonne que personne n’y pense : pour un biologiste, une conséquence presque évidente de la magnésie, qui, c’est indéniable, assèche temporairement la peau, est qu’elle va provoquer une réaction inverse de l’organisme qui va chercher à contrecarrer l’assèchement… en transpirant encore plus ! Je ne serais pas surpris que ce tout bête phénomène d’homéostasie (un gros mot pour désigner une réaction en vue de maintenir des conditions physiologiques stables) soit responsable de l’addiction bien connue, que j’observe très régulièrement en escalade : plus on utilise de magne, plus on en a besoin, au point de ne pouvoir s’en passer. Et ce, juste pour se maintenir à peu près aussi sec qu’on l’aurait été sans en mettre au départ… Situation typique de toutes les addictions, en somme. C’est pour ça que les appels à l’utilisation parcimonieuse et raisonnée, je n’y crois pas trop : une fois qu’on a plongé (la main dans le sac… à pof !), difficile de s’arrêter.
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau8 juillet 2013, par Guillaume Blanc
Tout à fait d’accord avec toi : pour trouver les indications quant à la magnésie sur bleau.info et surtout sur le site du COSIROC, j’ai dû m’y prendre à plusieurs fois (et de surcroît je savais ce que je cherchais). D’ailleurs, sur son site, la position du COSIROC à ce sujet n’est pas claire. Bref, il serait temps que les bleausards adoptent une position commune si on veut pas tout bousiller en quelques années. Peut-être qu’une manip “scientifique" permettrait de pousser un peu les choses (si toutefois les conclusions qu’on pourrait en tirer s’avèrent être claire !). En attendant, une position « conservatrice » (après tout, la populace adore le principe de précaution !) serait de communiquer pour limiter au maximum l’utilisation de ces poudres (magne ou pof)...
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau27 septembre 2013, par Jibiji
Empiriquement il me semble qu’il existe un optimum (qui dépend de l’usure de la peau, des conditions météo et du type de rocher) en matière d’humidité sur les doigts, pour obtenir une adhérence idéale. Il serait trop simple de dire « plus sec c’est forcément mieux ». En effet lorsqu’il fait trop froid, que l’air est donc excessivement sec, on passe rapidement d’une phase « zipettes des doigts » à une phase également de non adhérence issue de « prises gorgées d’humidité provenant de la peau et qui ne s’évapore pas en raison des bases T° ». Des phénomènes complexes doivent également intervenir lorsque la peau est sous pression sur les prises, de nature à la fois physique et chimique : la pression sous les doigts change le point d’équilibre solide / liquide / gaz, et par ailleurs quand on presse son doigt il ’relargue’ de l’humidité (presser sa pulpe après y avoir mis de la magne, de petits points d’humidité apparaissent rapidement). Par ailleurs réduire le frottement à sa composante statique est à mon avis faux, de par la nature visco élastique des matériaux en jeu (peau et chaussons par ex). Sur un bloc sur plats à Bleau, on arrive souvent à réaliser des enchaînements malgré le fait que la main a reculé de plusieurs cm sur la même prise durant la progression. On a donc une alternance de phases statiques et semi-dynamiques. La perte de matière organique sur les extrémités contribue également à l’adhérence, les grains de caillou opèrent comme de micro harpons dans la peau.
Comparer résine et magnésie n’a pas de sens, la première n’ayant pas du tout pour objet de sécher quoi que ce soit. D’ailleurs l’argument de « l’usage » historique comme légitimation est irrecevable et sans fondement scientifique ; pendant des siècles on a dit que la Terre était plate, était-ce une vérité ? Outre l’aspect esthétique rien ne prouve que la magne soit plus nocive pour le caillou que la résine. Sur des falaises calcaires type Verdon la roche a jauni sur beaucoup de prises, davantage sous l’effet de l’acidité de la transpiration qu’autre chose. L’intérêt d’études sur le sujet des coefs de frottement en grimpe serait de trouver une alternative à la magnésie pour sécher les mains. On fait des histoires de la pollution visuelle parce qu’elle est visible justement, mais l’article en lien sur les micro particules montre qu’il y a certainement là un problème beaucoup plus grave. Bonne grimpe !
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau27 septembre 2013, par Guillaume Blanc
La tribologie de la peau est effectivement une science compliquée (et pas forcément très étudiée). Mon propos n’était pas ici d’être exhaustif sur ce plan-là, mais plutôt sur les aspects effets de la magnésie.
« l’argument de « l’usage » historique comme légitimation est irrecevable et sans fondement scientifique »
Je ne légitime rien du tout, et je dis seulement que l’observation des anciens (et pour la platitude de la Terre c’était une croyance, pas le résultat d’une observation), le pof semble faire moins de dégâts que la magnésie. À ma connaissance, aucune étude « scientifique » n’existe en la matière.
Quoiqu’il en soit, il serait bon pour le futur de ces blocs de limiter fortement l’usage des poudres, quelles qu’elles soient. Point barre.
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau29 septembre 2013, par jibiji
Salut, Dans ma vie de grimpeur je pense avoir bien davantage endommagé le rocher avec mes mains et mes pieds qu’avec la magnésie. Il n’y a que dans les voies / blocs relativement fréquentés et constitués de caillou très compact qu’on ne ’casse’ presque rien - et encore - . La pression au cm2 exercée par un chausson sur un gratton est phénoménale : faut-il grimper pieds nus ? C’est pourquoi je ne serais pas aussi catégorique quant à la restriction totale de magnésie ou autres, car cela nuirait fortement à la pratique (on est loin d’être tous égaux devant la sudation), sans pour autant améliorer les autres problèmes de la forêt qui pour moi sont bien plus marquants :
- des messieurs qui se s... au bord du chemin quand je passe avec mon gamin de 3 ans
- les détritus innombrables, pas que au Bacu, et pas que le fait de non-grimpeurs (ne serait-ce que les bouts de strap et mégots)
- les coupes à blancs sur grandes superficies et le labourage par les engins
- les zones interdites à la grimpe
- les plantes invasives
- le réchauffement climatique (eh oui, bientôt la collante sera chose rare...) et j’en passe etc... Bonne grimpe ’responsable’
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau30 septembre 2013, par Guillaume Blanc
Justement, pour éviter une restriction totale des poudres à Bleau, grimpons responsable, ce qui signifie, entre autre, de ne pas badigeonner de poudre les rochers. On peut très bien en utiliser avec parcimonie pour s’assécher les mains, sans pour autant peinturlurer les blocs !
Pour les autres problèmes que vous citez, la prostitution en est un, les déchets également (au passage, le ramassage des déchets et autres décharges sauvages constitue une part non négligeable du budget de l’ONF - budget qui pourrait être utilisé à des choses plus constructives). Le corollaire étant le camping sauvage sur les divers parkings et sites, interdit, mais toléré ?
Pour les coupes à blanc, je fais confiance à l’ONF sur la gestion de la forêt, ça peut paraître choquant, mais ce n’est pas fait sans discernement.
Pour les zones interdites à la grimpe, faudrait arrêter de se prendre pour les nombrils du monde, certaines portions de forêt ont aussi le droit de ne pas voir des grimpeurs. Les grimpeurs « abîment » les rochers qui sont « nettoyés » (ie débarrassés des mousses et lichens) pour être grimpables. Cela ne me choque pas que des zones restent interdites aux grimpeurs. Il y a quand même largement de quoi faire dans ce qui est autorisé, non ?
Les plantes invasives sont effectivement problématiques, le réchauffement climatique aussi, moins pour les aspects de « collantes » que pour l’arrivée des tiques et des chenilles processionnaires (deux espèces problématiques pour la fréquentation de la forêt par nous autres bipèdes).
Il y a aussi de gros problèmes d’érosion liés à la grosse fréquentation.
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Escalade, magnésie, forces de frottement et Bleau28 décembre 2015, par Will
Super article.
Je dirais peu de chose.
J’ai débuté à bleau, il y a 34ans. J’ai grimpé pieds nus. J’ai grimpé sans magnésie. Puis avec magnésie voir trop.
Et j’ai arrêté.
Ça ne sert à rien ou presque à rien.
Plus on en mets, plus on en a besoin, le corps compense cette assèchement brutal, par une sudation en réaction ... Donc on remets de la magnésie etc etc.
On jette la mag, on met un bon froc ou short en coton et on frotte fort les mains dessus dans 95% des cas ça suffit et on peut même le faire en grimpant, ça fait juste des années que je le fais.
A bientôt et sans magnésie.
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